Willow Ainslean

Une rue à l'ambiance morbide... La pluie viens de cesser de tomber, et on peux voir des flaques d'eau croupie malgré la récente averse dans les creux des pavés inégaux de la rue. Sur les bords de la rue, les mendiants s'entassent, se couvrant comme ils peuvent de leurs haillons informes et tendant des tasses de étal rouillé à l'adresse des rares passants. Et la ou il n'y a pas de mendiants, ce sont les ordures qui s'entassent, exhalant des odeurs de pourriture et de maladie propre à incommoder sérieusement un nez un tant soit peu sensible. Au millieux de tout cela cheminent deux enfants, pas plus de 5 ans à première vue... L'une est blonde, l'autre brune, mais toutes deux ont les mêmes yeux turquoises. Cela doit faire un mois que leurs parents sont morts dans des circonstances pour le moins étranges. Un jour, elles étaient rentrés chez elles, enfin chez elle... Plutôt dans le bâtiment abandonné que leurs parents avaient décrétés leur logis, et n'avaient découverts que ruines fumantes et les vêtements de leurs parents, couverts d'une poussière étrange. Trop jeunes alors pour comprendre, elles pensèrent que leurs parents les avaient abandonnées, et riens ne venait les détromper, cela faisait en effet plusieurs mois qu'ils se plaignaient de deux bouches à nourrir inutiles... Les enfants, qui avaient passés les cinq premières années de leur vie dans la misère, se retrouvèrent soudain encore plus démunies. La blonde, c'est Rowane, première née des deux jumelles. D'un caractère plutôt sociable, elle savait récolter quelques pièces par de bonnes paroles aimables qui faisaient presque oublier qu'elle n'était vêtue que d'une chemise de nuit fine, d'un blanc sale. La brune, c'est Willow, et c'est à elle que nous allons nous intéresser tout particulièrement. Cadette des deux, elle s'est toujours montrée peu concernée par ce qui l'entourait, et même si elle n'a pas développé avec sa soeur un certain antagonisme, la blonde n'arrivait pas à comprendre la brune, aussi la communication se faisait-elle assez mal. Les voilà donc qui déambulent, se tenant la main car même si elles ne sont pas les plus proches du monde, chacune à compris qu'elles faisaient mieux de rester ensemble plutôt que de partir chacune de son côté, sous peine de mourir dans les prochains jours. Parfois, la blonde repérait une pièce qui avait échappée à l'attention des mendiants, mais jamais willow, qui se fichait comme d'une guigne de ce qu'elles pouvaient trouver par terre... Les deux enfants finirent par sortir des quartiers miteux et continuèrent à errer au hasard. Il fallait croire que la chance était avec eux, puisqu'une femme finit par les remarquer. Cette femme, c'était la gérante d'un orphelinat. Après avoir brièvement interrogés les deux enfants – enfin, surtout Rowane puisque Willow n'écoutait pas vraiment – elle finit par décréter qu'elles avaient tout leur place dans son établissement et elle les accueillit. Trois ans plus tard... Les deux enfants sont assise dans le réfectoire. L'une à côté de l'autre, Rowane veillait sur sa soeur puisque celle-ci ne semblait pas faire attention à ce qui l'entourait... Et de fait, la jeune enfant s'en désintéressait totalement, s'occupant plutôt de ses propres affaires et préférant jouer toute seule qu'avec les autres enfants... De l'indifférence. Déjà son trait de caractère principal, celui dont elle allait devenir l'incarnation. Le silence régnait dans cette pièce, pourtant remplie d'enfants. Chacun ici sortait de tant de circonstances difficiles qu'ils profitaient tous des repas qui leurs étaient offerts sans moufter. La gérante, qui s'appelait Mme Line, observait la scène avec un sourire. Contrairement à ce que l'on voie dans les livres, ou les orphelinats sont des enfers aux surveillants tortionnaires, celle femme-la avait choisit ce travail car elle souhaitait vraiment aider ces enfants; Elle-même ne pouvais pas en avoir, aussi avait-elle tout le temps de s'occuper de ceux qui n'avaient plus de parents... Un bruit se fit soudain entendre : la cloche, qui indiquait que l'orphelinat avait des visiteurs. Tous les enfants levèrent la tête pour voir de quoi il s'agissait, tous sauf Willow qui mangeait comme si de riens n'était. Mme Line alla ouvrir et fit entrer deux hommes à l'allure étrange. Ils portaient tout deux des manteaux noirs ornés d'un genre d'étoile étrange. Ils commencèrent à parler avec la gérante, et les enfants reprirent leur repas. L'un d'eux sortit