In Nigerrimus Dolor (PV Swan)

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Playing With Fire

The Mad Hunter

Main Theme -- Vampire the Mascarade : Bloodlines

L’homme avait été torturé jusqu’aux limites séparant les mots vie et mort. Les médecins de la division sanitaire de l’Ordre Noir lui administrait des doses massives d’anesthésiants et d’antidouleurs en espérant rendre son agonie plus supportable, mais eux-mêmes avaient dû se rendre à l’évidence : il était impossible de le sauver. Le fait qu’il ait réussi à rejoindre un endroit civilisé pour être rapatrié était déjà un miracle en soi… un miracle qu’il avait accompli par la seule force de sa volonté et de sa détermination à remplir son devoir. Et il avait réussi, en dépit de tout, à survivre assez longtemps pour transmettre le message qu’on lui avait confié. Il mourut deux jours après son retour, ses organes internes trop endommagés, en plus de n’être plus à leurs places, état compliqué par une infection grave dû à son ventre recousu à la hâte et en dépit du bon sens, notamment à l’aide de clous rouillés.

Si cette mort atroce fut un rude coup porté au moral des traqueurs, à peine remis du massacre australien, du point de vue de Central, ce n’était qu’un pion perdu sur l’échiquier qui opposait le Comte au Vatican. Et ce sacrifice n’aurait pas été vain : le message enregistré sur son golem était du genre important, et surtout… plutôt insolite.

Sur l’écran de diffusion, l’image d’un homme apparut. Entièrement vêtu de blanc, ses yeux dorés trahissaient sa condition : rien de moins qu’un Noah qui envoyait une macabre missive à ses ennemis. L’homme souleva son chapeau en guise de salutations, puis sa voix emplit la salle.

« Hello, gentlemen. J’ai un marché à vous proposer. Voyez-vous, vous ne vous étiez pas trompés, le château de Najac recèle effectivement une Innocence. Malheureusement pour vous, je suis arrivé sur place avant vos traqueurs. Mais rassurez-vous, l’Innocence n’est pas détruite… du moins, pas encore. C’est ici qu’arrive le marché : je veux un duel singulier contre votre maréchale, Swan Daviel. Juste nous deux. Le vainqueur décidera du sort réservé à l’Innocence. Si elle n’est pas seule, je détruirais le cristal avant de m’enfuir, bien entendu.
J’attendrais trois semaines. Si je n’ai pas de nouvelles d’ici là, adieu petit morceau de cube ! La balle est dans votre camp, messieurs. Faites votre choix, mais ne trainez pas trop. Je suis impatient de la combattre. »
L’image se brouilla, puis l’écran redevient noir. Le Secrétaire du Bureau Central se leva de son siège et apostropha le Grand Intendant, à l’autre bout de la table.

« Et bien, qu’attendez-vous ? Contactez-la au plus tôt ! »
Quittant la pièce les uns après les autres, tous se demandaient ce qui pouvait bien motiver un tel duel. Ce Noah était-il à ce point puissant qu’il pouvait se permettre de provoquer une Maréchale ? Ou bien n’était-ce que fanfaronnade, ou encore une manœuvre de désinformation ? Devant tant d’incertitudes, ce serait à Swan Daviel de prendre sa propre décision.

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Confortablement installé dans l’une des tours du château, Malkav se prélassait tout en scrutant l’horizon depuis l'une des meutrières. Un akuma s’approcha de lui sur un ordre gestuel.

« Toujours rien ? »
« Aucune trace d’exorcistes dans les parages, Noah-sama. »
Le Noah de la Démence se mordit la lèvre de frustration. L’attente devenait chaque jour moins supportable.

« J’espère que mon émissaire est parvenu à bon port. Je pensais ne l’avoir pas trop amoché, mais ces humains sont si fragiles… qui sait ? »
L’akuma resta silencieux. Son prédécesseur dans le rôle de second du Noah de la Démence ayant reçu un ordre d’autodestruction sans la moindre raison apparente, mieux ne valait pas tenter le diable avec un être aux réactions aussi imprévisibles. Malkav continua distraitement à arracher lentement les pattes du chat enchainé devant lui, rêvant à ce qu’il ferait à la petite disciple de Wanda Greenwood. Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres carmines. Leur combat n’était pas encore fini.

