~Viva España~ [ Privé: Roy Williams]

*~ Intruso~*

Il était difficile pour moi de se réhabituer à la vie de Maréchale à plein temps. Mais c’était l'un des prix que je devais payer suite au voyage que j’avais entrepris afin de me retrouver et de revenir plus forte que jamais. Deux jours s’étaient écoulés depuis mon retour et j’avais à peine eu le temps de me mettre à jour niveau dossier que l’on me confia une mission en Espagne. Récupérer une innocence… Voilà un objectif qui me rappelait de douloureux souvenirs. D’ailleurs, je ne pus m‘empêcher de me demander si finalement quelqu’un avait récupérer l’Innocence à Sydney. Si personne ne l’avait ramenée, j’étais prête à aller le faire moi-même. Je n’avais plus peur à présent. Je me promis alors d’en discuter avec le Grand Intendant une fois revenue.

A peine la mission donnée, je partis alors pour l’Espagne. Cela faisait un moment que je n’y avais pas mis les pieds dans le pays où la chaleur régnait en maître à longueur de journée. Ainsi, je pris la décision de chercher l’innocence la nuit tombée. Personne ne m’accompagnait pour cette excursion, aucun traqueur. Bonne ou mauvaise chose ? Je n’en savais rien. Si je tombais sur une Noah, cela allait peut être me causer du tord… Et encore, lors de ma dernière rencontre avec un des alliés du Comte, je les avais tous perdus… C’était en partie pour cette raison que j’avais voulu faire le travail seule. Mais il y avait aussi la solitude qui était mon amie du moment. Être seule me procurait le plus grand bien… Il fallait que je me fasse à tout ce monde qui m’entourait et que me parlait, et pour se faire, je devais y aller par étapes. Et oui… pour côtoyer du monde à plein temps, c’était encore prématuré. C’est donc seule que je pris la route avec un minimum de bagages. Le voyage n’était pas long, tout devait bien se passer.

La chaleur, mais quelle chaleur… C’était épouvantable ! A croire que le soleil avait décidé montrer sa puissance jusqu’à ce que la Lune montre le bout de son nez. Posée à l’hôtel de la petite ville qui abritait une innocence, je fus contrainte d’acheter des tenues plus légères. Il est vrai que de se balader en uniforme allait me tuer d’une part (Souvenirs Australiens), et attirer l’attention de l’autre. Et cela ne faisait pas parti de mes objectifs. Je passais mes journées à rassembler des renseignements et indices, et le soir arrivé, je patrouillais telle une ombre dans les ruelles de la ville qui n’étaient pas dénuées de vie. Je n’étais tombée que sur une dizaine d’akumas depuis le début de ma mission, ce qui conforta la présence du pouvoir divin tant convoité. Je m’attendais donc à battre une délégation toute entière d’Akumas un jour où l’autre… Peut être même qu’un Noah les accompagnerait qui sait ? Le Comte était prêt à tout afin de mettre la main sur nos pouvoirs alors je devais me préparer au pire.

__

La nuit était tombée, il était l’heure pour moi d’aller me balader un peu en tenue appropriée. Enfin, approprié était un grand mot puisque je ne portais que le manteau des Maréchaux entrouvert par-dessus une tenue d’été. Mes cheveux courts et ondulés valsaient avec le vent chaud du sud et un sourire satisfait embellissait mes lèvres. Je m’étais habituée à ces soirées riches en émotions, et cela me faisait du bien. Mais ce soir là, quelque chose attira mon attention… du moins une présence. Certes, il y avait des gens qui se baladaient toujours en riant à plein poumons, mais parmi eux, quelqu’un me surveillait. Avec un air naturel, je jetais des regards par-ci par là… Même ma capacité à voir les détails ne m’apporta aucune aide. Je me remettais donc à marcher, sans me soucier de ce qui pouvait se passer. Je n’étais pas dupe et je savais très bien qu’aucune aura maléfique ne se trouvait derrière moi… Si quelqu’un me suivait, c’était sans doute pour quelque chose qui n’était pas lié à la guerre sainte.

Je continuais de marcher tranquillement en essayant de trouver l’endroit où l’objet que je cherchais se cachait. Il m’arrivait aussi de m’arrêter afin de fermer les yeux pour me concentrer. Je les sentais… Les Akumas arrivaient… D’ici une bonne trentaine de minutes, ils allaient prendre d’assaut la ville. Activant mon innocence, j’étais prête à me lancer dans la bataille… Pourtant la présence étrangère se fit de plus en plus présente et je ne pus m’empêcher de m’arrêter afin de traduire ma lassitude.

« Vous devriez sortir, je sais que vous être là. »

J’avais haussé la voix dans la rue déserte. Si quelqu’un passait par là, j’allais sans doute passer pour une folle atteinte de paranoïa dont l’œil gauche laissait échapper un feu bleuté mais je n’étais plus à ça près. De toute façon, les habitants de cette ville n’allaient sans doute pas me revoir de si tôt. Au pire des cas, ils ne me rattacheraient pas à la réalité préférant penser qu’ils m’avaient vue dans leur rêve. Mais rien ne suivit mes paroles… Du moins, j’étais tellement impatiente que sur le coup, je n’attendis pas une réponse. Sans aucun remord, je fis claquer mes doigts que je venais d’enduire de mon pouvoir dans la direction où j’avais senti une présence. Bien sûr, cette manœuvre n’avait pas eu pour but de toucher « l’espion », au contraire, tout ce que je voulais faire était l’effrayé pour le faire sortir de son trou. Ainsi, j’attendais qu’il se montre afin de juger si je devais fuir à toute vitesse afin de me confronter aux akumas ou combattre…

Congélateur à Lunettes Age : 30 Messages : 54

Des vacances. Depuis quand n'en avais-je pas pris ? Je parlais bien entendu de véritables vacances, pour moi, pas uniquement pour ma fille qui désirait passer un peu de temps avec son père. Je me posais la question, et petit à petit, je me rendis compte que la réponse était très simple: je n'avais pas pris de vacances depuis sa mort. Et oui, cela faisait donc un peu plus de quatre années maintenant, c'était donc vraiment très long, surtout que, puisque je ne me reposais pas, je passais mon temps à travailler. Cependant, ça ne m'avait jamais empêché de partir à l'étranger, ou plutôt dans l'ancienne demeure de mes beaux-parents, afin de passer quelques temps là-bas avec eux et ma fille. Ces séjours, qui se déroulaient donc en Espagne, m'avaient servi à me remémorer les fois où ma femme me parlait de son enfance. C'était dans ce pays qu'elle avait grandi avant de se rendre en Angleterre et avant qu'on ne se rencontre dans cette ruelle... Ainsi, j'avais décidé, encore une fois, de m'y rendre avec ma belle famille afin de profiter du climat idéal de ce pays, et Mia faisait bien entendu partie du voyage. Il y avait juste un petit changement par rapport à mes précédentes excursions sur ce territoire, cette fois-ci, je comptais en profiter pour penser à autre chose qu'à mes années de pur bonheur avec la femme qui avait fait parti de ma vie, jour après jour, et ce, pendant des années. Cette fois-ci, j'avais l'intention de vivre comme si j'étais en vacances, car j'étais en vacances, premièrement, et ensuite, je n'avais pas de travail à effectuer ici. Ici, je n'étais plus le docteur Williams, je n'étais plus que Roy, un homme ordinaire qui était venu pour passer de bonnes vacances, et pas simplement en compagnie de sa famille.

Arrivés à destination, nous nous dirigeâmes directement vers l'endroit où l'on dormirait pendant quelques jours avant de retourner à Bristol. Sachant parfaitement à quel point il faisait chaud en Espagne contrairement à l'endroit d'où je venais, j'avais préparé ma valise en conséquence, ainsi que celle de ma fille. J'avais donc privilégié des vêtements qui tenaient nettement moins chaud, sans pour autant me retrouver à me promener dans les rues de ce pays à moitié nu. Il y avait un juste milieu, même si actuellement, avec la chaleur qu'il faisait, la première idée qui me vint à l'esprit fut de retirer mon haut pour avoir bien moins chaud !! Enfin bref, je me repris et partis me laver avant de sortir. Avec le voyage et tout, je transpirais beaucoup et je devais sans doute sentir un peu, je me devais donc de me laver avant de me changer, histoire de débuter mes vacances en étant à l'aise dans mes vêtements.
Une fois frais et changé - j'avais adopté un pantalon ordinaire avec une chemise bleu et simple, sans cravate bien entendu - je retroussai mes manches jusqu'au coude et sortis en compagnie de ceux avec qui j'étais venu. Nous nous promenâmes ensemble dans les rues de la ville où nous nous trouvions. La journée se passa parfaitement bien. J'étais de bonne humeur, ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé d'ailleurs, la dernière fois, ça avait été au Buckingham café, j'y avais passé un bon moment avec cette serveuse à la chevelure rose jusqu'à ce que... Je choisis de penser à autre chose, ce n'était pas le moment de me souvenir de cet épisode de ma vie. Et alors que je cherchais un sujet auquel je pourrais penser, j'aperçus quelque chose qui titilla ma mémoire. Je ne savais pas ce que c'était. Je regardai autour de moi et vit simplement plusieurs personnes qui marchaient, je ne savais pas où ils comptaient tous se rendre, s'ils avaient une destination précise, tout comme je ne savais pas qui ils étaient, et d'ailleurs, je ne voyais pas en quoi c'était important. La seule chose que je savais, c'était qu'il y avait quelqu'un ou quelque chose, voire les deux, qui avait attiré mon attention et provoqué un déclic en moi. De plus, mon alliance avait réagi étrangement, elle ne m'avait pas brûlé, ne m'avait pas glacé, c'était autre chose. C'était comme si elle avait reconnu quelqu'un, un allié ? Un ami ? Je ne saurais le dire, mais en tout cas, ce n'était pas un ennemi.

Je passais mon après-midi à réfléchir à ce phénomène étrange et à en chercher sa provenance, mais je fis choux blanc, je n'avais aucune idée de ce que ça pouvait être et j'avais peur que ça ne se reproduise plus. Je tenais à savoir ce que c'était, c'était plus fort que moi ! La curiosité avait pris le dessus. Résultat, je n'eus même pas le loisir de profiter de ma première journée de vacances, parce que je n'arrêtais pas de penser à ce qui s'était passé cet après-midi. Le souvenir que j'avais eu avait été bien trop rapide et beaucoup trop sombre pour que je puisse m'en rappeler à présent, c'était trop tard et je le regrettais au demeurant. En parlant de regret, il semblait que j'éprouvais souvent ce sentiment ces derniers jours, et généralement, j'exprimais des regrets par rapport à tout ce que j'avais manqué ces quatre dernières années. Tout ce que j'aurais pu faire et que je n'avais pas fait, je le regrettais, toutes les opportunités que j'aurais pu saisir, je les regrettais. Au départ pourtant, je m'en fichais complètement, je continuais de vivre au jour le jour sans y penser, mais depuis que j'avais décidé de reprendre ma vie et d'en profiter également, tout comme j'avais choisi de ne plus me considéré comme étant en deuil, ou plutôt de ne plus vivre comme une personne en deuil. En clair, j'avais repris du poil de la bête, ce qui expliquait que j'avais décidé de profiter de mes vacances, au lieu de les subir comme je le faisais auparavant.

Le soir venu, je sortis de nouveau, mais seul cette fois-ci. J'avais comme qui dirait un mauvais pressentiment et je préférais que Mia reste avec ses grands-parents en sécurité. Moi, par contre, j'étais toujours aussi confiant, je ne m'inquiétais pas pour moi. Je me promenais juste dans la ville, comme je l'avais fait dans la journée. Intérieurement, j'espérais avoir un nouveau déclic et d'ailleurs, alors que je m'apprêtais à rebrousser chemin, je ressentis une nouvelle fois cette impression d'être accompagné par un allié ou un ami. C'était mon alliance qui me faisait ressentir cela, c'était vraiment très étrange, mais plutôt agréable en même temps: cela renforçait ma confiance, un peu comme si je sentais que quoiqu'il se passe durant cette soirée, il y aurait quelqu'un pour assurer mes arrières... Je me retournais alors et vit passer devant moi une chevelure noire ainsi qu'un regard bleu, et ce fut ce regard qui réveilla en moins des souvenirs enfouis. Je me remémorais alors un spectacle qui m'avait beaucoup intéressé lorsqu'il avait eu lieu. Un combat. Mais pas un simple combat. C'était un affrontement entre ce regard bleuté, d'autres personnes et des akumas. Je m'en souvenais à présent, il y avait d'ailleurs eu une certaine lueur dans ce regard, c'était ce qui avait provoqué en moi ce déclic. Je n'avais jamais pu oublier cette lueur bleue dans ces yeux tout aussi bleus. Je me demandais alors si ce regard que je venais de voir passer devant moi appartenait à la même personne que j'avais vu durant un affrontement avec des akumas ou pas.
Je me mis alors à suivre cette personne, d'assez loin par contre, pour éviter de me faire repérer. Je me demandais ce qu'elle faisait ici si elle était bien une exorciste, cela signifiait-il qu'il y avait des akumas dans le coin ? Avait-elle été choisie pour s'occuper de protéger cette ville d'une attaque ? Si c'était le cas, un peu d'aide serait la bienvenue, non ? Et puis, ça me permettrait d'en apprendre un peu plus sur eux, les exorcistes. Au pire, j'en détruirais de mon côté, mon innocence agissait à distance. Petit à petit, la rue se vidait et il devint donc plus difficile de la suivre sans me faire remarquer, c'est pourquoi, je me cachais dans des petites rues adjacentes, pour ne pas me faire voir. Il y avait juste une chose que je ne savais pas, j'avais été découvert depuis longtemps, et d'ailleurs, la femme que je suivais finit par se lasser et me fit savoir qu'elle savait que j'étais là et que je devrais sortir. J'attendis quelques instants, si je sortais maintenant, ce serait admettre que je la suivais, mais en même temps, vu qu'elle savait que j'étais là, ça ne servait à rien de le nier.

Patientant encore quelques instants, je vis une flamme sortir de nulle part juste devant moi. Sur le coup, j'ouvris de grands yeux, puis, je me repris et un petit sourire apparut sur mes lèvres: c'était un pouvoir très intéressant. Prenant tout mon temps comme d'habitude, je finis par sortir de ma cachette, révélant ainsi ma présence à cette femme qui était vêtue d'un manteau plutôt bizarre. C'était la première fois que j'en voyais des comme ça. D'un geste du doigt, je remis mes lunettes en place sur mon nez, avant de lever mon regard vers elle, je déclarai alors:

"Quelle impatience... On dirait que votre capacité correspond à votre caractère enflammée..."

Tout en continuant de m'approcher, je découvris que son oeil gauche brûlait. Enfin, il ne brûlait pas réellement vu qu'elle n'avait pas l'air de sentir cette flamme bleue, elle était donc sous son contrôle. Créer des flammes bleues, être capable de les répandre sur son corps et d'en produire à distance, c'était vraiment très utile: un pouvoir assez polyvalent. Elle devait être bien plus expérimentée que moi, c'était sûr. Mais je me demandais ce que donnait son innocence lors d'un combat face à des akumas. Quelle expérience du combat face à ces créatures possédait-elle ? Je mourrais d'envie de lui posséder toutes ces questions, mais je devais me retenir. Si elle avait activé son pouvoir, je doutais que ce soit simplement pour me faire sortir de ma cachette, il devait y avoir autre chose. Je m'arrêtai à environ 2 mètres d'elle, je ne tenais pas à entrer dans son espace vital. Voyant qu'elle n'avait toujours pas l'air de comprendre ce que je faisais dans le coin, je choisis d'éclairer sa lanterne, mais avant tout, je m'excusai:

"Veuillez m'excuser de vous avoir suivi durant tout ce temps mais, votre regard m'a attiré et maintenant, je suis certain de vous avoir déjà vu quelque part... avec cet oeil si particulier."