alors de sa poche un objet étrange, couleur émeraude, émettant une faible lueur... Willow leva immédiatement la tête, animée d'une étrange gêne vis à vis de l'objet en question, ce qui surprit sa soeur. L'homme montra alors la blonde, et Mme Line l'appela. Willow regarda sa soeur approcher de l'objet qui la mettait étrangement mal à l'aise. Pour elle, il était clair que cet objet était dangereux, et voir ainsi sa soeur s'en approcher l'inquiétait. Pas qu'elle lui soit particulièrement attachée, après tout elle n'avait que faire de cette soeur dont elle ne comprenait même pas ce qu'elle veait faire dans sa vie... Mais Rowane était tout le temps derrière elle, et si jamais elle venait à avoir cet objet en sa possession Willow ne savait pas si elle parviendrait à se retenir de se débarrasser de l'objet... Finalement, Rowane revint les mains vide et se rassit aux côtés de sa soeur, la regardant d'un air grave. «Je vais partir...» Willow se contenta de la dévisager comme à son habitude de son air extrêmement neutre. «Ah...» Rowane renonça à essayer de comprendre sa soeur et s'en alla le lan-demain matin avec les deux visiteurs et un balluchon. Et Willow continua de grandir seul, de toute façon elle n'avait pas besoin de la compagnie des autres... Et après... Willow continua de grandir dans la plus grande indifférence, biens qu'en prenant de l'âge elle devint de plus en plus séduisante, malgré son manque de formes... Aussi si elle se fichait éperdument du monde qui l'entourait et ne suivait-elle ses études que pour ne pas mourir de faim par manque de travail, bientôt les hommes commencèrent à s'intéresser à elle. Cependant chaque tentative d'approche était vouée à l'échec, puisque la jeune fille ne daignait pas répondre à la moindre avance... Elle avait donc grandie, et ce joue la, alors qu'elle avait 16 ans, elle se réveilla le matin avec la vague impression que ce jour ne serait pas comme les autres... Elle commença sa journée à l'image de toutes les précédentes, se lavant brièvement en se levant, faisant distraitement son lit pour ne pas avoir à le faire le soir venu, puis elle descendit au réfectoire comme toujours. Le repas se passa dans l'habituel silence. En huit ans, personne n'avait voulu d'une enfant aussi exaspérante. Aussi la jeune fille était-elle restée tout le temps à l'orphelinat, devenant peu à peu comme la vraie fille de Mme Line, bien qu'elle-même ne se considère pas comme tel. Une fois son repas finit, la jeune fille sortit de l'orphelinat pour une promenade, histoire de tuer un peu son ennui... Sa promenade l'avait conduite dans les rues qu'elle parcourrait enfant avec sa soeur. A présent, elles avaient étés débarrassés des «squatters» et les maisons tombaient en décrépitude, du fait peut-être que plus aucun mendiant n'en soutenaient les murs en s'appuyant dessus, ou que les familles de nécessiteux ne pouvaient plus squatter les bâtisses sans se faire virer par les forces de l'ordre... Quoi qu'il en soit, la jeune fille n'avais pas mis les pieds dans cette partie de la ville depuis biens onze ans, et regarder les pavés de si haut aurait pu être déstabilisant... Si elle en avait eu quelque chose à faire. Mais non. Fidèle à elle-même, elle parcourait les rues comme si elle y venait tous les jours. Ses pieds chaussés foulaient le sol d'un as régulier, et les éternels flaques d'eau croupie éclaboussaient ses collants à chaque fois que son pieds les percutaient. Si quelqu'un avait regardé à cet instant, il aurait vu une jeune fille tout ce qu'il y a de plus banal... Si ce n'est que d'un coup, elle se plia en deux comme sous l'effet d'une grande douleur. Willow n'aime pas à se souvenir de son «éveil», son passage de la condition de simple être humain à celle de Noah. La souffrance luis prenait tout le corps, tellement intense qu'elle en avait le souffle coupé. Chaque centimètre de sa peau était un enfer de douleur, et bientôt la jeune fille se mit à hurler comme elle n'avais jamais crié. L'observateur hypothétiques dont nous parlions précédemment, s'il s'était approché, aurait vu apparaître sur le front en sueur de la jeune fille les stigmates des enfants de Noé, qu'il n'aurait bien-sûr pas identifiés comme tel. Et si, courageux, il était resté pour regarder la silhouette agonisante, il aurait vu la peau devenir aussi grise que de la cendre. Et pendant ce temps la, la jeune fille hurlait toujours toute la douleur du monde, à s'en arracher les cordes vocales et à s'en déboîter les