« N’attaquez pas la Maréchale. C’est ma proie, pas la vôtre. »
L’akuma acquiesça pour la énième fois de la journée. C’était au moins la vingt-septième fois qu’il recevait cet ordre. Une lame vint violemment se planter dans le crâne de l’animal agonisant, qui n’était plus assez distrayant aux yeux de Malkav depuis que ses cordes vocales avaient été sectionnées et que la blessure avait été cautérisée au fer rouge pour éviter une hémorragie qui aurait eu raison de lui trop tôt. La tour de torture sentait le sang, la peur et la chair grillée depuis plusieurs jours. Rien n’arrivait à distraire le Noah de son insatiable impatience plus de quelques heures. Il se tourna vers les trois enfants d’environ sept ans, un garçon et deux filles, attachés au mur par de lourdes chaînes d’acier, les bras levés bien au-dessus de la tête pour affaiblir leurs muscles et leur offrir un mal sourd et continu. Affamés depuis trois jours, ils étaient terrifiés par toutes les horreurs qui s’étaient déroulées sous leurs yeux (certains s’étaient même évanouis plusieurs fois, il avait fallu leur apposer une barre de fer chauffée à blanc sur le torse pour les réveiller), ils n’avaient même plus la force de trembler lorsque Malkav se retourna vers eux, un rictus mauvais au coin des lèvres et une lueur démente au fond de ses iris dorés.

« Alors les enfants, qui veut jouer avec Oncle Malkav en premier ? »

*~ The Beginning of The End~*

Le corps étendu sur le lit douillet de ma chambre, je contemplais le plafond de mes saphirs afin de faire le point sur le voyage que je venais de faire. L’Espagne… Quels souvenirs… D’une part j’avais fait la rencontre d’un homme qui allait rejoindre nos rangs un jour où l’autre, puis, j’avais réussi à ramener la fameuse innocence. Cela faisait du bien de se sentir utile… Mais d’un autre côté, je me sentais coupable… C’était étrange… A croire qu’en ramenant ce petit cube, j’avais condamné des enfants considérés comme des compatibles potentiels. Soupirant de désespoir, je fis un léger mouvement de la tête tout en fermant les yeux afin de chasser ces sombres idées. Rester inactive ne serait-ce que quelques jours me pesait… Non pas que je m’ennuyais, au contraire… C’est juste que je n’appréciais plus tellement cette ‘maison’ depuis mon retour d’Asie. Et seul le temps pouvait mettre un terme à ce mal-être…

Mais alors que je me commençai à me lever, décidée à prendre une bonne douche, un homme envoyé par le Grand Intendant pénétra dans ma chambre sans aucune retenue en baragouinant des mots dont je ne saisis pas le sens. Autant paniqué que pressé, il voulait que je me rende dans le bureau de son supérieur afin de parler d’un combat contre un Noah qui détenait une innocence. Convaincue qu’il n’avait strictement rien compris au message qu’on lui avait demandé de transmettre, je lui promis de venir dans les minutes qui suivaient… Ainsi, et après avoir pris mon temps, je pris la direction du 'bureau', mes cheveux d'un noir jet encore un peu humide. Le fait de les avoir assez courts me faisait gagner beaucoup de temps mais cela ne m'empêcha pas de débarquer presque une heure après avoir vu le messager.

Les sourcils froncés, le Grand Intendant ne savait pas par où commencer... Et bien que les mots furent difficiles à dire, je fus enfin mise au courant de la situation après quelques minutes de debriefing...

« Pa-pardon ? »

L’air effaré, je n’en revenais pas. Cette histoire de Noah et d’innocence était bien réelle… L’homme qui m’avait passée le message ne s’était pas trompé. Mais pourquoi un des alliés du Comte m’avait choisie moi ? Y avait-il un lien avec le psychopathe défiguré que j’avais affronté à Sydney ? Peut être que c’était lui finalement… En tout cas, si c’était le cas, le combat n’allait sûrement pas être le même. J’avais changé et je comptais bien le tuer une bonne fois pour toute. C’est donc déterminée et animée d’un courage sans faille que je fis route vers le point de rendez-vous. Cette fois, on m’avait imposée des traqueurs et j’en étais assez ravie… J’avais beau maitriser mon innocence à la perfection, je restais un être humain avec toutes ses faiblesses. Un peu d'aide était la bienvenue.