Les excuses, c'était fait, je ne pouvais guère faire plus pour elle. Ensuite, le fait d'avouer que je l'avais déjà vue quelque part pouvait être mal interprété, et si ça se trouvait, elle pensait que je lui faisais la cours, ce qui donnerait lieu à un quiproquo monumental... Mais bon, j'avais précisé ensuite que c'était son oeil enflammé qui me certifiait que je l'avais déjà vu ailleurs. Penserait-elle tout de suite que j'étais un exorciste moi aussi ? Ou supposerait-elle que j'étais un simple humain très curieux, avec un petit côté harceleur, vu que je n'avais pas hésité à la suivre au lieu de m'adresser à elle dès le départ. Enfin bref, là n'était pas le moment de me poser toutes ces questions, surtout que si elle s'était apprêtée à aller combattre, je devais être en train de la retarder sans vraiment le vouloir... Je me demandais franchement ce qui pouvait se passer dans sa tête, tout comme je me demandais ce que l'on pouvait ressentir lorsqu'on était en mesure d'enflammer ce que l'on voulait. J'avais hâte de la voir réagir.

*~ ¿Qué quieres tú de mí?~*

Mes flammes crépitant toujours sur place, j’attendais les bras croisés que mon suiveur entre dans mon champ de vision. Je ne lui avais fait aucun mal avec mon innocence… Mon feu n’avait pas eu pour objectif d’exploser dans les airs comme il avait l’habitude de faire en combat. Un signe de compassion ? Sûrement… Jamais je n’aurais agi avec autant de douceur par le passé, au contraire, j’aurais sans hésitation sacrifier une partie d’un bâtiment histoire de faire comprendre que je ne supportais pas que l’on me suive dans un silence de mort. Ayant compris mon impatience, " l'espion" sortit alors de l’obscurité avec une classe innée. A la vue de son physique qui me rappelait de vagues souvenirs, mes sourcils commencèrent à se froncer… Était-ce une impression ou… ?

Une phrase directe sortit alors de la bouche de l’inconnu à lunettes. Je voyais clair dans ses paroles plus ou moins flatteuses… Il était au courant de ce qui se tramait dans la face cachée du monde. Cela se voyait puisqu’il s’approchait de moi sans être vraiment surpris par la douce lueur bleutée qui émanait de mon œil gauche. Son visage me disait vaguement quelque chose mais impossible de me rappeler où je l’avais vu… Mon périple était récent et j’avais connu une multitude de personnes, encré un panel de faciès dans mon esprit, au point de me faire oublier certains visages d’antan. J’en arrivai alors à douter quand à un souvenir que l’on partageait tout deux au moment où il me fit clairement comprendre qu’il m’avait suivi car je lui disais quelque chose. La prudence n’était pas de rigueur s’il connaissait les protagonistes de cette guerre Sainte. S’il savait pour mon statut, il devait se douter que je n’étais pas là pour rien… Mais alors pourquoi m’avoir suivi ? Curiosité, folie, inconscience, perversité… beaucoup de mots me venaient en tête… Exorciste ? Peut être, je n’en savais rien… Était-il arrivé à la Congrégation le jour où j’étais partie pour Sydney… ? Dans ce cas, il devait être ici pour l’Innocence…

*Non pas seul, c’est idiot, en plus Central me l’aurait dit…*

Laissant tomber mon hypothèse farfelue, je continuais de regarder mon interlocuteur d’un air suspicieux. Les bras à demi croisé, je me tenais le menton en réfléchissant. C’est alors que ses traits me revinrent en tête au fur et à mesure que je le dévisageais. Il nous avait vus... Moi et d’autres exorcistes en train de nettoyer une ville infestée d’Akumas… Je me rappelais de son regard perçant et du tic qu’il avait avec ses lunettes. A cette époque, je n’étais qu’exorciste et je me souvenais bien des pensées que j’avais eu concernant le fait qu’une personne nous avait vus. " Pas d’inquiétude, il allait penser à un rêve étrange comme ceux bien avant lui."

Il fallait croire que sur le coup, j’avais été un peu trop confiante. D’un côté, ce n’était pas bon pour l’image de l’Ordre… De plus, il ne semblait pas effrayé. Pourtant, d’un autre côté, ça me donnait l’opportunité de m’en débarrasser rapidement. S’il était au courant, lui faire comprendre la situation avec des mots simples allait être un jeu d’enfant puisqu’il risquait de les assimiler à ses souvenirs. Soupirant après le long moment de silence traduisant mon instant de réflexion intense, je commençais à décroiser les bras afin de m’exprimer avec plus de naturel.

« Bon, écoutez-moi… Je suis ici pour les mêmes raisons que dans vos souvenirs… Alors je vous conseille de vous mettre à l’abri, je ne tiens pas à avoir une mort sur la conscience. »

J’avais été ferme et non froide. Jouer l'associable était une habitude que j'avais laissé en Asie... Parler avec un peu plus de tact était ma nouvelle doctrine. Maintenant que cela était fait, je devais me dépêcher d’aller au front avant que tout se finisse mal. Les mains dans les poches, je fis demi-tour afin de me diriger lentement vers la horde de monstres qui allait m’accueillir à bras ouvert…

« Bonne soirée à vous… »

C’était impoli de parler le dos tourné mais je ne désirais pas qu’il continue sa petite excursion. Peut être avait-il vécu des choses atroces en rapport avec ces créatures… Toutes les possibilités me venaient en tête car son comportement m’avait rendue quelque peu curieuse… Il devait y avoir une bonne raison, outre le fait qu’il m’avait reconnue, afin d’expliquer son intérêt… De plus, l’emblème de la Congrégation avait du réapparaître dans son esprit. Pas l’uniforme puisque j’étais Maréchale. Mais cela était encore un détail qui devait l’intriguer.

Craignant qu’il ne me suive si mon pas venait à s’accélérer, je commençai à repartir en marchant comme je l’avais fait depuis le début. S’il désirait pousser la discussion un peu plus loin en me suivant alors ses motivations apparaitraient clairement… S’il ne disait rien et faisait demi-tour, j’allais devoir courir pour empêcher le pire.

Congélateur à Lunettes Age : 30 Messages : 54

J'étais finalement sorti de ma cachette, faisant remarquer au passage à quel point la jeune femme que j'avais suivi était impatiente, tout en émettant une suggestion qui m'avait traversé l'esprit à voix haute: son caractère avait-il un lien avec le pouvoir de son innocence ? C'était une question intéressante, non ? Après tout, qui nous disait que les innocences n'étaient pas le reflet de notre véritable nature en réalité. Si ça se trouvait, cette jeune femme qui avait l'air du genre à s'emporter facilement possédait la capacité de créer des flammes à cause de cela. Et moi ? Mon alliance se transformait en un arc qui matérialisait les flèches dès que l'on le tendait. Mon caractère à la fois posé et calculateur signifiait-il que l'arc était l'arme idéale pour moi puisque j'étais né pour posséder le pouvoir de détruire les akumas ? C'était possible. Quel meilleur outil qu'un arc pour une personne qui privilégiait la réflexion avant l'action ? Personnellement, je n'en voyais pas, je pouvais donc supposer que mon hypothèse pourrait s'avérer exacte, non ? Peut-être que les scientifiques de l'Ordre y avaient déjà pensé et qu'ils y pensaient, ou alors, ils avaient d'autres priorités que celle de chercher un lien innocence/exorciste. Je n'en savais rien, je n'étais pas membre de la Congrégation et pour le moment, je n'avais aucune intention de la rejoindre. Il n'empêchait que si cette femme était bien une exorciste, et qu'elle était en pleine mission comme je le pensais, la voir à l'œuvre pourrait me donner une idée du travail qu'exécutaient les exorcistes pour cette organisation.

Le simple fait d'y penser me donnait envie de la regarder s'affairer, voire de l'aider si jamais elle en avait besoin. Et oui, je ne comptais l'aider que si c'était nécessaire, ou si je décidais pour une raison ou une autre de me révéler à elle avant même qu'elle ne se rende sur le champ de bataille. Vu qu'elle était une exorciste, il y avait un risque qu'elle me dénonce à l'Ordre si elle découvrait que j'en étais un moi aussi, elle pourrait peut-être même tenter de m'y conduire de force... Je pensais bien "tenter", car je doutais fortement qu'elle y parvienne, aussi expérimentée qu'elle soit en tant qu'exorciste, je la voyais mal me forcer la main en tant qu'humaine. Il n'était pas sûr que ses flammes brûlent autre chose que ce pour quoi elles étaient censée brûler, tout comme je ne savais pas si j'étais en mesure de transpercer les êtres vivants ordinaires avec mes flèches si particulières. Je n'avais pas l'intention d'essayer, mais maintenant que j'y pensais, l'expérience était tentante, surtout que je me souvenais que lors de mon affrontement avec les akumas dans mon hôpital, j'avais décoché une flèche qui avait traversé la fenêtre sans la briser pour atteindre sa cible. En serait-il de même avec quelque chose ou quelqu'un d'autre ? La question restait en suspens pour le moment. Quoiqu'il en soit, je doutais toujours que cette femme puisse me forcer à rejoindre la Congrégation, physiquement, elle n'était pas très impressionnant. Oui, je me fiais aux apparences, de temps à autre, mais bon, là j'aurais du mal à penser le contraire, même si la flamme qui brûlait (?) son oeil était impressionnante, il en fallait plus pour m'effrayer. Pour m'effrayer, il lui faudrait des poils, des moustaches, des griffes, une queue et l'aptitude naturelle à savoir miauler. Vu que ça n'avait pas l'air d'être le cas, je restais calme et confiant.

M'étant excusé pour l'avoir suivi, je lui avais fait savoir que je l'avais déjà vu, et à voir son expression pensive, elle était sans doute en train de chercher où elle aussi elle avait bien pu me voir. C'était évident, non ? Si j'avais vu son oeil, c'était forcément parce qu'elle s'était retrouvé face à moi ou sur le côté à un moment ou à un autre: nos regards avaient dû se croiser durant un court instant avant qu'elle ne se re-concentre de nouveau sur son combat. Le fait de me voir, me tenant ainsi, droit comme d'habitude, et de voir mon visage avec ces lunettes sur le nez devait faire travailler sa mémoire. Petit à petit, elle devait se rappeler m'avoir vu ce jour-là, comprenait-elle aussi que je connaissais la vérité vu que j'avais parlé de sa "capacité" ? Ou alors n'y avait-elle pas fait attention, préférant se concentrer sur le fait que je l'avais suivi et qu'elle m'avait déjà vu ? La réponse me parvint alors, vu qu'elle me parla. Elle était là pour les mêmes raisons que dans mon souvenir ? Donc, il y avait bien des akumas qui se trouvaient dans le coin, suffisamment loin cependant pour que mon alliance ne me brûle pas. C'était déjà ça, au moins, cette jeune femme avait le temps de partir à leur rencontre avant qu'ils n'atteignent la ville. Mais combien y en avait-il ? Cette ville était grande, 2 ou 3 ne suffiraient pas pour la détruire ? Une dizaine ? Sans doute pas. Une vingtaine ? Bien plus encore ? Je n'osais même pas imaginer qu'il puisse y en avoir plus qui avançaient vers nous. Et pourtant, elle était seule ici, je n'avais vu aucun autre exorciste et elle n'avait pas l'air d'en attendre, elle était véritablement seule pour faire face à toute une armada !!? Ce n'était pas possible ! C'était tout bonnement du suicide ! Ou alors, j'étais un exorciste vraiment faible par rapport au niveau de ceux de la Congrégation, ou alors c'était elle qui était un cran au-dessus par rapport à tous les autres ? Laquelle de ces deux solutions ?

Que je me mette à l'abri ? Elle ne voulait pas avoir ma mort sur la conscience ? En gros, elle estimait qu'elle était en mesure de régler le problème sans que celui-ci ne s'étende jusqu'ici... Pff, elle se prenait pour qui elle ? Ses flammes lui étaient montées à la tête ? C'était donc une véritable tête brûlée qui me faisait face !? Elle me souhaita ensuite une bonne soirée après s'être retournée pour marcher vers les assaillants. Je ne la suivis pas pour le moment, je lui répondis simplement alors qu'elle continuait de marcher:

"J'ai beau savoir que vous ne faîtes que votre travail en marchant ainsi vers les akumas. J'ai du mal à me faire à l'idée que vous vous débrouillez seule... Je vais donc vous prêter main forte, cependant..."

Avant que je ne termine ma phrase, je sentis une violente douleur au niveau de mon annulaire gauche: celui-ci m'incendiait littéralement le doigt !! C'était la première fois qu'il me brûlait à ce point et pendant un instant j'eus l'impression que mon doigt était en feu ! Habituellement, je n'éprouvais qu'une légère brûlure, et j'aurais pensé que je ne subirais qu'une brûlure de cette intensité à chaque fois. Jamais je n'aurais pensé que l'intensité varierait en fonction du nombre d'akumas qui se trouvaient dans les environs !! Ils devaient vraiment y en avoir beaucoup pour que ça me fasse carrément mal !! Mon visage se crispa durant une seconde avant que je me reprenne, petit à petit je m'habituai à cette chaleur qui me donnait envie de retirer mon alliance et de l'envoyer au loin ! Je devais résister à cette douleur, car tout comme les autres douleurs, elle n'était qu'une alarme, elle servait à m'avertir qu'ils approchaient. On devait encore avoir le temps de les trouver avant qu'ils n'atteignent la ville, mais bon, il faudrait se dépêcher un peu, car je commençais à me dire que leur nombre était sans limite. Et à 2 contre une infinité d'akumas, il y en aurait forcément qui nous échapperait, non ? A moins que cette femme soit capable de tous les détruire en y instant, ce qui serait un spectacle unique en son genre. Oubliant pendant quelques instants la brûlure de mon alliance qui blanchissait à vue d'oeil comme d'habitude, je fis quelques pas vers cette femme et n'eus qu'à expirer profondément pour que l'alliance prenne l'apparence de l'arc si familier que j'utilisais pour combattre. Un arc blanc, pas très grand, mais très efficace. J'étais en forme, prêt à en découdre avec ses créatures, et surtout, à les empêcher de nuire. Là, il y avait toute une ville à protéger, en plus de mes beaux-parents et de Mia, ma fille. Il était hors de question que l'un d'entre eux s'échappe: ils périraient tous avant de poser leurs canons sur cette ville espagnole. Je terminai alors ma phrase, tandis que je redressai mes lunettes sur mon nez - tic assez fréquent quand je prenais ce genre de décision - et que je me trouvais juste à la droite de la jeune femme:

"... je vous demanderai de garder le secret sur ce que vous verrez."

J'étais paré au combat, prêt à courir droit vers les ennemis qu'il fallait détruire, et à épauler cette femme dont je ne connaissais toujours pas le nom. Je pourrais toujours lui demander à la fin, non ? Cela prouverait qu'on était toujours en vie. C'était donc décidé, je ne lui demanderai pas comment elle s'appelait avant la fin de la bataille, et j'espérais qu'elle ne se nommerait pas avant, sinon ça gâcherait tout ! Arc blanc en main, je continuais de marcher près de cette exorciste au manteau étrange. C'était la première fois que j'en voyais un ou plutôt une de près, et je commençais à me demander si tout le monde portait ce manteau ou non. Ayant de nombreuses questions à lui poser, je privilégiai celle qui me taraudait depuis un bon moment maintenant. Je tournai mon visage vers elle et lui posai alors ma question:

"Est-ce normal que vous soyez seule pour effectuer votre travail ?"

*~ Una Fiesta Nocturna~*

La curiosité avait amplement dépassé la peur. Cet homme avait certainement des choses à cacher et je n’allais pas le lâcher avant de savoir toute la vérité. A ces mots, ma course se stoppa nette, traduisant littéralement mon intérêt pour celui que je ne classais plus dans la catégorie de humains. S’il n’avait pas peur des akumas alors qu’il savait ce qu’ils étaient puisqu’il les avait appelés par leur nom alors je devais m’attendre à tout. De plus, il n’imaginait pas que je puisse venir à bout d’une armée entière accompagnée seulement par ma conscience qui ne m’était d’aucune aide. Cela m’arracha un léger sourire pendant quelques secondes… il voulait me prêter main forte car il se basait sur des apparences… Avouait-il qu’il possédait ce fameux pouvoir dont les élus jouissaient ?

La réponse ne tarda pas puisqu’un étrange événement me poussa à faire face à mon interlocuteur. En effet, sa main ou ses doigts semblaient le bruler… La douleur ne devait pas être chose courante, cela se voyait sur son visage… Peut être était-il victime d’un malaise ? Si c’était le cas, je n’avais aucune notion en médecine et le pauvre risquait de mourir avant d’avoir vu un professionnel dans la matière. Alors que je commençai à avancer vers celui dont la souffrance animait l’avant bras, je sentis cette aura qui m’était très familière.