mâchoires. La douleur finit par devenir tellement insupportable que son corps, criant grâce, l'avait fait sombrer dans un sommeil salvateur. Le début d'une nouvelle vie..? Des pavés inégaux... Le visage en partie immergé dans une flaque d'eau à l'odeur de pourriture si caractéristique... Tout cela apparut d'abord comme un rêve à Willow, qui émergeait lentement de ce qui lui semblait être un cauchemar. Cependant, sentir sous ses paumes la pierre et non le matelas lui assurèrent qu'il ne s'agissait nullement d'un rêve. Prenant appui sur ses bras encore tremblants, Willow se redressa péniblement, regardant autour d'elle, cherchant des repères. Ses vêtements étaient trempés d'eau croupie, et l'odeur agressait la jeune femme comme un poison. Cependant elle ne se relevait toujours pas. Petit à petit elle recommença à y voir clairement, tandis qu'une sombre silhouette se dessinait devant elle. «Bonsoir !» «...» La silhouette lui dit être le prince millénaire. Willow l'écouta d'une oreille, car elle s'en fichait totalement. Cependant cela l'aiderait peut-être à comprendre... Pour la première fois de sa vie peut-être elle s'intéressa un peu à quelque chose. Tandis que le «prince millénaire» lui expliquait ce qu'il se passait, la jeune fille examinait ses mains, qui avaient une drôle de couleur... Comme si elle s'était roulée dans l'âtre d'une cheminée. Pourtant sa peau était mouillée, et la couleur ne s'en allait pas. Bon, elle avait un nouveau grain de peau, ca changeait... 45 ans... La rue était sombre. Une rue quelconque, mais bien agitée ce soir-la... En effet, nimporte qui pouvais voir l'Akuma combattre l'exorciste. Une enorme machine face à un seul humain, dans tout ce qu'il avais de fragile... D'ailleurs, il y avait bel et bien un observateur. Enfin, une observatrice... Willow était perchée sur un toit, parfaitement droite, sa silhouette à peine visible dans la nuit sans lune. Elle observait le combat, non par réel intérêt mais juste parce-qu'elle n'avait riens d'autre à faire. Et puis après tout, le prince lui avait demander d'étudier les exorcistes, alors pourquoi pas celui-ci... Celui-ci, ou celle-ci. En effet, l'exorciste était une femme. De sa capuche dépassaient de longs cheveux blonds, mais riens d'autre n'était visible. Elle maniait son arme, une épée à deux mains, comme si elle ne faisait qu'un avec, et la jeune Noah se dit distraitement que ce devait être lourd... Bien-sur, elle-même n'aurait eu aucun mal à soulever l'arme, mais pour une humaine... L'Akuma finit par tomber sous les coups de l'exorciste, qui enleva sa capuche. Willow, sous son apparence naturel car elle ne voyais pas présentement l'intérêt de s'embêter à câcher ses stigmates, descendit de son toit d'un bond fluide pour faire face à l'exorciste. Quelque chose dans le regard turquoise de la femme, qui devait avoir un peu plus d'une quarantaine d'années, éveillait des échos de souvenirs dans son esprit, mais elle se contenta de hausser les épaules sans chercher plus loin. La blonde, par contre, regarda la Noah avec de grands yeux ébahis. Comme si elle la reconnaissait. «Mission du jour : étudier les exorcistes... Je crois que je n'ai plus riens à apprendre de toi...» Glissant sa main sous les pans de tissu, la Noah en sortit l'un de ses poignards, enroulant rapidement la lanière de cuir autour de son poignet avant d'approcher de la femme, qui hésitait visiblement à l'attaquer. Fatal erreur... De plus, Willow ne saisissait pas pourquoi elle ne l'avait pas directement attaqué en la voyant, après tout elles étaient ennemis... «Willow... Tu...» Cessant sa progression, la femme à la peau grise dévisagea la femme à la peau beige, l'air aussi neutre que celui qu'elle avait arboré toute sa vie, depuis sa naissance même... Puis elle se souvint ou ce visage la ramenait. De nombreuses années en arrière, dans un orphelinat... «Je vais partir...» avait-elle dit... Rowane. Cependant la jeune Noah se fichait même à l'époque de sa propre soeur, elle n'allait pas faire dans le sentimental... Continuant d'approcher de l'exorciste, elle lui prit la main dans un geste qui paraissait pourtant amical... Mais qui priva la blonde de tous ses repères. De tous ses sens. Raffermissant sa prise sur le poignard, Willow trancha proprement la trachée de sa soeur, la laissant s'écrouler au sol, morte. Puis elle fit demi-tour et s'en alla. Sans un remord, sans un regard en arrière La femme à la peau grise avance Totale indiférance pour le monde...