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Le voyage jusqu’en France ne dura que quelques jours… Le salopard avait posé des conditions et je ne tenais pas à voir un des pouvoirs divins détruit à cause d’un léger retard. Ainsi, je n’avais cessé d’avancer jour et nuit afin d’atteindre le célèbre Château de Najac… Une Forteresse impressionnante que j’aurais sûrement appréciée dans d’autres conditions d’ailleurs… Ainsi, le regard orienté vers la plus haute des tours, je me demandais comment tout cela allait finir… Mes yeux, bien que dotés d’un pouvoir immense, ne distinguaient rien qui pouvait m’aider… Personne ne se montrait… C’était effrayant. Et pourtant il fallait y aller… Avancer vers la faucheuse qui me tendait chaleureusement ses bras décharnés. C’est donc une fois que les traqueurs furent bien positionnés que je pris le sentier qui menait à l’entrée du lieu immense…

Plus le ciel s’assombrissait à cause du coucher de soleil et plus le silence qui régnait sur la campagne se faisait lourd… Le cœur battant à tout rompre, la respiration lente mais bruyante, j’avançais doucement mais sûrement… Je les sentais, les Akumas du Comte… Mais allaient-ils m’attaquer ? J’en doutais fort… Le combat ne concernait que moi et le Noah, personne d’autre ne devait s’en mêler au risque de finir brûlé. Cependant, je pris le soin d’activer mon innocence et de poser mon feu sur mes mains au cas où toute cette mise en scène s’avérait être un traquenard…

A présent dans l’enceinte du Château, je cherchai un indice concernant mon ennemi lorsqu’un des sbires du Comte vint à ma rencontre…

« La Maréchale ! Noah-sama ! Noah-sama ! »

Je ne pus rien faire… La créature m’avait vue puis elle était remontée par l’escalier qu’elle avait descendu… Jamais je n’avais vu cela dans ma vie… Comment pouvait-elle être aussi évoluée ? Il aurait été intéressant de la revoir à l’œuvre, mais ce n’était pas vraiment le moment. Bien décidée à mettre à terme à tout ceci très rapidement, je me mis alors à hurler avec force dans cette maudite cour.

« JE SUIS LA ALORS RAMÈNE TOI MAINTENANT !!!!!! »

Sans attendre une seconde de plus, je fis claquer mes doigts afin de faire voler mes flammes dans les airs. Si l’enflure qui avait osé me défier ne descendait pas, alors ce lieu historique ne serait plus. Les yeux rivés sur les escaliers qui menaient à une des tours, j’attendais de voir le visage de mon rival même si je pensais fortement me retrouver nez à nez avec le clown défiguré. Je ne pensais pas à me retrouver face à quelqu’un d’autre… Belle erreur n’est-ce pas ?

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« La Maréchale ! Noah-sama ! Noah-sama ! »
Malkav approchait une petite cuillère de l'œil du garçonnet quand ce cri retentit dans l'escalier de la tour. Il lâcha aussitôt l'ustensile qui résonna sur le sol de pierre, tournant le dos à sa victime et réajustant sa veste. L'akuma pénétrait à peine dans la salle de torture que Malkav lui intima l'ordre de surveiller les enfants sans leur faire plus de mal que ce qu'ils avaient déjà subit, sauf si la maréchale devait défier les règles du jeu que Malkav avait amoureusement préparé. Le cri de la jeune femme, lui intimant l'ordre de sortir de sa cachette, le convainquit qu'il était plus que temps de rejoindre son invitée. Il prit son chapeau, jusque là posé sur une table, le revêtit et descendit les marches qui menait à la cour.

Pendant un instant, la surprise se peignit sur les traits de Swan Daviel lorsqu'elle aperçut Malkav. Sans doute, pensa-t-il, avait-elle cru avoir affaire à Goro, son compère sadique. Mais non. C'était une tout autre affaire qui avait guidée ses pas jusqu'ici... mais elle s'en rendrait compte bien assez tôt. Profitant de ce léger moment de flottement, Malkav désamorça le combat qui aurait pu immédiatement éclater.

« Bienvenue, chère Maréchale. Je nous aurais volontiers servi une coupe de vin, mais vous auriez sans doute pensé que je cherchais à vous empoisonner. Dommage, n'est-ce pas ? Avant que notre duel ne commence, laissez-moi me présenter, puisque je sais qui vous êtes alors que la réciproque n'est pas vraie. »
Soulevant son chapeau, Malkav s'inclina légèrement devant elle, un sourire charmeur sur les lèvres.