Au même moment que l’arme de l’inconnu apparut, un mot sortit alors de ma bouche bloquée par la surprise. 'Innocence'. Cet homme en possédait une et à en croire les mots qu’il m’avait adressés, il devait la maitriser un minimum. S’avançant vers moi toujours avec cette classe naturelle, il remit ses lunettes en place et m’adressa des mots qui en disaient long. Ainsi, il ne faisait pas parti de la Congrégation et il ne souhaitait pas la rejoindre pour l’instant. Quel dommage… J’étais Maréchale et je me devais de ramener quiconque possédait le pouvoir divin… Mon cœur se mit alors à balancer… Je ne désirais pas le ramener de force mais je pouvais au moins tenter de le persuader avant de repartir pour le QG tout en lui laissant un délai de réflexion. De plus, je pouvais essayer de m’entretenir avec lui après le combat afin de me renseigner sur sa situation… Peut être qu’il avait une bonne raison de rester… libre. Si c'était le cas, je ne devais donc pas le forcer et garder cette rencontre pour moi seule...

La mine un peu triste, je fus durement ramenée à la réalité par la présence de l’exorciste. En effet, je ne l’avais pas vu se poster à ma droite et un sursaut vint exprimer ma surprise. A trop penser je m’étais égarée… Il y avait des akumas à exterminer j’avais tout le temps de penser au recrutement et à ce que j’allais dire un peu plus tard. Ainsi, j’allais reprendre ma course contre la montre au moment où une question m’arracha un deuxième sourire amusé. Celui qui désirait m’épauler voulait savoir pourquoi je faisais le travail seule… C’était une bonne question, très bonne même.M ais devais-je lui dire la vérité tout de suite ? Si j’avouais être Maréchale, cela n’allait pas être amusant… Si, au contraire, je jouais l’exorciste inexpérimentée et têtue, j’allais pouvoir analyser sa façon de gérer une situation critique.

* Non, c’est idiot en plus il pourrait périr… *

C’est vrai que cette idée était sadique… Bien trop pour moi qui commençais à prôner la délicatesse. Emboitant le pas, je fis à nouveau entendre ma voix tout en chassant mes idées puériles.

« Je suis une Maréchale, je peux donc aller où bon me semble, accompagnée ou non… »

Mes pas se faisaient rapides, l’affrontement n’allait pas tarder. La discussion pouvait durer encore quelques minutes, mais pas plus...

« J’avoue ne pas être très en forme en ce moment, ton aide va peut être m’être précieuse… »

Je souriais en alliant bonheur et sadisme… J’allais bien physiquement et j’étais prête à faire disparaitre cette armée de monstres mais je voulais à tout prix tester les pouvoirs de cet homme. Le mettre en danger n’était pas la bonne solution, je le concevait bien, pourtant la peur avait le don d’accroitre nos capacités tant l’envie de survivre est puissante. Bien sûr, si tout tournait mal, il me suffisait de claquer des doigts et le tour était joué. C'est pourquoi je comptais donc l’aider, mais pas trop afin de me fixer une idée.

Courant à présent dans les rues, nous commencions doucement à nous éloigner de la ville. Si l’inconnu désirait en savoir plus, c’était sa dernière chance de poser une question… La combat n’allait pas tarder à commencer… Cela promettait d’être instructif.

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Maréchale ? Je me souvenais de ce mot. Lilly l'avait prononcé à l'intérieur de mon hôpital, alors que nous descendions les escaliers pour retourner à l'intérieur. Je m'en souvenais comme si c'était hier, ce jour-là, ma nature secrète m'avait été révélée: j'avais appris que je possédais les pouvoirs d'un exorciste, et que j'étais, en quelque sorte, né pour détruire les akumas. De plus, j'avais détruit deux créatures ce matin-là, sans même me fatiguer, un signe de progrès par rapport à mon premier combat face à l'une d'entre elles. Il était clair qu'en l'espace de deux combats, même s'il y avait eu 4 années d'écart entre les deux affrontements, je m'étais très nettement amélioré. L'usage de mon innocence était plus simple, mes attaques atteignaient la cible du premier coup, et je ne me fatiguais plus au bout de seulement 3 tirs. En bref, j'étais beaucoup plus efficace, et mes aptitudes physiques s'amplifiaient également de jour en jour, je courais plus vite, je bondissais plus loin, je réagissais plus rapidement qu'avant et j'étais certain de pouvoir soulever des charges plus lourdes. Si par exemple, je devais courir à toute vitesse en portant cette jeune femme-là sur mon épaule, je mettrais un bon moment avant de commencer à m'essouffler ! Et je trouvais cela très étrange, j'avais plus d'assurance, je me sentais mieux physique et ma confiance en moi s'était donc accrue au passage.

Quoiqu'il en soit, je me remémorais ce qu'elle m'avait dit ce jour-là. Ces mots exactes avaient été "Pour information… les Maréchaux sont les plus puissants des exorcistes et sont au nombre de cinq". Ainsi, cette femme faisait partie de ce groupe de 5, et était en plus considérée comme l'une des plus puissantes exorcistes de cette Congrégation. Elle était pourtant si... jeune et elle avait l'air... fragile ? Elle était fine, tout comme moi, sauf que moi je cachais bien mon jeu, je n'étais pas maigre, j'étais bien bâti, et capable de faire bien plus de choses qu'on ne pourrait le penser. Qui me disait qu'elle ne cachait pas son jeu elle aussi ? Peut-être qu'elle était bien plus forte qu'elle n'en avait l'air, surtout que mon avis sur elle était assez sexiste, je devais l'avouer. Si elle avait été un homme, je ne me serais pas posé autant de question et je n'aurais pas mis en doute son aptitude à mener le combat qui suivrait à bien. C'était bête, mais c'était bel et bien la vérité, j'avais tendance à sous-estimer la force des femmes, un peu comme tous les hommes d'ailleurs. Mais bon, ce n'était pas voulu, c'était un simple réflexe. J'avais toujours pensé et je penserais sans doute toujours comme ça, et ce, même si je découvrais avec un certain plaisir qu'elle m'était, et de très loin, supérieure en tant qu'exorciste. C'était le cas, j'en étais certain puisqu'elle avait dit qu'elle était maréchale, mais rien ne me prouvait qu'elle disait la vérité. Elle disait peut-être ça pour que j'arrête de jouer le gentil mâle au secours de la femelle, car il était sûr que ce n'était pas la première fois qu'on la sous-estimait de la sorte. Quand bien même elle serait bien une maréchale, il me faudrait un certain temps avant d'admettre qu'elle était si puissante qu'on le disait. Une bataille contre une horde d'akumas pourrait accélérer le processus et ça tombait bien, car d'ici quelques minutes, on se retrouverait à 2 contre cette armée, dont je ne connaissais pas la composition exacte...

Ainsi, elle pouvait aller et venir comme elle le désirait. Ceci expliquait cela. Je comprenais mieux maintenant pourquoi elle était seule pour cette excursion et pourquoi elle s'était préparée seule à combattre. Néanmoins, ce n'était pas pour autant que je la laisserais se débrouiller toute seule. J'avais décidé de lui prêter main forte, et je comptais bien tenir mon engagement. Mon innocence avait été activée, la sienne l'était aussi, et notre marche s'était transformée en marche rapide. C'était elle qui emboîtait le pas, je comprenais donc qu'elle était pressée et qu'elle préférait s'éloigner le plus vite possible de la ville, à moins qu'elle n'ait une autre idée en tête en accélérant. Une autre idée comme accélérer notre rythme cardiaque dans le but de nous échauffer avant le combat, ou alors, c'était un moyen pour elle de se mettre en tête qu'elle était sur le point de combattre. Son expression avait dû changer, et elle revêtait sans doute un visage bien plus sérieux, avec les sourcils froncés marquant sa détermination à détruire tout ceux qui se présenteraient à elle avant qu'ils ne commettent le moindre dégât. J'étais dans le même esprit qu'elle si c'était bien le cas, mais je me posais toujours des questions, sauf que je ne savais pas si c'était le meilleur moment pour lui en poser ou si je devais attendre la fin des combats pour l'ouvrir. Elle me dit alors quelque chose qui m'intrigua un peu. Elle n'était pas en forme ? Mon aide lui serait peut-être même précieuse ? Pff, elle se moquait de moi ou elle cherchait à me complimenter, à moitié, pour me motiver et me donner du courage ? Que ce soit l'un ou l'autre, je ne voyais pas l'intérêt de me le dire. Si elle se moquait de moi, ce n'était pas drôle. Si elle était sincère, je comprenais de moins en moins pourquoi elle s'était rendue ici seule et sans acolyte. Ou alors, elle était stupide pour une maréchale !! Devais-je le lui faire remarquer ? Pourquoi pas, je pouvais lui faire part de ma réflexion, non ?

"Hmm, permettez-moi d'en douter. Si vous aviez vraiment besoin d'aide, vous ne vous jetteriez pas dans la gueule du loup, à moins d'être complètement stupide. Vous ne pensez pas ? Mais bon, dans le cas ou vous seriez belle et bien stupide, vous pouvez compter sur moi pour assurer vos arrières."

J'avais été franc sur ce coup-là et je n'avais pas pris la peine de mâcher mes mots. Je cherchais à provoquer une certaine réaction chez elle, histoire de voir si en tant que maréchale, elle était du genre à répondre à la provocation ou si tout comme moi, elle y restait indifférente. Sur le coup, j'avais même pas pensé au fait qu'elle était maréchale, donc haut gradée, et peut-être même chargée de ramener des exorcistes au sein de la Congrégation. Qui pouvait m'assurer qu'elle ne me dénoncerait pas juste parce que j'avais émis l'hypothèse qu'elle pourrait être une idiote. La vengeance était un plat qui se mangeait froid ! Ce n'était pas mon truc, mais peut-être était-ce le sien... Ce serait bien entendu cruel de sa part de me dénoncer alors que je lui avais demandé de ne pas le faire, mais bon, elle pourrait dire que je l'avais cherché. Et à ce moment-là, je ne pourrais lui en vouloir. Elle accéléra encore l'allure ! Cette fois, elle courait carrément ! Je ne la lâchais pas d'une semelle, je courais moi aussi, je n'allais tout de même pas me laisser distancer aussi facilement, elle risquerait d'en profiter pour me taquiner elle aussi. Taquiner ? Oui. C'était en quelque sorte ce que j'avais fait en la cherchant ainsi, sauf que je l'avais fait à ma manière, ce qui donnait l'impression que je l'insultais, alors que dans ma tête, je ne le disais pas comme ça. Enfin bref, pour moi, c'était une façon de détendre l'atmosphère avant la grande bataille, mais bon, j'avais plus le temps pour ça maintenant. J'en profitai pour poser une toute dernière question:

"Dites-moi, que se passe-t-il si je me fais tirer dessus ?"

Est-ce que j'étais simplement blessé, atteint d'une blessure qui pouvait être soignée, ou bien tout comme les êtres ordinaires, je mourrais moi aussi. C'était une question de la plus haute importance et la réponse m'en apprendrait plus sur les efforts que je devrais faire pour ressortir intact de ce combat. Savoir si à la moindre erreur j'étais mort ou simplement blessé me servirait beaucoup, et en fonction de sa réponse, je pourrais modifier ma stratégie. Pour le moment, j'avais l'intention de les détruire un par an, et de laisser cette maréchale en détruire d'autres de son côté. Cependant, comme je le lui avais dit, je pourrais tout aussi bien me charger uniquement de la couvrir en détruisant les akumas qui se rapprocheraient d'elle d'un peu trop près, lui offrant ainsi une protection très efficace. Cette protection lui permettrait ensuite de ne se concentrer que sur ses attaques et non pas sur sa survie, car pour cela, elle m'aurait moi. Quoique, elle ne savait pas de quoi j'étais capable, elle avait vu mon arc, mais elle ne pouvait être sûre de son efficacité et de ses capacités. Elle ne tarderait pas à les découvrir par contre, et à se rendre compte de ce dont j'étais réellement capable. Elle verrait que j'étais un archer à la fois précis et rapide, contre les akumas les plus faibles en tout cas. D'ailleurs, était-il possible que des akumas encore plus dangereux soient de la partie ? Si tel était le cas, je pourrais alors voir si j'étais de taille ou si j'avais encore du chemin à faire avant d'être en état de les détruire... Autant dire qu'au fur et à mesure que je courais vers ces créatures, je réalisais petit à petit de tout ce que je pourrais apprendre au cours de cet épisode qui se révélerait être un évènement très important de ma vie.

Soudain, je levai la tête, ils étaient là ! Je regardais autour de moi et découvris qu'on n'était plus dans la ville. Tournant la tête pour regarder derrière moi, je vis alors qu'on l'avait quitté depuis assez longtemps pour être plus éloigné que je ne l'aurais pensé. Je me re-concentrai alors sur mes prochaines cibles, je jetai un coup d'oeil à la maréchale, et décidai de lui révéler ce qu'il en était de mes pouvoirs d'exorciste. Histoire de bien me mettre dans le bain, je fis un bond en avant, effectuai une roulade et me rétablit calmement, un genou au sol, comme si je m'apprêtai à demander quelqu'un en mariage, je tendis alors mon arc et la flèche bleutée se matérialisa aussitôt. Je décochai alors ma flèche qui fila droit vers un akuma se trouvant droit devant moi, ils se trouvaient tous à une petite centaine de mètres de nous, mais ça ne m'empêcha pas d'atteindre ma cible en pleine tête - comme d'habitude - ce qui la fit exploser et la détruisit. La distance entre nous et eux était satisfaisante pour moi, je les voyais clairement grâce à mes lunettes et mon innocence était faite pour les combats à distance. Pour l'instant, ça commençait bien, je décidai par contre d'avertir la maréchale:

"Au fait, je ne peux tirer qu'une flèche à la fois, et chaque flèche n'en détruit qu'un seul et unique, si je l'atteins à la tête. Et comme vous l'aurez compris, je suis fait pour les combats à distance. - je tirai une nouvelle fois sur un autre akuma et le détruisit, j'adressai un nouveau coup d'oeil à la maréchale et dis simplement - Faites attention à vous."

Et oui, j'étais plus sérieux que jamais, surtout qu'au fur et à mesure que je les voyais s'approcher, j'avais comme l'impression que leur nombre était infini !! Enfin, peu importait leur nombre, je ne les laisserais jamais s'approcher de trop près de la ville, je me devais de protéger tous ces habitants, mes beaux-parents, et surtout ma fille Mia. C'est en pensant surtout à elle que je décochais mes flèches sur chaque akuma que je visais, dans le but de les détruire le plus rapidement possible. Je venais d'en détruire un autre quand mon attention fut accaparée par des flammes bleues. Qu'est-ce que c'était que ça ? La maréchale aurait-elle décidé de se lancer directement au milieu de cette armée ? Non quand même pas...

*~ Bastante~*

Jamais je n’aurais pensé tomber sur quelqu’un de… sexiste ? Il sous-entendait clairement que j’étais stupide car je me jetais seule dans la mêlée ? Décidément, il semblait douter de mes capacités. Peut être pensait-il que je m’étais ouvertement foutue de lui en prétendant être Maréchale vu mon jeune âge apparent… ? Si c’était le cas, j’allais lui montrer ce qu’était la puissance. Je ne supportais pas que l’on me prenne pour une incapable, chose qu’il venait tout juste de faire en me parlant d’une façon que je n’avais pas supporté. Toute ma vie je m’étais battue pour ne plus subir ce genre de remarques et voilà que le premier inconnu que je rencontrais me prenait pour une faible. Accélérant encore une fois la cadence, je me fis aussi silencieuse que la mort afin de surprendre les akumas. Je me fichais complètement que l’exorciste me suive ou non, c’était son problème pas le mien. Tout ce que je voulais était en finir le plus vite possible. Mon idée de l’observer un peu en combat en le laissant se débrouiller voire paniquer était révolue. Je n’avais pas de temps à perdre avec un homme qui se fiait aux apparences même s’il me fit doucement rire avec une question des plus sérieuses. En effet, il voulait savoir ce qu’il se passerait si les sbires du Comte venaient à le toucher. C’était simple, vu son innocence, il risquait d’y mourir bêtement. Mais le temps de discuter s’était écoulé et je ne pourrais lui répondre qu’une fois en combat. Quel dommage…

La course jusqu’à l’attroupement d’akumas n’avait pas duré si longtemps en fin de compte. Sortir de la ville avait été assez simple et notre position était parfaite afin de les cueillir juste avant qu’ils ne sèment le chaos. Le moment de combattre était enfin arrivé.