« Mon nom est Malkav Ishari, pour vous servir. Vous n'avez rien à craindre de ces akumas, ils sont uniquement là pour m'assurer que vous allez respecter les règles du duel... Toutefois, avant d'en venir au fait, j'aimerais vous montrer l'Innocence qui nous vaut cette rencontre. Suivez-moi, je vous prie. »
Le Noah de la Démence guida son ennemie mortelle à travers les salles du château délabré, laissé à l'abandon peu après la Révolution. Enfin, il arrivèrent dans la salle du trône seigneurial, vaste pièce au murs en pierre de taille, alors qu'au centre se tenait un étrange édifice fait de cristal. Il était évident que c'était là l'œuvre de l'Innocence. La construction cristalline emplissait presque toute la salle, et devant les deux adversaires se trouvait deux portes.

« Nous y voilà. D'après moi, le noyau de cette Innocence se trouve à l'intérieur, mais même mes pouvoirs ne me permettent pas d'y accéder en détruisant l'enveloppe extérieure. Il faut donc obligatoirement rentrer. Là se trouve le hic : on ne peut y rentrer seul, et les akumas ou de simples humains ne peuvent le faire. Il faut sans doute être un Élu ou un Descendant de Noé pour pénétrer dans cet édifice.

J'aurais pu, bien entendu, faire appel à un autre Noah. Mais voyez-vous, Maréchale, j'ai le sens du jeu. Et c'était une occasion idéale, n'est-ce pas ? Voilà donc le principe de notre duel : nous allons chacun rentrer par une de ces portes, en même temps. Nous affronterons les épreuves qui nous attendent à l'intérieur, chacun de notre côté. Le premier à trouver l'Innocence gagnera la partie. C'est follement amusant, non ? »
Malkav eut un large rire, presque enfantin, mais assez dérangeant tout de même... rire qui se stoppa net, comme si l'on avait appuyé sur un interrupteur.

« Ah, je dois aussi vous prévenir qu'il y a une mise supplémentaire... Il y a dans cette tour où je me trouvais trois enfants qui sont retenus par mes akumas. Actuellement, ils me servent d'assurance que vous vous prêtiez bien au jeu. Si vous deviez refuser de pénétrer en même temps que moi dans ce cristal, ils seront tués. »
Le sourire de Malkav s'élargit, et la lueur de Démence qui étincelait dans ses yeux dorés se fit flamme.

« Voilà donc la mise : si je gagne, je détruis l'Innocence et je vous laisse repartir avec les enfants. Si vous l'emportez, et bien vous gardez l'Innocence et mes akumas les tueront. Le cristal divin a-t-il plus de valeur que des vies humaines ? Montrez-moi votre réponse à cette question, Maréchale Swan Daviel.

A moins que vous n'ayez des questions avant de commencer ? »

*~ Black or White, It's Time to Fight!~*

Les bras croisés, le regard débordant de haine, j’attendais avec impatience que le Noah pointe le bout de nez. Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis qu’un homme qui m’était inconnu descendait les marches afin de me rejoindre… Alors ce n’était pas le tueur de Sydney… Comment diable connaissait-il mon prénom alors ? La réponse allait sûrement venir bien vite et à mon grand désespoir… Mais avant de discuter avec l’être abject qui arborait un costume d’un blanc parfait, je me devais de l’écouter sans ciller. Ainsi, je dus admettre que sa courtoisie avait le dont de brouiller les pistes… Jamais un combattants du Comte n’avait montré ne serait-ce qu’une once de politesse pour l’instant… Le dénommé Malkav se présenta alors après avoir ôté le chapeau de sa tête… La bienveillance de ses mots sonnait faux… Je devais réellement me méfier de cet abomination qui ne vivait que pour tuer… Surtout qu’il avait parlé de règles concernant le duel, chose que je n’appréciais guère.

Décidant de le suivre afin de voir l’innocence tant convoitée, mes sens aiguisés tentaient de flairer le moindre piège… Cependant à ma grande surprise, il n’y en eut aucun… Le Noah m’avait même conduite jusqu’à la salle où dormait paisiblement le pouvoir divin. A la vue de l’immense édifice en cristal en plein centre de la salle du trône, je ne pus m’empêcher d’écarquiller les yeux de surprise. Mais alors que je commençai à me poser des questions sur la façon de récupérer le cube, mon ennemi me prit au dépourvu… Cela devait faire un moment qu’il se trouvait ici pour avoir toutes ces informations. Et c’était écœurant car cette enflure avait pensé à un jeu des plus étranges… Rentrer à deux pour voir qui gagnerait la partie. Simple tout ceci et pourtant je flairais le piège… Les yeux froncés, j’avais un mauvais pressentiment car tout cela me rappelait un rêve que j’avais fait avec un labyrinthe et quatre gamins qui devaient toucher un trophée truqué afin de remporter un tournoi de sorcier. Mais avant de pouvoir faire un commentaire désobligeant au Noah qui changeait de visage à mesure qu’il parlait, je fus à nouveau prise de court…

Finalement, j’avais eu raison de me méfier et je sentais la colère me faire trembler. Cette charogne misait des enfants ! Comment osait-il ! D’abord, il se permettait de me provoquer en duel et ensuite, il imposait ses règles ? Son rire malsain me donnait sérieusement envie de vomir mais je devais me contenir… Il était sûrement aussi dangereux que celui qui avait marqué mon esprit à jamais… Ainsi, toujours aussi attentive à tout ce qui pouvait se passer autour de moi, je fis un pas vers ce qui ressemblait à la folie à l’état pur tout en applaudissant.

« Bravo… Bravo… »

D’une voix glaciale, je félicitai le plan machiavélique de mon ennemi… En plus de connaitre mon nom, il me connaissait psychologiquement… De plus en plus effrayant… Cependant, ce n’était pas dans mes projets de le laisser dominer et je comptais bien ajouter mes conditions voire modifier les siennes. De ce fait, la douce haine que j’avais gardé pour moi s’échappa par le flot de paroles débité avec une voix des plus meurtrières.

« Tout d’abord, j’aimerais savoir d’où tu connais mon prénom… »

M’avançant un peu plus sans attendre la réponse, je ne pris aucune pincette pour cracher les mots que j’avais à dire.

« Et écoute moi bien espèce de taré, tes règles n’arrangent que toi et tu le sais très bien. Tu te permets déjà de faire des caprices pour un duel idiot alors ne vas pas trop loin. Si tu poses des conditions alors à moi de poser les miennes. Ces pauvres gosses n’ont rien à faire ici. Tu l’avais bien précisé, toi et moi uniquement. Alors c’est tout ou rien. »

Mon regard soutenait le sien qui était gorgé d’une folie déstabilisante… Je doutais fort qu’il accepte mais il était de mon devoir de tenter le tout pour le tout. De plus, rien ne m’assurait que ce malade les avait laissés en vie… Tendant alors une main vers l’édifice de cristal, j’invitai alors mon adversaire à commencer la partie.

«Alors ? »

J’étais sûre et certaine qu’il n’allait pas répondre à mon invitation de suite… Non, avant, il devait m’expliquer comment il connaissait mon nom et ce qu’il pensait de mon offre. S’il refusait catégoriquement, j’allais être obligé de foncer récupérer l’innocence et laissant les traqueurs agir avec les Akumas… La partie ne concernait que moi et le Noah.. Personne d’autre ne devait être mis en jeu. Pas avec cet homme qui respirait la... Démence.

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Perfect Trap

Malkav observa avec un frisson d'excitation la colère se peindre sur le visage de sa véritable victime. Le sang qui montait à ses joues, la lueur haineuse, qui n'arrivait pas à se dissimuler sous les flammes bleutées qui jaillissait de son oeil, la respiration qui s'était imperceptiblement accélérée, le sang qui pulsait plus ardemment à travers les veines plus visibles de ses poings crispés... tout cela enchantait le Noah, qui ne fut guère surpris de sentir un début d'érection poindre dans son bas-ventre. Le délicat cygne à la blancheur immaculée faisait le premier pas sur un chemin glissant, un de ces chemins dont on ne revient pas, qui allait le transformer en vilain petit canard. Ô Démence ! Que c'était émoustillant ! Le meilleur aphrodisiaque de ce côté de la galaxie...