N’attendant pas que l’exorciste se lance à son tour, je fis ce que j’avais l’habitude de faire avec une nonchalance dérangeante. Marchant lentement, les mains enflammées, je claquais mes doigts avec une grâce sans limite afin de propulser mon feu sur mes ennemis. Les mots que l’archer avait prononcés juste avant que l’affrontement commence me poussaient à jeter un œil sur lui au cas où tout tournerait mal. Ne pouvant tuer les ennemis qu’un par un, il risquait de se faire encercler rapidement. De plus, son innocence était de type équipement, ce qui ne le protégeait pas du poison.

« Tsss. »

Mes claquements de doigts n’étaient pas assez rapides, il fallait que j’élimine la vermine en masse. Propageant les flammes bleutées sur mes avant-bras, j’étais prête à jouer sérieusement au jeu barbare qu’était la tuerie. Esquivant quelques attaques, j’attendais d’être au centre de tout ce chahut…. Et lorsque ce fut le cas, mes mains se joignirent plusieurs fois avec force afin d’éliminer une bonne partie de l’armée. Les niveaux 1 n’étaient pas les plus féroces, voilà d’où venait la facilité de les exterminer. .

Ainsi, il restait une vingtaine de ces immondices sur le terrain… Tous concentrés sur celui qui m’accompagnait. Mes pas toujours aussi lents, je me marchais paisiblement tout en explosant ceux qui osaient me barrer la route en un claquement de doigt mortel. Ce n’est que lorsque je fus proche de mon acolyte que je pris soin d’esquiver et d’accélérer mes mouvements. Mourir bêtement n’était pas une chose dont je rêvais. Au contraire. C’est alors que je pris une voix légèrement assassine qui traduit parfaitement mon état d’esprit

« Nuance. C’est moi qui couvre vos arrières. Et faites attention, si ces obus vous touchent, vous serez infecté. Alors soit nous coupons le membre contaminé, soit vous mourrez avant que nous puissions le faire. »

Je me tenais à ses côtés lorsque ces mots sortirent de ma bouche afin de répondre à la question qu’il m’avait posée avant de sortir de la ville. Certes, je n’avais pu m’empêcher de le remettre en place gentiment dès le départ, mais je n’avais pas supporté que l’on me prenne pour une moins que rien. Le dernier qui avait voulu m’accompagner pour me protéger avait péri… comme un idiot… Ainsi, je pris l’initiative de me mettre à l’écart afin de laisser l’exorciste seul. Sérieuse, silencieuse, j’analysais les attaques ainsi que leurs portées pour savoir si je devais agir ou non. Pour moi, le combat était fini en quelque sorte… Il fallait juste que celui qui m’avait sous-estimée fasse preuve de combativité afin de remonter dans mon estime.

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Le combat avait d'ores et déjà commencé, j'avais tendu mon arc et détruit un akuma après avoir décoché une flèche droit dans la tête de celui-ci. Cependant, je constatai que je n'avais obtenu aucune réponse à ma question. Et en vérité, je n'avais entendu aucun mot de sa part depuis que j'avais émis l'hypothèse qu'elle pouvait être une maréchale stupide si elle était effectivement du genre à foncer tête baissée vers une horde d'akumas alors qu'elle n'était pas au meilleure de sa forme. Quand bien même elle était maréchale, ce qui signifiait qu'elle possédait un pouvoir particulièrement puissant utilisé à l'encontre de ces créatures, je trouvais quand même qu'il était idiot de se lancer dans un combat seule si on pensait avoir besoin d'aide. Je le pensais plus particulièrement lorsque j'entendais que l'aide d'un débutant comme moi pourrait lui être "précieuse". J'avais peut-être été trop direct, c'était possible et c'était sans doute même la cause de son silence, sauf que je n'étais pas habitué à converser lorsque ma fille, mes beaux-parents et toute la ville étaient en danger de morts. J'avais beau ne jamais montrer de la peur ou de l'inquiétude, il n'empêchait qu'elles existaient ! Et puis, j'étais également inquiet pour moi, je ne souhaitais pas mourir - ce qui était évident - mais surtout, je ne pouvais me le permettre. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle j'étais doublement content de faire équipe avec cette maréchale. Elle ne devait pas être maréchale pour rien et donc, je pouvais compter sur elle pour me couvrir à son tour si les choses tournaient mal pour moi, bien que je n'aimais pas ça.

Pourquoi je n'aimais pas ça ? Tout simplement parce que je considérais, et je devais cela à mon père, qu'on n'était jamais mieux servi que par soi-même et donc que je devais éviter de remettre ma vie entre les mains des autres, quand bien même ce serait la personne en qui j'avais le plus confiance. Lorsque je chassais avec mon père et mon frère, par exemple, ce n'était pas un travail d'équipe, on ne comptait pas les uns sur les autres pour être protégé en cas de problème. En principe, on devait être en mesure de nous défendre seul et contre n'importe quel assaillant: c'était ce que mon père nous avait enseigné, et jamais je ne l'oublierais. Ainsi, chaque fois que l'on faisait face à ce qui semblait trop grand pour être à notre portée, nous nous débrouillions toujours pour parvenir à bout de cette chose, afin d'être en mesure de faire face à tout et n'importe quoi. Lors de mon premier combat contre un akuma, je m'étais souvenu que je devais rester le prédateur et ne jamais finir comme la proie. Je devais mener la danse et montrer de quel bois je me chauffais, et ce, même si je ne connaissais pas toutes les règles de cet affrontement qui avait déjà commencé. En effet, j'en étais déjà à mon troisième akuma détruit, ce qui faisait 6 en tout sur mon tableau de chasse, et j'avais décrit précisément en quoi consistait le pouvoir de mon innocence à la maréchale aux yeux bleus lorsque je remarquai quelque chose. Il semblait que le qualificatif de "suicidaire" ne lui correspondait pas du tout. M'étais-je trompé sur son compte ou alors existait-il un mot qui exprime un peu plus le fait qu'elle marche, sans s'inquiéter ne serait-ce une seule seconde de ce qui pourrait lui arriver, vers eux sans chercher à les éviter ? Il était clair que je n'étais pas au courant de tout en ce qui concernait les batailles contre les akumas, mais bon, je commençais à croire que dans ce monde, les apparences étaient constamment trompeuses...

Elle était tout simplement extraordinaire et lorsqu'on la voyait comme ça, on n'avait plus qu'une seule envie: celle de pouvoir lui offrir un spectacle tout aussi impressionnant que celui auquel j'avais droit en la regardant faire ! C'était tout bonnement incroyable de la voir détruire ces choses par dizaines en claquant simplement des doigts afin de les brûler et de les faire disparaître définitivement !! Il était clair qu'elle faisait cela depuis des années. Elle avait bien plus d'expérience que moi dans ce domaine et je venais d'avoir la preuve qu'elle n'avait pas raconté d'histoire sur le fait qu'elle était maréchale. De plus, je constatai en l'espace d'une seconde, alors que je m'étais remis à décocher mes projectiles pour détruire les akumas qui se présentaient à moi, qu'elle n'avait jamais eu besoin de moi, et le "peut-être" qu'elle avait utilisé était mérité. Dans ce cas-ci, je ne lui étais d'aucune utilité, car elle aurait pu s'occuper de ceux auxquels je faisais face tout en observant les brins d'herbes pousser sur le sol... Sur le coup, je me sentis complètement inutile, et c'en était presque déprimant de voir à quel point il était aisé pour elle de les combattre, alors que je fatiguais à chaque tir que j'effectuais. Et oui, je le sentais, mes forces me quittaient peu à peu, et je savais que je ne tiendrais pas longtemps avant de m'écrouler, et peut-être même de tomber dans les pommes un peu comme ce qui m'était arrivé après mon premier duel face à l'un d'eux. Je venais d'en détruire un nouveau, ce qui faisait sept dorénavant. Je constatai d'ailleurs que j'agissais toujours de la même manière, je fixai ma cible, et tirai aussitôt, ou alors, j'exécutais un saut sur le côté afin d'esquiver leurs salves avant de leur tirer dessus !! Dit comme ça, cela pouvait sembler facile et même assez amusant, sauf que ça ne l'était pas, mes forces me quittaient, ma main tremblait quelque peu, et bientôt je serais obligé de tirer deux fois de suite sur le même pour le faire exploser définitivement.

Comment je le savais ? Premièrement, je me connaissais. Et ensuite, j'avais toujours été doué pour analyser les choses, et quand il s'agissait de personnes, il était évident que j'étais le meilleur quand il s'agissait de m'auto-analyser. Ainsi, je connaissais mes limites et je pouvais estimer les conséquences néfastes que la fatigue aurait sur le pouvoir de mon innocence, même si je ne l'avais jamais vérifié. J'estimais que comme pour tout effort, lorsque la fatigue se faisait sentir, on était bien moins efficace, et avec ma main et mon bras à présent - puisque deux autres akumas venaient de périr - qui tremblaient, j'aurais de plus en plus de mal à viser. Gardant toujours mon air impassible, je découvris que la maréchale se tenait à mes côtés, elle s'était créée sa propre route vers moi en détruisant ce qui venait la déranger. Je commençais à me demander si elle se comportait de la même manière avec les humains gênants, elle ne les enflammait peut-être pas, mais peut-être qu'elle était du genre à leur faire comprendre très clairement qu'ils la gênaient. Personnellement, j'avais tendance à garder pour moi ce que je pensais réellement, je ne partageais que très rarement mes pensées, je préférais agir que parler. Je venais de me rétablir d'un nouveau saut, en arrière cette fois-ci, quand je l'entendis me parler.

"Pff, il manquerait plus que ce soit le docteur qui se fasse amputer d'un membre..."

Ce serait vraiment ironique, non ? Je me surpris d'ailleurs d'avoir envie de rire de ma propre remarque. Il n'y avait pas à dire, je me détendais de plus en plus, intérieurement en tout cas, car dans tous les cas, aussi détendu que je puisse être, il n'était pas dans mes habitudes de rire aux éclats, même si j'en mourrais d'envie. Je me mis alors à courir vers la gauche très rapidement, voire même trop rapidement par rapport à ce dont j'étais capable avant !! Enfin, je pouvais mettre cela sur le compte de l'instinct de survie, puisque j'avais couru dans le but d'éviter les tirs des akumas restants. Tout en courant, je les avais compté, il en restait une petite dizaine dorénavant. Je m'arrêtai de courir et décochai une flèche si rapidement que les akumas n'eurent guère le temps de tenter de l'esquiver, sauf que comme d'habitude, je n'en atteignis qu'un seul et unique. Transpirant à grosses gouttes, je tentai de rester droit afin de ne pas montrer à quel point j'étais épuisé, elle serait bien capable de se moquer de moi, pour se venger de l'insinuation que j'avais faite à son propos. Je tendis une nouvelle fois mon arc quand je sentis un mouvement derrière moi, je sautai alors en hauteur, enchainai avec un salto arrière et tirai une fois au moment où j'atterrissais sur l'akuma qui avait tenté de m'avoir par derrière. J'avais tiré sur un akuma, mais comme je fatiguais un projectile ne fut pas suffisamment, je décochai une nouvelle flèche et le détruisit pour de bon cette fois-ci. Les akumas me tirèrent alors dessus et je sautai de mon perchoir pour esquiver leurs attaques avant d'atterrir au sol quelques mètres plus loin, un genou à terre - j'avais de plus en plus de mal à tenir debout - l'akuma sur lequel j'étais fut détruit par ses congénères. Je constatai avec un mince sourire en coin que j'apprenais très vite, je m'adaptais à ce nouveau style de combat: j'étais bel et bien un exorciste lorsque je combattais ainsi. Cependant, je n'en restais pas moins humain et bien que j'étais doté de facultés physiques au-dessus de la moyenne humaine au vu des bonds que j'étais capable d'effectuer, je ne pourrais en faire plus.

Pour moi, c'en était fini de ma bataille, j'avais détruit autant d'akumas que je pouvais, et quand je repensais au nombre de monstres qu'elle avait éliminé, je commençais à me demander si je ne ferais pas mieux de laisser tomber. Pourquoi ? Car je n'arriverais jamais à rivaliser avec elle. Elle était maréchale et moi, qu'est-ce que j'étais ? Un vulgaire novice en la matière, je faisais pâle figure face à elle, pourquoi tenter de rivaliser ? La victoire lui était déjà acquise, surtout que là, elle ne se reposait pas, elle m'observait, elle voulait voir de quel bois je me chauffais et il était évident que si elle le désirait, elle pouvait mettre fin à cette période de test d'un simple claquement de doigts. C'était la triste vérité, et je devais m'y résoudre... J'étais en train de baisser la tête, marquant ma résignation et mon désir d'arrêter le combat quand je compris quelque chose.
Pourquoi est-ce que je me prenais la tête pour des choses qui ne signifiaient rien pour moi ? A la base, si je combattais ces choses, ce n'était pas pour l'impressionner ou lui montrer à "elle" de quoi j'étais capable. Je n'avais pas cherché à vanter mes capacités d'exorciste lorsque je lui avais fait savoir que je lui prêterais main-forte ! Loin de là d'ailleurs, mes seuls désirs n'avaient été que l'aider, ce qui aurait permis de mieux protéger cette ville et ses habitants, dont ma fille et d'autres personnes qui comptaient beaucoup pour moi. C'était pour eux que je combattais et pas pour prouver quoique ce soit !! Sur le coup, j'eus envi de me frapper dessus afin de m'apprendre à me démoraliser avec des choses qui ne devraient même pas m'affecter, et qui surtout ne m'affectaient pas en réalité !! Si j'étais ici, c'était pour ma fille, mes beaux-parents, cette maréchale et cette ville dans son entier. Je n'étais pas là pour amuser la galerie et tenter de battre un record qui me demanderait, soit dit en passant, des années entières avant de ne serait-ce que m'en approcher ! Je me devais de me reprendre. La vie de ma fille était en jeu, ainsi que toutes celles des gens qui habitaient dans le coin. Je relevai donc la tête et me relevai tout court. Une nouvelle expression sur mon visage. Une détermination plus grande que jamais était lisible dans mon regard, les dents serrés, je redressai mes lunettes du bout de l'index, et pensai à présent à la seule chose qui comptait vraiment pour moi en cet instant présent: détruire ces akumas ici et maintenant !!

Il ne s'était pas écoulé beaucoup de temps entre le moment où je m'étais agenouillé, prêt à abandonner la bataille, et celui où je m'étais relevé pour me remettre à combattre. En tout cas, les quelques akumas qu'il restait étaient toujours là. Armé de cette nouvelle détermination, et de ce désir de protection envers tant de personnes, dont la plupart n'était que des inconnus à mes yeux, je sentis une douce chaleur circuler depuis mon alliance vers le reste de mon corps. C'était comme si une nouvelle force naissait en moi, et je compris alors que c'était mon innocence qui évoluait quand je vis mon petit arc grandir... Qu'est-ce qu'il lui arrivait à lui aussi ? Je me posai la question, mais en même temps, j'avais hâte de voir ce que ce nouvel arc pouvait donner. Pour le moment, je ne ressentais plus de fatigue, et je fus confiant lorsque je tendis mon arc et décochai ce qui serait ma dernière flèche de la soirée. J'ouvris alors de grands yeux quand je découvris la puissance et la vitesse de celle-ci, elle fonça droit vers l'akuma que j'avais visé et qui était le plus éloigné de moi, on aurait dit que rien ne pourrait jamais l'arrêter ni même la détourner de sa cible !! Un vent fort se fit sentir au fur et à mesure qu'elle gagnait en vitesse jusqu'à ce qu'elle percute de plein fouet l'akuma-visé qui explosa. Une chose que je n'avais alors pas prévu se produisit alors... 3 autres akumas explosèrent d'un coup, accompagnant le premier dans le néant. Ce fut la dernière chose que je vis avant de m'écrouler. Si j'avais bien compté, il devait resté encore 3 akumas en vie, peut-être même plus, et toujours prêts à combattre. J'espérais que la maréchale comprendrait que je ne jouais pas la comédie et qu'elle s'en occuperait avant qu'ils ne s'échappent...