Il savait qu'elle devait douter de ses paroles. Qui pouvait lui assurer, sinon lui, que les enfants étaient bel et bien vivants, à défaut d'être sains et sauf ? Qui pouvait lui garantir qu'il tiendrait parole au final en cas de défaite ? Personne. Et c'était bien dommage, car Malkav avait bien l'intention de respecter sa promesse. Mais il n'y avait hélas aucun moyen pour lui prouver sa bonne foi en la matière. Swan Daviel devrait faire sans.

Comme prévu, elle voulait savoir d'où il tenait son nom. Dire la vérité aurait été contreproductif, mais la réponse du Noah avait depuis longtemps été préparée. Il était effrayant qu'un esprit aussi irrationnel et dérangé que celui de Malkav fut pourtant capable d'établir des plans sur un aussi long terme avec une efficacité aussi redoutable. La jeune femme enchaîna avant qu'il puisse répondre à sa question, réclamant l'annulation de la dernière clause, en vertu du fait que ce duel ne devait impliquer que les deux ennemis.

La pauvre. Elle n'était sans doute pas assez naïve pour penser qu'elle était en position de dicter ses propres conditions, contrairement à l'avatar de la Démence. Elle devait bien être en mesure de se rendre compte qu'aucune porte de sortie n'existait. Mais cela, justement, déplaisait à Malkav. Pour détruire l'équilibre mental de la maréchale, qu'il sentait déjà bien précaire, il ne fallait pas lui imposer les conditions. Les dilemmes cornéliens devaient devenir siens. Les choix déchirants, elle devait les faire sans pouvoir se réfugier dans la consolation qu'il les lui avait imposés.
Et quand il s'agissait de réduire en poussière l'esprit de quelqu'un, nul ne surpassait Malkav Ishari.

« Je le reconnais, ces conditions n'arrangent que moi. Voyez-vous, être l'ennemi de l'humanité est chose très facile. Je n'ai personne à protéger. Ma seule fonction est de détruire, de tuer. Contrairement à vous. Ce que je crois et ce que je fais ne font qu'un. Alors que pour vous, vos idéaux doivent cohabiter avec votre devoir... et j'avoue m'être toujours demandé jusqu'où cette union pouvait aller. En d'autres termes, l'Innocence, ironie sémantique, vaut-elle qu'on lui sacrifie des innocents ?
Les exorcistes sont vraiment fascinants, n'est-ce pas ? Il est si difficile de les comprendre... »
Le ton sur lequel il avait débité cette petite tirade était le même que celui d'un physicien confronté à un problème complexe mais fascinant. Comme si Malkav avait un réel intérêt universitaire à comprendre les motivations de ses ennemis.

« Mais revenons-en à nos moutons. Je dois admettre que votre argument, concernant le fait que ce duel ne concerne que nous deux, est parfaitement valable et recevable. Cependant, cette considération doit aller dans les deux sens. J'ai ordonné à mes akumas de les protéger et de ne leur faire aucun mal. Il ne faut pas que la mise soit abimée, comprenez-vous ? Si je dois exclure ces bambins des termes de notre duel, cet ordre deviendrait par conséquent caduque. Et connaissant la nature de ces immondices mécaniques, je doute fortement de leur survie dans ces conditions. Êtes-vous vraiment résolue à les laisser en dehors de cette affaire ? »
Malkav ne souriait pas aussi largement, cette fois. Il n'arborait qu'un sourire poli et réservé. Il avait de lourdes présomptions sur la décision que Swan prendrait, mais il n'était pas du genre à vendre la peau de l'ours avant de l'avoir dépecé vivant. Si la jeune femme persistait dans cette voie, si elle se révélait ne pas avoir la même bonté que Wanda Greenwood, elle perdrait tout intérêt aux yeux du Noah. C'était un instant de quitte ou double, et sa décision aurait une grande influence sur la suite. Malkav continua de parler, jaugeant les réactions de son interlocutrice au fil des mots.

« Quand à votre prénom, eh bien... je ne pense pas vous surprendre en vous disant qu'aucun de vos maréchaux ne nous est inconnu. Kevin Yeegar, Alheïri Salem Fenyang, Nicholas D. Wolfwood, Camélia Feylina, et vous-même, Swan Daviel. Je ne vous connais que de réputation, notamment par l'un de mes frères de clan, que vous avez rencontré déjà par deux fois. Je crois d'ailleurs savoir qu'il a presque failli en finir avec vous à Sidney...