Alors que j'étais en train de tomber, je sentis mon innocence reprendre sa forme d'alliance, et je pensai alors à quelque chose. Je ne connaissais toujours pas son nom à cette maréchale, est-ce que je finirais par l'apprendre ou est-ce qu'elle me laisserait en plan et s'en irait comme si de rien n'était ? Moi en tout cas, j'eus tout juste le temps de m'aider de mes mains pour m'empêcher de me casser le nez en tombant face la première. Allongé ainsi sur le ventre, je fis un petit effort pour me retourner et me retrouver sur le dos, je tournai alors mon visage sur le côté, observant les akumas restant, mais également la maréchale. Les laisserait-elle me tuer sans réagir ? Ou ma vie avait un minimum d'importance pour elle ? L'avenir me le dirait. Là, je devais me reposer un peu, il me fallait un peu de temps pour récupérer après toute l'énergie que je venais de dépenser. Levant ma main gauche, j'observai mon alliance d'un air songeur avant de reporter mon attention sur la maréchale.

"Alors ?"

Vu que j'avais bien vu qu'elle m'observait, autant écouter son verdict, non ?

*~ Nuevos Poderes~*

Les bras croisés, le regard perçant, je détaillais minutieusement le combat qui se tenait devant moi. Il ne restait pas beaucoup d’ennemis face à cet inconnu qui possédait l’innocence, et je devais bien avouer qu’il se débrouillait assez bien pour survivre après ce que je venais de lui dire. Agile, rapide et précis, il décochait ses flèches une par une enfin d’éliminer les akumas. La fatigue commençait à se faire ressentir chez cet homme qui prétendait être médecin. Oui, même si j’avais fait mine de ne pas l’écouter, mes oreilles n’avaient pas laissé cette phrase significative de côté… Ainsi, cet inconnu sauvait des vies à longueur de journée… Finalement, le métier d’exorciste ne devait pas le changer plus que ça puisque c’était un des buts premiers.

Mais le moment de partir dans les suppositions n’était pas encore arrivé. D’une minute à l’autre, l’archer pouvait se relâcher. Je devais donc être prête à éradiquer le reste des horreurs du Comte avant d’arriver à la catastrophe même si je pensais ne pas intervenir. Cet homme était animé par une détermination dont j’ignorais la provenance, comment pouvait-il perdre ? L’inexpérience peut être ? Jamais je n’avais encore pensé à cela… Même s’il semblait gérer la situation, il n’en restait pas moins un débutant qui avait besoin d’entrainement… Ainsi, il se retourna vers moi en baissant la tête en signe de résignation… Quelle déception… J’aurais réellement pensé qu’il mettrait un point final à cet affrontement aussi rapidement.

Levant ma main vers ce qui restait de l’armée d’akumas, j’étais prête à claquer mes doigts avec fougue au moment où celui qui s’était résigné fit volte face afin d’en finir pour de bon. Baissant mon bras en arquant un sourcil, j’étais quelque peu surprise de le voir aussi différent. Ses expressions de visage n’étaient plus les mêmes, à croire qu’une autre personne avait pris possession de son corps. Même son style de combat n’avait rien à voir avec le précédent… Plus grand, son arc devait lui donner plus de pouvoir puisqu’il envoya une flèche qui fit beaucoup de victimes que celles qu’il avait lancées quelques minutes auparavant. En fait, son innocence avait évolué.

Épuisé par cet ultime acte de destruction, l’exorciste commença à tomber au sol… Il s’était donné à fond et avait même fait permis à son pouvoir de croitre. Je n’en demandais pas moins… Allongé sur le dos, la respiration saccadée, il me lança un mot sur un ton interrogateur qui voulait tout dire. Il pensait sérieusement que j’allais le laisser sur le champ de bataille en tant que sacrifice ? Décidément, il avait beaucoup à apprendre de moi.

N’attendant pas une seconde de plus, je mis fin au combat qui avait duré assez longtemps en un claquement de doigt… Un silence de mort à en faire pâlir tout être humain se posa lentement sur l’endroit désert… Un silence que je pris soin de briser rapidement.

« Non… Mais franchement… »

Toujours aussi agréable, je me dirigeais vers le corps de mon semblable afin qu’il puisse bien voir mon visage.

« Suis-je du genre à laisser mourir des innocents pour une simple question de fierté ? »

M’accroupissant près de lui, je n’attendais pas une réponse à ma question… Vu le ton que j’avais employé, il devait très bien avoir compris que je voulais juste lui enlever cette idée d’abandon de la tête. Avec une douceur étrangement plus doux, je fis un nouveau entendre ma voix.

« On devrait aller manger un morceau pour reprendre des forces. Ce serait dommage de mourir d’épuisement après un tel combat vous ne pensez pas ? »

Il est vrai que la fatigue commençait à faire son apparition, mais ce n’était rien comparé à la faim qui rongeait mon estomac. Étant de type symbiotique, j’avais besoin de refaire mes forces afin de continuer à me battre… Me relevant doucement, j’attendis un moment avant de prendre la route qui menait au cœur de la ville. Se presser ne servait à rien à présent. Marcher lentement était la meilleure chose à faire, surtout pour celui qui m’accompagnait. De plus, cela nous permettrait de parler un peu plus même si l’envie ne me disait pas ces derniers temps. Ce n’était pas en rapport avec la phrase qu’il m’avait adressée juste avant le combat… Converser ne faisait pas parti de mes priorités surtout pour parler de l’Ordre. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’avais pris la décision de partir seule.

Ainsi, j’attendais que la conversation s’installe d’elle-même… J’allais sûrement passer pour une associable mais je m’en fichais… C’était comme ça, je n’y pouvais rien.

Congélateur à Lunettes Age : 30 Messages : 54

Toujours allongé sur le dos, je regardai la maréchale qui m'avait observé tout au long de mon combat. Je me demandais ce qu'elle avait pensé du spectacle, était-elle satisfaite de ce qu'elle avait vu ? Aurait-elle préféré que je les détruise tous et que je sois encore debout et en pleine forme à la fin ? Ou ce qu'elle avait vu lui avait suffi et suffisamment satisfait pour comprendre que c'était l'inexpérience qui me faisait réellement défaut. C'était clair, non ? J'en étais qu'à mon troisième véritable affrontement avec des akumas, je n'étais pas un expert en la matière, mais mes progrès étaient certains. En l'espace de trois affrontement, j'étais en mesure de détruire une douzaine d'akumas avant de m'écrouler de fatigue, c'était déjà ça, non ? Je n'étais pas un génie, j'étais un débutant ordinaire qui avançait à son rythme, et j'étais fier de moi et du résultat que j'avais obtenu. J'aurais bien sûr préféré tous les finir et être encore en état pour un second round qui n'aurait pas lieu, mais bon, on ne pouvait pas tout avoir dans la vie. Cette maréchale avait beau être très jeune, elle n'en restait pas moins très expérimentée et pour être si gradée à son âge, cela devait faire des années qu'elle avait rejoint l'Ordre. Moi, j'étais encore loin de le rejoindre, je ne me trouvais pas assez performant, et si je les rejoignais maintenant je ne leur serais pas d'une grande utilité, vu le peu d'endurance que j'avais. Peut-être que certains d'entre eux l'étaient encore moins que moi, j'en savais rien, mais je ne m'en occupais pas pour le moment. Si je devais les rejoindre un jour, ce serait quand mes capacités seraient suffisantes pour tenir face à une vingtaine de ces choses sans tomber de fatigue à la fin, mais aussi, quand je serais en mesure de me servir de cet autre arc, plus grand et bien plus performant, de mon plein gré.

J'avais senti que mon innocence avait évolué et j'en déduis que plus ma volonté de protéger les autres était forte et plus mon arc était dangereux pour les créatures qu'il détruisait. Je comprenais donc que je devais être capable de faire preuve de la même volonté à chaque fois dorénavant. Je devrais, lors de mes prochains combats, faire preuve du même désir de protection que celui que j'avais éprouvé quelques secondes plus tôt: en clair, je devais maîtriser mes désirs et les optimiser chaque fois qu'il le fallait. Plus j'aurais envi de protéger de gens et plus je pourrais faire de dégâts. Cette maréchale devait l'avoir compris depuis bien longtemps, ce qui devait expliquer ses capacités très impressionnantes, à moins que ce ne soit autre chose qui la motive dans ses combats. Un autre désir ? Une autre émotion ? Ne sachant pas lire dans les pensées, je ne pouvais rien affirmer encore, je ne la connaissais pas encore. Peut-être que ça changerait avec le temps...
Un claquement de doigt se fit entendre, des flammes surgirent, détruisant les akumas qui m'avaient survécu et un silence s'installa. La ville était assez loin derrière nous, il n'y avait pas de vent, aucun animal dans le coin. J'en profitai pour reprendre ma respiration, ce n'était vraiment pas facile, ce combat m'avait vidé de presque tout ce que j'avais. Elle s'était rapprochée ? Elle avait l'air de meilleure humeur, peut-être que la tension due au combat à venir avait été la raison de son ton cassant. Dire qu'habituellement, c'était moi qui m'adressait aux gens de cette manière, il était étrange de me retrouver de l'autre côté et d'être celui qui se posait des questions quant au ton qu'on employait avec moi. En même temps, ça faisait des années que je n'avais pas fait face à une personne plus expérimentée que moi et que je pouvais considérer comme un... supérieur ? Oui. C'était vraiment très étrange pour moi, et j'aurais du mal à m'y faire. Tout en se rapprochant, elle me posa une question rhétorique. Comment voulait-elle que je lui réponde ? On se connaissait depuis même pas une demie-heure, je ne pouvais rien affirmer la concernant, et j'essayais de me fier de moins en moins aux apparences. Laisser mourir des innocents par fierté ? Personnellement, je ne voyais personne capable d'un acte aussi immonde, ma réponse à cette question qui n'en demandait pas serait donc "non".

Elle s'accroupit, vérifiait-elle quelque chose que je ne voyais pas ? Possédait-elle le pouvoir de voir si je me rétablirais rapidement ou était-ce simplement pour que je l'entende mieux ? M'arrêtant de m'interroger sur ça, j'écoutai ce qu'elle avait à me dire. Elle me proposa d'aller manger pour récupérer. D'après elle, il serait bête de mourir après le combat à cause de la fatigue. En tant que médecin, je ne pouvais que l'approuver, mourir de fatigue à notre âge serait vraiment stupide !

"Je suis d'accord... Je vous suis."

J'attendis qu'elle se relève avant de me lever à mon tour. J'y parvins tant bien que mal, il fallait dire que j'étais vraiment fatigué, et je savais que je n'aurais pas la force de courir avant un bon moment. Je la suivis d'un pas lent, tandis que je respirai vraiment très profondément. Je récupérai tranquillement tout en suivant la maréchale, j'avais quelques questions à lui poser, plusieurs même, mais je faisais d'abord un petit tri entre mes questions afin de ne lui poser que les plus importantes pour moi. Tout en y réfléchissant, je pensais à l'état dans lequel je me trouvais. J'étais vraiment épuisé, je me demandais si je finirais comme ça chaque fois que je dépasserais mes limites lors d'un combat, si c'était le cas, je devrais faire en sorte de n'affronter que des akumas que je pourrais vaincre, autrement, surtout si j'étais seul, je risquerais d'y passer. C'était bien beau de vouloir jouer les protecteurs, mais se lancer dans un combat qu'on n'était pas sûr de gagner, c'était de la bêtise et rien de plus ! De plus, j'étais du genre prudent et méthodique, me lancer tête baissée droit vers une armée d'akumas, ce n'était pas du tout dans mes habitudes, je laissais ça aux suicidaires. Et puis, ma mort n'arrangerait personne, sauf peut-être celui qu'on appelait le Comte Millénaire. Celui-là, il avait toutes les raisons de souhaiter ma mort, tout comme j'en avais de souhaiter la sienne. Dans mon cas, c'était parce qu'il avait profité de la tristesse de mon fils pour créer un akuma, et dans son cas à lui, j'étais un exorciste et donc j'étais là pour détruire ses créations. Quoiqu'il en soit, je devais trouver le moyen d'améliorer mon endurance et de faire face à un nombre plus conséquent d'akumas sans que ça ne soit un problème.

"Dites-moi, comment cela se fait-il que votre innocence soit si différente de la mienne ? Je veux dire, pour moi, c'est mon alliance qui devient une arme, mais vous, vous avez l'air capable de produire ces flammes avec n'importe quelle partie de votre corps, même votre oeil brûlait..."

Mon ton montrait clairement à quel point j'étais intéressé par le pouvoir qu'elle possédait. Qui ne pourrait lui envier après tout ? Être capable de faire surgir des flammes de nulle part d'un simple claquement de doigt: c'était impressionnant ! J'en venais à me demander si tous les maréchaux possédaient des pouvoirs similaires, liés aux éléments de la nature, ou s'ils possédaient des pouvoirs totalement différents, mais tout aussi puissants. Je n'étais capable de tirer qu'une flèche à la fois, ce qui diminuait grandement mes chances face à un grand nombre d'adversaires, contrairement à elle qui pouvaient en détruire plusieurs à la fois sans se fatiguer. Mes flèches pourraient-elles toutes avoir la même spécificité que la dernière que j'avais tiré ? Pour cela, il me faudrait progresser, c'était certain, car mon arc était plus petit habituellement, c'était la première fois qu'il grandissait et faisait exploser les akumas autour de la cible principale. Le simple fait d'y penser me rendait songeur. Un entraînement s'imposait, mais pas pour le moment, car pour obtenir de véritables résultats, il faudrait que je m'isole dans un lieu fait pour ce type d'exercice. Quelques idées me venaient en tête, mais je préférais ne plus y penser pour le moment, il y avait plus important là, et vu la vitesse à laquelle on marchait, on mettrait un certain temps avant de trouver un endroit où manger, à moins que la maréchale ne connaisse un endroit plus proche fait pour. Accélérant l'allure pendant quelques pas, je comblais la distance qui nous séparait, je tournai alors mon visage vers le sien et d'un ton sérieux, comme d'habitude, je me présentai à elle avant de lui demander son nom:

"Je suis le Docteur Roy Williams. Aurais-je la chance d'apprendre votre nom ?"

Je me souvins alors de ce à quoi j'avais pensé avant le combat, je m'étais dit que je lui demanderais son nom après celui-ci afin de prouver que j'étais toujours en vie après l'affrontement. Je m'étais présenté en premier, car il était malpoli de demander le nom de quelqu'un avant de se présenter soi-même. Et puis, si elle m'avait entendu tout à l'heure, elle avait dû comprendre que j'étais médecin, sauf que sur le moment, elle avait peut-être pensé que c'était une blague ou quelque chose dans le genre histoire de détendre l'atmosphère. Sauf qu'elle se rendrait compte petit à petit que raconter des blagues n'était pas dans mes habitudes, loin de là d'ailleurs.

*~ Roy Williams~*

La marche était silencieuse, lente, fluide… La ville que nous avions quittée pour la bataille ne se trouvait pas si loin. Avec cette allure agréable et parfaite pour reprendre des forces, il allait nous falloir une bonne trentaine de minutes avant d’arriver dans le cœur de ville. Les yeux rivés sur les lumières dansantes, je marchais en balançant mes bras et en prenant le soin de bien respirer. L’exorciste qui venait de se surpasser se tenait à ma hauteur… Le combat l’avait énormément fatigué mais il arrivait à tenir sur ses jambes… Décidemment, cet archer promettait de devenir un exorciste de renommée… Peut être qu’avec un peu d’entrainement, il pourrait rejoindre le cercle fermé des Maréchaux… Certes, c’était précipité de penser à tout cela maintenant, mais il était rare de trouver des exorcistes assez puissants…

Chassant mes idées en fermant des yeux, je fus ramenée à la réalité au moment où mon nouvel acolyte me posa des questions très intéressantes… Ainsi, il avait remarqué que mon innocence n’était pas semblable à la sienne… Très peu de personnes faisaient le rapprochement aussi rapidement… Cet homme devait avoir envie d’en savoir plus sur le pouvoir qui était le sien... C’était normal après tout, et même si je gardais une certaine amertume concernant la réflexion qu’il avait faite un peu plus tôt, je n’allais pas l’ignorer… De plus, j’avais quelques questions à lui poser aussi… Son air décontracté et stoïque avait suscité ma curiosité… Je n’étais pas la première exorciste qu’il rencontrait, c’était évident… Quelqu’un avait du le renseigner puisqu’il avait parlé des Akumas… Puis, il y avait aussi ce petit renseignement qu’il avait fourni concernant son arc… Une seule flèche à la fois… Comment avait-il pu combattre auparavant et survivre ? Dès que l’ennemi se doutait de la présence d’un exorciste, il se débrouillait pour l’éliminer… Il devait être très prudent le soi-disant Doc’ lors de ses combats… Ou alors très chanceux pour qu’aucun témoin ne puisse faire de rapport à l’Ordre… La discussion promettait d’être longue car je ne comptais pas le laisser filer sans l’avoir interroger à ma façon.

Mais avant, je me devais de répondre aux questions qu’il avait posées durant ce lapse de temps de réflexion intense. Tout d’abord, mon prénom… Il est vrai que je ne m’étais pas présentée… De ce fait, il l’avait fait avant moi ce Roy Williams. Ainsi, il était réellement médecin… C’était intéressant… Très intéressant même… Détachant mon regard de la bourgade dont les maisons devenaient visibles à l’œil nu, je pris enfin une voix calme et apaisée.

« Je m’appelle Swan, Swan Daviel, Maréchale au sein de la Congrégation de L’Ombre. »

Un sourire sincère se posa alors sur mes lèvres… Un sourire qui s’estompa assez vite au profit d’un air sérieux… Tout en marchant, je fis un mouvement afin de montrer l’anneau qui ornait le doigt de mon interlocuteur… Il était temps de le renseigner.

« Si nos innocences ne sont pas les mêmes c’est tout à fait normal, il en existe trois types… Le premier type est le type équipement, celui que vous possédez. L’innocence peut être un objet quelconque qui en cache un autre. Pour vous, c’est une bague… Un de mes collègues possède une flûte dont les pouvoirs sont impressionnants… »

De ma main droite, je levai mon majeur et mon index afin de parler du deuxième type…

« Après, nous avons les innocences de type parasite… L’innocence est un être vivant… Ma collègue possède un chaton qui peut se transformer en une panthère meurtrière… Arrive alors le troisième et dernier type connu. »

Avec lenteur, je dirigeai mon index gauche vers mon œil d'un bleu psychédélique…

« Le type Symbiotique. L’innocence fait partie intégrante du corps de l’exorciste… Pour ma part, c’est l’œil mais ça aurait pu être autre chose. Du coup, je suis immunisée contre le poison des akumas… Mais je dois reprendre des forces rapidement et donc… Manger même à cette heure tardive. »

Un bruit traduisant la faim qui me rongeait vint ponctuer la fin de ma phrase, chose qui me fit grimacer un peu. Mais l’heure n’était pas aux lamentations… A présent, c’était à moi de poser les questions et je n’allais pas tourner autour du pot jusqu’à ce qu’on arrive au village. Prenant un air inquisiteur des plus sérieux, mon regard perçant se plongea alors dans celui de mon interlocuteur.

« Vous en savez des choses sur l’Ordre. A croire que quelqu’un vous en a déjà parlé, est-ce que je me trompe ? »

Dire la vérité était la chose la plus sage et je doutais que ce Roy me mente concernant ses connaissances. S’il le faisait, cela voulait dire qu’il protégeait quelqu’un… Mais de quel camp ? Les battements de mon cœur redoublèrent d’intensité à cette pensée étrange… Et si finalement tout se retournait contre moi ?

Congélateur à Lunettes Age : 30 Messages : 54

Ayant rattrapé mon équipière de la soirée qui avait pris de l'avance sur moi dès le départ - puisqu'elle avait commencé à marcher alors que j'étais toujours allongé au sol - j'avais commencé à lui poser des questions. Celles-ci concernaient surtout les innocences. En effet, je désirais en apprendre plus sur ce pouvoir étrange que je possédais depuis que cette alliance avait été passée à mon doigt. Ces dernières semaines, j'avais découvert de nombreuses choses concernant mes capacités personnelles, je lui en avais même fait part sachant qu'elle m'avait dit être une maréchale, soit une exorciste comptant parmi les meilleurs d'entre eux. Dans le même temps, je supposais en savoir tout autant sur son pouvoir à elle, elle matérialisait des flammes bleues et pouvait atteindre bon nombre de cible en un seul coup, contrairement à moi qui était limité sur ce plan-là. Ne pouvoir atteindre qu'un seul akuma par tir était un réel défaut, mais bon, il semblait qu'avec plus d'expériences, je serais en mesure d'en détruire plusieurs en une fois. Je me rappelais encore de ma toute dernière flèche de la soirée, elle avait fait exploser les akumas se trouvant à côté, et je devais avouer que sur le coup, je m'étais senti comme "euphorique"... Le simple fait de savoir que bientôt ce défaut dans mon pouvoir n'existerait plus m'avait grandement rassuré, et m'avait surtout rendu impatient: j'étais maintenant impatient de pouvoir tirer ces projectiles à volonté, en cas d'attaque massive en tout cas. Enfin bref, j'avais demandé à cette jeune femme de m'expliquer les raisons pour lesquelles son innocence et la mienne étaient si différentes. Par la suite, je m'étais présenté, précisant que j'étais bien docteur, avant de lui demander si elle pouvait se présenter à son tour vu qu'à part son rang, je ne connaissais rien d'elle.

J'appris enfin son nom, elle se prénommait Swan Daviel, et elle était maréchale au sein de la Congrégation de l'Ombre, ce qu'elle m'avait déjà révélé. Son prénom était très intéressant, et sans doute très rare. Personnellement, c'était la première fois que je l'entendais. Ainsi, tout ce que je pourrais dire dessus, c'était qu'il était très particulier, peu de personnes devaient le porter, c'était certain, et en même temps, ça rendait les filles qui le portaient très spéciales. Une question me taraudait alors: cette Swan était-elle suffisamment spéciale pour porter un tel nom ? Seul l'avenir me le dirait, mais en attendant, tout ce que j'avais à faire, c'était de garder le silence afin qu'elle réponde à mon autre interrogation, celle qui concernait les différences entre innocences et leurs raisons. La maréchale passa alors d'un sourire sincère que je ne rendis pas, non pas parce que je n'avais pas envi de lui sourire, mais plutôt par habitude. D'ailleurs, le simple fait de savoir de quoi on s'apprêtait à parler me rendait beaucoup trop sérieux et curieux pour pouvoir ne serait-ce que penser à sourire. La maréchale avait l'air du même avis puisque son joli sourire disparut très vite remplacé par une expression tout aussi sérieuse que la mienne. Elle pointa mon alliance du doigt, sur le coup, je crus qu'elle voulait que je la retire pour qu'elle puisse l'examiner, mais vu qu'elle entama son explication, je compris que ce n'était pas le cas. De toutes les façons, il aurait fallu qu'elle me tue pour pouvoir l'avoir en main, je n'avais pas l'intention de la retirer, et je ne la retirerais sans doute jamais de mon doigt, même si ma femme était morte depuis plus de 4 ans. J'avais été marié une fois, j'avais aimé une fois, et je ne comptais ni me marier ni aimer une nouvelle fois, après tout, on ne vivait qu'une fois, non ? Alors pourquoi devrait-on avoir le droit de se marier et d'aimer plusieurs fois si on n'avait droit qu'à une seule et unique vie ? Je ne voyais aucune raison, c'était pourquoi, je conserverais cette alliance à mon doigt jusqu'à la fin des temps, et même après.

Ainsi, il existait trois types d'innocences. De quel type mon alliance faisait-elle partie ? D'après elle, le type "équipement" était celui de mon innocence. Équipement ? Cela allait bien avec le fait que mon pouvoir n'était pas issu de moi, mais bien de l'objet que je portais, en l'occurrence, mon alliance. Ce qui était bien avec ses explications, c'était qu'elles étaient simples et qu'elle ajoutait des exemples d'innocences qu'elle avait déjà vu afin d'illustrer ses dires. Je comprenais donc parfaitement bien ce qu'elle me disait et j'arrivais à m'imaginer d'autres exorcistes avec des innocences de type équipement, certains avaient peut-être des armes blanches en guise d'innocence, d'autres des armes à feu, tout comme d'autres pouvaient se servir d'un vêtement pour combattre les akumas, ou encore d'un instrument de musique, voire même d'un bijou, tout comme moi. En fait, je commençais à penser que le type équipement devait être le plus courant. Quoi de plus normal quand on faisait l'inventaire de tous les objets qui existaient sur cette planète, certains existaient d'ailleurs en plusieurs versions, avec des tailles et/ou des formes différentes, etc... En somme, je comprenais maintenant qu'il devait y avoir bien plus d'exorcistes que je le pensais. Swan passa alors au deuxième type: les parasites. D'après elle, c'était des êtres vivants qui possédaient l'innocence, et comme exemple, elle me parla d'un chaton - je me mis à frissonner - qui se transformait en panthère - les frissons se stoppèrent net - avant de passer au dernier type. Je remarquai au passage qu'elle n'avait toujours pas parlé de son type à elle. J'en déduis donc qu'il n'allait pas tarder à venir avec le troisième type.

"... Je vois, il y a donc un certain équilibre entre les innocences, il n'y a pas de type plus efficace que les autres. Vous avez beau être immunisée face au poison des akumas, vous vous fatiguez plus vite parce que votre innocence fait partie intégrante de votre corps. C'est intéressant."

Elle m'avait expliqué que son œil était son innocence, et j'espérais que lors de sa première utilisation, celui-ci ne l'avait pas brûlé. Ou encore que son oeil ne la brûlait pas chaque fois que des akumas se trouvaient dans les environs. D'ailleurs, est-ce que toutes les innocences réagissaient aux akumas ? Ou peu d'entre elles en étaient capables, et si c'était le cas, comment faisaient les exorcistes pour survivre si les akumas pouvaient les atteindre par surprise !? Je me posais plein de questions à ce propos. J'entendis alors un bruit très reconnaissable et puisque ça ne provenait pas de mon estomac, j'en conclus que c'était Swan qui mourrait de faim. Cela approuvait sa thèse en tout cas, elle était belle et bien affamée, mais tiendrait-elle jusqu'à la ville avant de s'effondrer ? Parce que... j'arrivais peut-être à marcher, mais j'aurais du mal à la porter, c'était sûr et certain ! Ou alors, je tomberais dans les pommes en essayant, ce qui serait vraiment très bête d'ailleurs ! Les explications étant terminées, le regard bleuté de la maréchale croisa le mien et tandis que nous marchions, nous nous quittâmes pas du regard. Essayait-elle de lire en moi ? De voir si je dirais la vérité ou si je mentirais à sa future interrogation ? Possible, même si je ne voyais aucune raison de lui mentir, n'avait-elle pas été honnête avec moi après tout ?

"Non, vous ne vous trompez pas. Par contre, je ne vous dirais pas qui est cette personne et je suis certain que vous comprendrez pourquoi. Je ne voudrais pas lui attirer d'ennuis..."

Je ne lui avais pas menti, je lui cachais simplement un détail. Mais je lui avais dit que je le lui cachais, ce qui était un gage de mon honnêteté, à elle de comprendre mes motivations à présent. Je n'avais pas l'intention de livrer le nom de Lilly Dienelt, qui était à la fois une patiente et une scientifique au sein de l'Ordre. Ne sachant pas ce qu'elle risquait pour m'avoir donné de nombreuses informations, je ne pouvais prendre le risque d'être trop honnête avec elle, peu importait qui elle était. J'espérais qu'elle comprendrait, et même si ce n'était pas le cas, ce ne serait pas vraiment mon problème. La ville se rapprochait de pas en pas, et je commençais à penser que lorsqu'on l'atteindrait, on ne pourrait plus vraiment parler de tout ça, mieux valait donc que je pose toutes mes questions maintenant donc. Je me remémorais d'ailleurs ce que m'avait dit ma patiente enceinte à propos d'une nouvelle force. Elle n'avait pas pu m'en apprendre plus dessus, mais il était pratiquement sûr qu'une maréchale devait en savoir suffisamment, et peut-être même qu'elle en avait déjà rencontré sur son chemin. Est-ce qu'elle me répondrait ? Ou jugerait-elle que tant que je ne faisais pas partie de la Congrégation, je n'avais pas le droit d'être informer ? Dans le même temps, si je n'étais pas au courant de tout et que je me retrouvais face à l'une de ces nouvelles forces, que Lilly avait qualifiées d'immortelles, sans le savoir, je risquerais de mourir sans même comprendre comment j'avais été tué... Que ferait Swan ? M'informerait-elle ou me laisserait-elle dans l'ignorance ?

"On m'a parlé de nouveaux combattants aussi, immortels et particulièrement puissants même pour une maréchale de votre calibre... Vous en savez plus sur eux maintenant ? - mes poings se serrèrent alors et je me tendis d'un coup quand je prononçais les mots suivants - Et le Comte Millénaire, savez-vous où il se trouve maintenant ?"

Sans le vouloir, je montrais très clairement que j'avais une dent contre lui, d'ailleurs, mes poings tremblaient légèrement à cause de la colère qui commençait à m'envahir quand je repensais au fait qu'il avait pris mon fils par les sentiments, le tuant au passage, afin de créer un akuma qui avait mis la vie de ma fille, la mienne et celle de ma ville en danger. Pourtant, je finis par expirer profondément, et je me calmai assez rapidement, retrouvant ainsi un air un peu plus détendu, montrant que j'étais prêt à écouter ses réponses, à condition bien sûr qu'elle accepte de me répondre. Je pouvais comprendre qu'elle veuille que l'échange d'informations se fasse des deux côtés, mais bon, j'étais prêt à renoncer à ces informations supplémentaires si c'était pour garder l'identité de celle qui m'avait appris la vérité secrète.

*~ Innocencia ~*

Il était très étrange de voir que l’homme s’intéressait fortement à tout ce qui touchait l’Ordre. Peut-être que cela faisait partie de son tempérament après tout. Il n’y avait pas de quoi s’inquiéter. C’est juste que le fait de le voir comprendre le fonctionnement du pouvoir divin aussi vite me rendait méfiante… Je ne savais pas qui était la personne qui lui avait tout appris mais elle semblait très renseignée. En tout cas, mes pensées devaient se lire sur mon visage car le fameux Roy s’empressa de me rassurer quant à l’identité de celui ou celle qui avait éclairé sa lanterne concernant la Congrégation de l’Ombre. Même s’il avait dit qu’il voulait garder ça pour lui, je sentais qu’il était sincère… A sa place, et n’ayant jamais côtoyé le monde des exorcistes, j’aurais exactement fait la même chose.

C’est donc on ne peut plus rassurée que notre petite marche continua tranquillement. La fatigue du combat s’envolait peu à peu et cela se voyait sur le visage du médecin… Il promettait d’être un exorciste de renommée… Personne ne l’avait entrainé et il se débrouillait assez bien en combat… Les yeux plissés par la réflexion, j’analysai mon compagnon au moment où il me posa des questions beaucoup plus sérieuses. L’envie de me stopper net me frôla l’esprit lorsque j’entendis les mots «Immortels » et « Comte Millénaire », mais cela aurait été très déplacé. Ainsi, je n’interrompis pas ma course pour autant afin de commencer à lui répondre calmement.

« Cette personne vous a très bien renseigné dites-moi. »

Une petite once de froideur se glissa entre mes mots… Mais cela ne concernait pas le membre de l’Ordre qui lui avait tout dit. Je gardais un très mauvais souvenir des « Noah » et je ne comptais pas mentir à Roy en le rassurant. De plus, celui-ci semblait haïr le Comte autant que moi… C’était étrange. Je devais l’interroger mais avant il était nécessaire de satisfaire sa curiosité.

« Immortels, invincibles… Ils sont puissants et nommés « Noah ». J’en ai combattu trois… Mais le dernier… Nous étions deux Maréchaux et ce fourbe a réussi à s’échapper non sans nous blesser plus ou moins gravement. Je l’avais déjà rencontré par le passé. Si vous en croisez un coriace, ne vous faites pas d’illusion, c’est la mort quasi assurée. »

J’aurais pu en dire plus sur le clown déjanté qui avait failli avoir ma peau à Sydney, mais je ne souhaitais pas étaler ma vie de la sorte. De plus, mes mots laissaient bien entendre que l’on voyait la mort de très près en croisant de genre d’individu.

« On ne sait pas grand-chose sur eux… Hormis qu’ils représentent un sentiment et qu’ils sont dotés de pouvoirs extraordinaires. L’un deux a même tué une Maréchale il y a quelques temps. »

C’était pathétique… Vraiment. Avouer que l’on ne savait rien alors qu’une des Maréchaux était morte nous faisait passer pour des incapables. Pourtant, je n’arrêtais pas de réunir un maximum d’informations… A croire que jamais je ne trouverai celui qui avait pris la vie de mon maître. Soudain nostalgique et colérique, je pris soin de parler du Comte et de mes observations afin de ne pas subir d’autres questions. Maintenant, c’était à mon tour de les poser. Ainsi, d’un air curieux, je fis entendre une voix plus douce…

« Le Comte reste bien caché. Que vous a-t-il fait par le passé pour vous mettre dans cet état ? Sachez que si vous avez envie de vous venger, il va falloir être très prudent. Ne jouez pas les héros… Vous avez de la famille non ? De plus, personne ne vous entoure. Je ne vous demande pas d’entrer dans les rangs… Mais juste de rester dans l’ombre pendant que vous n’y êtes pas. »

Le recrutement n’était pas mon fort et je ne voulais en aucun cas forcer la main de cet homme. Devenir exorciste n’était pas une chose à prendre à la légère contrairement à ce que mes supérieurs pensaient. Il fallait du temps, surtout pour un homme qui semblait avoir du vécu. Il est impossible de tout abandonner du jour au lendemain pour servir une cause qui nous échappe complètement. J’en étais consciente.

Mon discours aurait pu reprendre mais nous étions afin arrivés à destination. La ville étant à quelques mètres, je me demandais ce qu’allait penser Roy de mon arrêt soudain devant un arbre qui n’avait rien de naturel… Mais avant qu’il ne puisse me questionner, je me remis à parler.

« Bon… Il est temps de ramener l’innocence tant convoitée au QG… »

Ma main se posa sur le tronc… Le feu qui était le mien se mit alors à ronger l’écorce avec force… Et lorsqu’il pénétra à l’intérieur, il se mit à se propager sur l’arbre en entier. Le spectacle était magnifique… D’autant plus qu’un cube étrange flottait en milieu de toute cette magnificence. Tendant alors mon autre main, je saisis le pouvoir divin afin de la montrer à Roy…

« Voici une innocence à l’état pur… La chose pour laquelle les Akumas sont prêts à sacrifier une ville entière…»

D’un geste majestueux, je mis le petit cube dans une pochette en velours… Ma mission était terminée, mais pas mon petit interrogatoire. Et bien sûr, je ne me fis pas prier pour le faire remarquer au moment où je repris la marche vers la ville.

« Alors, ce Comte ? Que vous a-t-il fait ? Racontez-moi tout. »

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J'avais beau être très curieux, je choisissais soigneusement les questions que je lui posais, quand bien même j'en avais toute une armoire !! Je voulais obtenir le maximum de réponses possibles en un minimum de temps, car je ne pouvais savoir quand est-ce que je recroiserais un jour un exorciste ou un autre maréchal, et même si j'en croisais un demain, par exemple, rien ne m'assurait qu'il me répondrait ou encore qu'il ne chercherait pas à m'enrôler de force dans la Congrégation. En clair, je pouvais m'estimer heureux déjà d'avoir obtenu ces quelques réponses sur les innocences. Je savais qu'elles me serviraient énormément, tout comme ce que j'avais appris sur les akumas avec le fait que je n'étais pas apte à survivre s'ils m'atteignaient avec leurs projectiles. Enfin bon, je savais maintenant que du point de vue endurance, sachant que mon innocence ne faisait pas partie intégrante de mon corps, je pourrais combattre bien plus longtemps que les symbiotiques ou encore les parasites, puisque ceux-ci étaient bien plus éprouvés que les autres lorsqu'ils se servaient de leurs innocences. Ayant un goût prononcé pour l'analyse et réfléchissant comme le médecin que j'étais, j'en vins à comprendre quelque chose qu'on ne m'avait pas dit: à force d'utiliser leurs innocences, les exorcistes de types symbiotiques mettaient forcément leur santé en jeu et donc, il était fort probable que leurs organismes ne puissent supporter ces pouvoirs éternellement... Ainsi, cette jeune femme vivrait moins longtemps qu'une femme ordinaire à cause de son mode de vie, son espérance de vie était raccourcie, et quand on rajoutait le fait qu'elle risquait sa vie lors de chaque combat, on comprenait mieux le fardeau que portaient les exorcistes: ils sacrifiaient leurs propres vies pour sauver celles des autres...

C'était admirable. Il n'y avait aucun doute, même si quelque part, ils combattaient aussi pour eux. Pourquoi ? Simple. S'ils ne combattaient pas les akumas, personnes ne le feraient et donc, tout le monde mourrait, ce qui mettrait fin à l'humanité sur Terre. Ainsi, ils étaient obligés de se battre pour sauver celle-ci et se promettre un avenir par la même occasion. A partir du moment où personnes ne faisaient face aux akumas, il n'y avait rien pour protéger les citoyens du massacre, et sans citoyens, ou plutôt sans êtres humains vivants, c'en serait fini de la race humaine et donc de la vie. En combattant les akumas, les exorcistes se donnaient la chance de pouvoir mettre fin à cette guerre qui durait depuis très longtemps déjà, et ainsi de pouvoir fonder une famille par la suite dans un monde de paix où plus personne ne menacerait leurs existences !! C'était un bon motif pour les affronter, non ? Je pensais que oui car sans exorcistes, ou plutôt sans exorcistes combattants, le monde n'aurait aucune chance de survivre aux akumas. Quoiqu'il en soit, je pensais avoir raison sur ce que j'avais supposé, les symbiotiques avaient peu de chance de mourir de vieillesse à moins que l'innocence ne s'éveille vraiment très tard. Et oui, au fur et à mesure que je me posais des questions sur tout ce qui concernait les exorcistes et les akumas, je commençais à bien maîtriser le vocabulaire spécifique pour ces sujets que je trouvais particulièrement intéressants. Je m'intéressais à beaucoup de choses, c'était vrai, mais bon, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas posé autant de questions, je devais d'ailleurs avouer que je prenais un certain plaisir tandis que je méditais sur tout ce que j'avais appris ces dernières semaines. Jamais je n'aurais pu croire à ce que j'avais vu et vécu depuis la mort de ma femme, puisque tout avait commencé à ce moment-là, la disparition de mon fils, le retour de celle-ci, l'attaque, l'activation de mon innocence, ma première victoire. Puis, pause de 4ans et mon hôpital est attaqué, je réduis à néant la menace et obtient de nombreuses informations sur des vérités de ce monde que je n'aurais jamais soupçonné et maintenant, je parlais avec une maréchale de la Congrégation de l'Ombre, l'une des plus puissantes exorcistes actuelles !!

J'avais posé d'autres questions, un peu plus sérieuse cette fois-ci puisqu'elles concernaient le Comte Millénaire ainsi que la nouvelle force qui avait fait son apparition il y avait peu d'après Mrs Dienelt. D'ailleurs, le simple fait de prononcer son nom m'avait fait réagir de manière assez surprenante. Alors que j'étais du genre à garder mon calme en toutes circonstances, le simple fait de prononcer son nom m'avait mis hors de moi, bien que je fasse en sorte de me retenir de crier et de courir dans tous les sens en l'appelant pour qu'il daigne me faire face !! Mon corps s'était tendu et j'avais serré les poings, tremblant légèrement avant de finir par me calmer... La maréchale était peut-être habituée à ce genre de réactions de la part des exorcistes quand on parlait de cet être, moi, je n'en savais rien du tout en tout cas. Elle répondit à ma question, m'annonçant que ces êtres immortels et invincibles se nommaient des Noahs. Elle s'était retrouvée face à 3 d'entre eux et pourtant, elle était toujours en vie, étrange vu la manière dont elle en parlait, non ? De plus, deux maréchaux n'avaient pas réussi à en détruire un, puisque celui-ci s'était enfui, il était donc impensable de ne serait-ce que penser à en vaincre un, c'était ça ? Est-ce que c'était ça que je devais comprendre ? Pourtant, la fin de sa phrase me réconforta un peu. Elle avait dit que dans le cas où j'en rencontrerai un, j'étais quasi-certain d'y laisser ma vie. Elle n'avait pas dit que c'était sûr à 100%, j'avais donc une infime chance de m'en sortir face à l'un d'entre eux à condition d'en reconnaître un en en voyant un, mais aussi de progresser rapidement et efficacement pour accroître mes chances davantage !

"Hmm... Honnêtement, si ces Noahs étaient vraiment invincibles et immortels, celui qui vous a affronté vous et l'autre maréchal n'aurait pas cherché la fuite, puisqu'il n'aurait aucune raison de vous fuir. Il a donc eu peur de mourir ce qui signifie que les exorcistes, ou en tout cas les maréchaux, peuvent les détruire. Le tout maintenant, c'est de découvrir comment. Mais c'est déjà rassurant, non ? De savoir que leur invincibilité et leur immortalité ne sont que des rumeurs infondées... Chacun est doté d'un sentiment, hein...!?"

Il était clair que je réfléchissais sérieusement à tout ce qu'elle m'avait dit. Dans ma tête, les informations défilaient et je recherchais activement une solution au problème Noah, oubliant totalement le problème akuma pour le moment. Des êtres capables de quitter un combat après avoir laissé deux maréchaux en mauvais état derrière eux prouvaient qu'ils étaient de très loin supérieurs aux akumas. J'allais devoir faire d'énormes progrès si je ne voulais pas jouer le rôle de boulet parmi les autres exorcistes. Je me devais d'atteindre le niveau des maréchaux les plus expérimentés, ou alors les dépasser, ce qui serait bien mieux encore car comme ça, je n'aurais pas besoin d'allié pour faire face à l'un d'entre eux, je suffirais alors amplement pour le détruire !! Ces Noahs étaient peut-être plusieurs, il suffisait de les atteindre un par un pour vaincre, c'était le B-A-BA de la stratégie, non ? Pour les akumas, même si les attaques de zone fonctionnaient, j'étais du genre à penser qu'il n'y avait rien de mieux que les attaques directes sur une cible précise pour la détruire définitivement, alors que plus l'on en visait et plus l'on avait de chance de ne pas en avoir du tout car l'attaque ne serait pas assez concentrée pour les détruire. Enfin bref, la maréchale n'avait pas terminé de me répondre et d'ailleurs, elle commença à me faire un petit speech sur le fait que je ne devais pas jouer les héros sous prétexte que j'avais une dent contre le Comte Millénaire. D'après elle, je devais penser avant tout à ma famille et à ma discrétion tant que je n'aurais pas rejoint l'Ordre officiellement. Elle était bien plus sympa qu'avant, il fallait croire qu'elle m'avait pardonné le fait de l'avoir sous-estimée. Elle ne faisait pas l'éloge de la Congrégation et ne me demandait pas non plus de les rejoindre. Elle me mettait simplement en garde, car seul je n'avais aucune chance de survivre si je traquais le Comte. C'était un conseil que je suivrais à la lettre. Et puis, jusqu'à maintenant, j'avais toujours fait en sorte de ne pas me faire remarquer, il suffisait de continuer comme ça pour éviter que le Leader des Akumas et des Noah (s'ils travaillaient aussi pour le Comte) ne découvre mon existence.

"Très bien, je suivrais votre conseil et ferais profil bas tant que je n'aurais pas rejoins la Congrégation."

Swan s'était arrêtée. Pourtant nous n'avions pas encore atteint la ville et ce n'était pas à côté d'un arbre qu'elle trouverait de quoi se nourrir pour reprendre des forces. Elle déclara alors que le moment était venu de ramener une innocence au quartier général. Mais de quoi parlait-elle ? Les innocences n'étaient-elles pas censées se trouver dans le corps de quelqu'un ou à l'intérieur d'un objet comme elle me l'avait dit plus tôt ? Ou alors, elle avait l'intention de se trimballer l'arbre sur lequel elle venait de poser sa main... Vu son corps frêle, je doutais qu'elle puisse le porter jusqu'à sa base, et puis, côté discrétion, il y avait un énorme problème je trouvais !! J'attendis donc quelques secondes avant de faire un commentaire et je la vis alors mettre le feu à l'arbre à travers sa main, elle brûla l'arbre en entier et je pus alors apercevoir au coeur de celui-ci une chose assez étrange. Cette chose brillait, une sorte d'aura verte l'entourait et ma propre innocence réagit à la proximité de celle-ci. Je me demandais quand même ce qu'il se passerait une fois qu'elle aurait ramené l'innocence au QG de l'Ordre, comment réunissait-on un exorciste avec son innocence ? Pour moi, il était évident que cette innocence serait de type équipement, car sinon, elle serait déjà dans le corps de l'exorciste, non ? Je n'en savais trop rien, et pour le moment, ça ne m'intéressait pas trop. J'aurais tout le loisir de découvrir d'autres vérités par la suite. Swan m'annonça alors que c'était les innocences que recherchaient les akumas, ce qui expliquait qu'ils rasaient des villes entières sans aucune hésitation pour obtenir ce qu'ils désiraient. Enfin, en vérité, c'était le Comte Millénaire qui recherchait les innocences puisqu'il était le créateur des akumas, mais pourquoi ? En avait-il besoin ou les voulait-il pour une toute autre raison ?

Rangeant l'innocence dans sa poche, elle reprit la route et je la suivis comme d'habitude, j'étais bien moins fatigué que tout à l'heure, c'était clair et net, j'arrivais à marcher normalement, ma respiration avait retrouvé un rythme mesuré et je sentais que d'ici quelques minutes encore j'aurais totalement récupéré. C'était vraiment très étrange, j'avais l'impression que mon corps récupérait bien plus vite qu'avant, pourtant, je m'étais senti complètement vidé suite à ce dernier tir, et j'aurais pensé qu'une bonne nuit de sommeil aurait été nécessaire avant que je ne puisse considérer que j'étais en pleine forme... Quelque part, c'était vraiment une chance que je sois déjà dans un tel état, je me sentais bien et dans le cas où une nouvelle attaque surgirait maintenant, je serais presque prêt. J'avais comme l'impression que mon organisme était du genre à s'habituer très vite aux effets secondaires de mon innocence et donc lors de mon prochain affrontement avec des akumas, je pourrais combattre plus longtemps, en détruire bien plus et même tirer une flèche aussi puissante que ma dernière de la soirée sans pour autant finir tout de suite au tapis. En bref, j'étais vraiment en progrès constant. La marche ayant repris, j'attendis un moment avant de relancer la conversation, et la maréchale me devança donc en me demandant ce que m'avait fait le Comte. Sur le coup, je m'arrêtai net. J'ouvris de grands yeux, étonné de voir comment elle m'avait posé cette question... sur le ton de la conversation comme si elle m'avait simplement demandé ce que j'avais fait de ma journée... Pourtant, la seconde d'après, je retrouvai mon air impassible et repris la marche faisant comme si de rien n'était. J'allais lui répondre, mais ma réponse ne serait absolument pas détaillée. Elle avait beau vouloir tout savoir, je ne pourrais la satisfaire sur ce plan-là. Ce n'était pas dans mes habitudes de raconter ma vie, et j'évitais toujours de répondre à une question qui me rappelait "ces" souvenirs que j'avais du mal à oublier...

"Pour faire simple. Il s'est servi de mon fils pour ramener ma femme à la vie, mettant ainsi ma fille et ma ville entière en danger..."

Elle avait dû comprendre tout ce que ma phrase révélait implicitement. Le Comte s'était servi de mon fils, il l'avait donc sacrifié pour donner naissance à un akuma qui avait adopté l'apparence de mon ex-épouse. Ma fille et ma ville avait été en danger puisque cet akuma aurait pu détruire tout ce qu'il y avait sur son passage si je ne l'avais pas détruit. Je supposais que j'étais le seul exorciste de ma ville et par conséquent, à par moi, personne n'aurait pu l'arrêter à moins que ceux de la Congrégation n'aient été de passage à Bristol... Quoiqu'il en soit, j'estimais qu'avec ce que j'avais dit en une phrase, elle devait être au courant de toute l'histoire: j'avais perdu ma femme et mon fils, et là je vivais avec ma fille. Il n'y avait pas plus simple à comprendre quand on était exorciste, si ? Elle devait être habituée à ce genre d'histoire... C'était à la fois une bonne chose, car les exorcistes pouvaient mieux se comprendre, mais aussi très triste. Au bout d'un moment nous arrivâmes en ville, je recherchais alors un endroit à la fois tranquille et spacieux. Tranquille et spacieux afin qu'on puisse continuer notre conversation sans être dérangés ni écoutés par des oreilles indiscrètes. En plus, au vu de l'heure qu'il était, il ne devait plus y avoir beaucoup de monde encore éveillé. Je repérai une taverne et la montrai à la maréchale lui informant que la nourriture y était délicieuse et que si nous nous asseyions à l'écart, personne ne pourrait nous entendre ni nous déranger. Juste avant d'entrer dans la taverne, je demandais à Swan:

"Comment faites-vous pour désigner les maréchaux ? Je veux dire par là que je vois mal des exorcistes se battre entre eux pour savoir lequel est le meilleur... Et y a-t-il une raison pour que le Comte traque les innocences ? N'y a-t-il pas qu'aux exorcistes qu'elles servent ?"

Après avoir posé ses questions, j'ouvris la porte de la taverne et l'invitai à entrer comme le parfait gentleman que j'étais: "Après vous." J'entrai juste après elle.

*~ ¡Buen Provecho!~*

Ma question eu l’effet escompté… Pour sûr, le masque impassible que le médecin n’avait cessé de revêtir se fissura légèrement au moment où il se stoppa net. A cet instant précis, je ne pus m’empêcher de sourire légèrement alors que je lui tournais le dos. Pensait-il réellement que son petit excès de rage ne soit passé inaperçu ? M’arrêtant à mon tour afin qu’il puisse me rejoindre, j’attendis patiemment qu’il bouge… Ce que si fit assez rapidement à vrai dire. Quelques secondes après s’être figé, Roy reprit un air sérieux afin de me répondre tout en reprenant la marche.

Ainsi, sa femme et son fils avaient péri à cause du Comte… L’explication avait été courte mais au moins elle était claire. La haine que l’homme éprouvait envers l’infâme être difforme avait lieu d’être. Une haine que je ne connaissais pas d’ailleurs car aucun membre de ma famille avait subi les attaques des Akumas… Une faiblesse d’après certains dires… Perdre des êtres chers forge… Le peu de temps que j’avais passé en Asie m’en avait appris sur le sujet… Et encore… Je n’avais pas passé ma vie avec l’homme qui avait partagé mes jours et mes nuits durant mon périple… Mon état après sa mort n’était donc rien comparé à l’état dans lequel il avait dû être après avoir perdu les siens.

Silencieuse, je continuais d’avancer un air triste sur le visage… Une seule phrase avait suffi à me rendre nostalgique et je commençais à partager la peine de cet homme que je ne connaissais que depuis quelques heures. J’oubliais complètement ses questions concernant les Noah, leur invincibilité et leur sentiment… Je me laissais même guider tranquillement vers une taverne encore ouverte. Perdue dans les méandres de mon esprit déjà bien malade, je fus ramenée à la réalité par la voix de mon nouvel acolyte. Pour être curieux, il était curieux celui-là ! Jamais je n’avais vu un exorciste poser autant de questions en si peu de temps. Lâchant un sourire sincère à celui qui venait de faire preuve de galanterie, je pris doucement la direction d’une table à l’écart afin de ne pas satisfaire les avides de ragots. Les réponses que j’allais continuer de donner ne devaient être entendues que par une seule personne. D’un air fatigué mais quelque peu enjoué, je pris place sur une des chaises et attendis que mon compère fasse de même avant de commander quelque chose. Acte qui ne dura que quelques minutes. C’est donc en attendant le serveur que je répondis enfin à la fameuse question sur les Maréchaux.

« L’histoire concernant le Comte et ses desseins est assez complexe. Il faut juste savoir qu’il veut récupérer les innocences pour les détruire. »

Pour l’instant, il ne devait pas en savoir davantage. Il apprendrait toute la vérité lors de son entrée dans l’Ordre et je ne voulais pas qu’il sache de peur de me faire enguirlander par les hautes sphères pour ne pas l’avoir emmené de force lors de notre première rencontre. Ainsi, je pris soin de continuer sur ma lancée en changeant de sujet.

« Concernant les Maréchaux, ce n’est pas les exorcistes qui décident. Ce sont les hauts gradés et seulement lorsque c’est nécessaire. Ils ne choisissent pas n’importe qui… Du moins, je l’espère. »

Depuis ma promotion, je doutais fortement concernant mes capacités… Les autres étaient bien plus doués que moi et je venais de faire passer mon appréhension à travers mes mots. J’étais jeune, j’en avais conscience, et mon caractère n’avait rien de bon même si j’avais beaucoup changé depuis mon voyage… De plus, il y avait cette histoire avec Wanda… Sa mort m’avait hanté au point de faire naitre un désir de vengeance puissant et dévastateur. Un vrai défaut qui allait finir par me perdre si je venais à tomber sur son meurtrier.

Chassant alors mes idées noires ainsi que mes sentiments d’un revers de tête à la vue des victuailles qui nous attendaient, je fis un large sourire en laissant échapper un soupir de bonheur. Le fait de couper court à la conversation m’arrangeait énormément… Ce n’est donc qu’une fois seule avec le médecin que je pris un nouveau virage.

« Ne vous tracassez pas avec ces détails. Vous serez au courant en temps et en heure. Pour le moment, restez avec votre famille et conditionnez-vous en vous servant de notre chère discussion. »

Me rassasiant autant en boissons fraiches qu’en spécialités du pays, je sentais mes forces revenir peu à peu. Voilà un des rares moments que j’appréciais grandement en tant qu’exorciste… C’est peut-être pour cette raison que je tendis à nouveau une perche au fameux Roy tout en lui faisant part de mon futur départ.

« D’autres questions vous viennent à l’esprit ? Il se fait tard et je vais devoir vous laisser alors profitez-en. »

Niveau parlotte, j’avais eu ma dose pour les semaines à venir mais je me devais de satisfaire la curiosité d’une future recrue. Si cela impliquait de rester quelques minutes de plus attablé, alors j’allais devoir prendre sur moi afin de faire disparaitre cette asociabilité qui me rongeait depuis mon retour d’Asie.

Congélateur à Lunettes Age : 30 Messages : 54

J'avais ouvert la porte de la taverne que j'avais repéré et montré à Swan, et lui avait ensuite laissé le privilège d'entrer en premier sans avoir à tenir la porte. C'était une habitude chez moi, et ce, même avec les gentes dames que je n'appréciais pas. La galanterie m'avait été enseigné par ma mère bien entendu, pourtant, je ne m'étais jamais plaint, jugeant qu'il était tout à fait normal d'agir comme cela: c'était dans l'ordre des choses. M'entendant lui dire que j'entrai après elle, la maréchale pénétra à l'intérieur après m'avoir souri, signe qu'un peu de galanterie lui plaisait beaucoup, puis s'avança vers le fond, histoire de trouver une place d'où personne ne pourrait nous entendre discuter. J'imaginais aussi qu'elle ne voulait pas qu'on la voit manger comme une affamée après ce qu'elle m'avait dit sur les exorcistes ayant une innocence de type symbiotique. Avec toutes les flammes qu'elle avait créé pour détruire la majeure partie de cette horde d'akumas, je me demandais à quel point elle pouvait avoir faim... Pas suffisamment pour tomber dans les pommes, ni pour avoir l'air malade, mais j'attendais de la voir commander avant d'émettre un jugement. Qui pouvait savoir, si ça se trouvait, elle allait commander toutes les spécialités du restaurant et les avaler en un rien de temps !! En tant que médecin, je me demandais si j'arriverais à supporter un tel spectacle sans faire de commentaire sur les risques qu'il y aurait à manger trop et trop rapidement. J'espérais que je saurais m'en abstenir, car si on pouvait dire que la première impression avait de l'importance, la dernière était tout aussi importante d'après moi !

Une fois qu'elle eut pris place, je la rejoignis et m'installai face à elle - on aurait pu croire que ça ressemblait à un tête-à-tête si Swan avait été vêtue d'une longue robe ou de quelque chose dans ce goût-là - le serveur vint soudain à nous. Personnellement, je sentais qu'un simple repas me suffirait amplement, mais quand j'entendis la commande de la maréchale j'eus du mal à conserver mon air impassible. Elle n'allait quand même pas manger tout ce qu'elle venait de commander, si !!? Je n'arrivais pas à y croire. Mangeait-elle autant après chaque bataille ? Si c'était le cas, comment se faisait-il qu'elle soit aussi fine et légère !!? Son métabolisme était-il perturbé par la présence de son innocence ou était-ce simplement dû au fait qu'elle soit une exorciste ? Elle était la première que je rencontrais et donc, si ça se trouvait, tous les exorcistes étaient naturellement agiles et bien bâtis, et toutes les exorcistes étaient fines comme celle-ci. La nature avait-elle fait en sorte que les corps de chaque exorcistes soient taillés pour leurs futurs affrontements ? Si tel était le cas, alors ça relèverait de la magie pour moi, ou plutôt d'un acte divin purement et simplement. D'ailleurs, c'était sûrement le tout-puissant lui-même qui choisissait les élus, ceux qui avaient le droit à l'innocence, et ses choix étaient peut-être influencés par des critères physiques et mentales. Dans ce cas-là, si j'avais bien été choisi parce que j'étais l'une des personnes les plus à même d'utiliser ce pouvoir à bon escient, je me devais de m'acquitter de cette tâche avec brio. Je me devais de faire honneur à mon alliance pour plus d'une raison dorénavant.

Le serveur s'en alla avec nos commandes, se dirigeant vers les cuisines pour faire savoir au cuisinier ce que l'on désirait. Quant à moi, j'écoutais attentivement la réponse de Mrs Daviel à ma question sur le lien entre les innocences et le Comte Millénaire. Oui, je me demandais vraiment pourquoi il les voulait alors que je pensais qu'elle ne servait qu'aux exorcistes. Comptait-il créer des akumas à partir d'exorcistes et leur fournir des innocences pour faire face à ses ennemis avec les mêmes armes qu'eux: le feu par le feu en gros. Je trouvais ça un peu gros comme idée, mais bon, je n'avais jamais vu cet être, je ne savais ni à quoi il ressemblait ni ce qu'il voulait vraiment. Bref, je ne le connaissais pas. J'appris alors qu'il ne cherchait qu'à détruire les seules armes capables de détruire ses créations. Normal en même temps. Personne ne désirait voire ses efforts réduits à néant et donc je pouvais comprendre qu'il veuille se débarrasser de ses ennemis. Néanmoins, ses projets n'avaient rien de nobles et d'ailleurs, je commençais à me demander pourquoi il voulait mettre fin à l'humanité. La réponse à mon autre question arriva également. Il y avait donc toute une hiérarchie dans cette Congrégation de l'Ombre, des personnes plus importantes encore que les maréchaux et qui les élisaient eux-mêmes sur des critères bien précis. Quoi de plus normal, j'avais fait de même en choisissant le sous-directeur de mon hôpital, je ne le choisissais pas au hasard !

"Hmm. Il y a donc une certaine hiérarchie chez vous aussi. Je me demande à quoi peut bien ressembler la personne la plus haut-gradé, celle qui dirige le tout... Tout cela est vraiment très intéressant."

Je venais de redresser mes lunettes sur mon nez du bout de l'index, c'était vrai que ça commençait à beaucoup m'intéresser. Ma curiosité me donnait envie de faire une visite au quartier général de l'Ordre pour voir comment c'était et comment tout fonctionnait, mais je me doutais que ce n'était pas possible. Jamais on ne laisserait un exorciste libre visiter les lieux et obtenir toutes les informations qu'il désirait s'il ne les rejoignait pas aussitôt ! Les mets finirent par arriver ce qui stoppa notre conversation pour le moment, je me demandais d'ailleurs si on prendrait la peine de la reprendre par la suite. J'avais déjà posé un très grand nombre de questions et les réponses que j'avais obtenu m'avaient pleinement satisfait, je n'avais pas besoin d'en savoir plus pour le moment. Alors que je récupérais de mon combat en manger le plat que j'avais commandé, je prenais une grande décision. Elle m'avait dit de ne pas me poser plus de questions, mais aussi de me préparer en me servant de tout ce que j'avais appris dans cette soirée. Il était clair que j'allais rester avec ma famille, Mia plus précisément, le plus longtemps possible avant le grand jour. Mais quand celui-ci viendrait-il ? Je ne devais pas attendre trop longtemps tout comme je ne devais pas partir trop tôt.

Pesant le pour et le contre, je réfléchissais sérieusement tout en mâchant ma nourriture... Depuis quelques temps déjà, je travaillais de moins en moins et passais la majeure partie de mon temps libre avec ma fille, j'allais partout avec elle, ou plutôt, je l'emmenais partout avec moi, je répondais au moindre de ses caprices sans pour autant entamer mon amour propre: je ne lui courrais pas après en jouant les monstres par exemple. Dans le même temps, j'allais souvent chez mon père pour chasser avec lui à l'aide de mon traditionnel arc pour améliorer mes compétences d'exorciste. Ainsi, ce n'était pas parce que je profitais de mes derniers moments avec ma fille que je ne m'entrainais plus. Je faisais les deux à la fois, ce qui était très malin je trouvais. Néanmoins, ça ne pouvait plus durer, pour progresser sérieusement et me concentrer uniquement sur la voie d'exorciste qui m'était toute tracé, je devais prendre mes distances par rapport à elle. En m'éloignant, je pourrais devenir l'exorciste qu'il fallait que je devienne. Mais il fallait que je m'éloigne bien avant de rejoindre la Congrégation, parce qu'une fois que je serais là-bas je n'aurais sans doute plus le temps de faire ce que je voulais faire, c'était-à-dire, faire des progrès fulgurants en un minimum de temps !! Combien de temps me fallait-il donc pour ça ?

Je remarquai alors qu'on me parlait, j'écoutai ce qu'on me disait et repris ensuite ma réflexion sans répondre pour le moment, je ne fis que hocher la tête avant de me concentrer à nouveau sur mon repas. Bientôt, je trouvais le temps exact qu'il me fallait pour être prêt. Je levai donc mon regard et le plantai dans celui de Swan, avant de lui annoncer:

"Je n'ai plus de questions, mais j'ai une requête. Je me doute que vous ne pouvez me donner l'adresse de la Congrégation, pourriez-vous donc faire savoir à la Congrégation que je me trouverais au port de La Rochelle, en France, dans un peu plus de 3 mois à partir d'aujourd'hui. A ce moment-là, je serais prêt pour vous rejoindre. En attendant, je me préparerais sérieusement, vous verrez alors que je vous serais bien plus utile que maintenant."

J'avais ponctué cette phrase d'un regard des plus sérieux montrant à quel point j'étais déterminé. J'espérais qu'elle ferait passer mon message parce que sinon j'attendrais longtemps et pour rien du tout. C'était étrange comme requête mais bon, au moins, je promettais de les rejoindre dans peu de temps, tout comme j'affirmais que je serais bien plus expérimenté alors et donc plus à même de remplir la tâche que mon innocence m'incombait. Je me préparerais très sérieusement pour ce grand évènement, elle pouvait en être sûre. Comment ? J'avais quelques idées pour le moment, mais sans plus, j'y réfléchirais dans les jours qui viendraient, rien ne pressait aujourd'hui.

Je finis par terminer mon repas. Je me redressai donc sur ma chaise et observai la maréchale, je sentais que les "au revoir" n'allaient pas tarder. Je me levai donc et tendis ma main vers elle pour l'aider à se lever et pour la saluer en même temps, je déclarai alors:

"J'ai été ravi de faire votre connaissance Maréchale Swan. J'espère que nos chemins se croiseront de nouveau."

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