Non, en somme, la vraie question que vous vous posez n'est pas celle que vous avez prononcée. Ce n'est pas comment, mais pourquoi, n'est-ce pas ? Pourquoi vous et pas un autre ? »
Un petit rictus moqueur se dessina au coin de ses lèvres.

« Peut-être parce que vous êtes la moins forte des cinq et que je ne suis pas tout à fait suicidaire ? Peut-être parce qu'on juge une famille sur le cadet et non sur l'ainé ? A cause de votre indéniable beauté, peut-être, tout simplement ? En vérité, eh bien... c'est une surprise. »
Malkav tira alors une enveloppe cachetée de l'une des poches intérieure de son complet blanc. Il se rapprocha alors de la maréchale, dans l'intention évidente de lui remettre la lettre en main propre.

« La vérité se trouve dans cet écrin de papier et de cire. »
Et d'un geste désinvolte qui surprit Swan, il jeta l'enveloppe à travers la porte que celle-ci devrait emprunter.

« N'ayez crainte, ce qui ne possède pas d'âme semble pouvoir traverser sans la moindre difficulté, j'ai mené quelques essais en vous attendant. Vous découvrirez donc la vérité une fois que vous serez à l'intérieur... enfin, que nous y serons.

Alors ? » dit-il en parodiant le visage qu'elle lui avait montré plus tôt, lorsqu'elle avait prononcé ce même mot.

*~ Wanda...~*

Fou, cet homme était complètement fou. Son regard dément, son sourire béant, il me donnait aussi froid dans le dos que l’autre clown dégénéré. Quant à mes dires, il les balaya avec ses propres mots et avec une manière qui en disait long sur ses connaissances. Les exorcistes et leur fameux devoir… Les Noah et leurs irrésistibles envies de tuer… J’aurais du m’attendre à un plan du genre mais ma naïveté et mon envie de résoudre le problème assez vite avaient pris le dessus. Ainsi, je me retrouvais devant ce Malkav, les pensées se bousculant les unes au autres. L’innocence ou les enfants ? Il n’y avait pas à réfléchir même si mon côté exorciste me dictait de sauver l’innocence. Tant pis pour l’Ordre, je devais les sauver peu importe l’état dans lequel j’allais les retrouver. De plus, les arguments que mon ennemi me balança à la figure me firent revenir sur mes pas concernant la présence bambins dans l’enceinte du château. Finalement, il avait tout orchestré et je ne pouvais rien faire pour faire échouer ses plans. Du moins… Pour l’instant.

Serrant toujours les dents autant que les poings, je me forçais à écouter les paroles malfaisantes du Noah calmement. Cela ne servait à rien de déverser ma colère en hurlant même si l’envie était forte. Pourtant, lorsqu’il se mit à répondre à ma première question, la haine laissait peu à peu place à la perplexité… Le fait de connaitre les prénoms de mes collègues ne vinrent pas me rassurer car la question que je n’avais cessée de me poser me revint en tête… Mais lorsque cette fameuse question sortit de la bouche de la Démence, mon corps se paralysa. Si j’étais ici c’est qu’il y avait une raison car il n’avait pas choisi n’importe qui, il l'avait avoué. De plus, cela ne concernait nullement ma rencontre avec l’autre à Sydney…

Question de faiblesse ? Cela était fort possible… Les autres Maréchaux étaient plus puissants que moi… Moins depuis mon séjour en Asie mais je restais tout de même la plus jeune. Ma tête se balançant comme pour désapprouver ce qu’il avançait, je tentais de voir clair dans son jeu mais c’était impossible. A chaque fois il trouvait une nouvelle raison de ma présence ici… Il finit même par dire que tout cela était un secret qu'il avait décidé... Jusqu’au moment où il sortit une lettre de son magnifique costume. Il avança alors que la réponse à la fatidique question se trouvait à l’intérieur. Était-il sérieux ? Oh oui il l’était. D’ailleurs, il avait sûrement du attendre ce moment avec impatience… Son pan était parfait et pour le moment il se déroulait selon ses prévisions. Mais je pouvais le contrer… en refusant de regarder le contenu de la lettre. Cependant, l’envie de connaitre la vérité était forte, bien plus forte que l’envie de le tenir en échec.

Les yeux rivés sur l’enveloppe, on pouvait voir le désir illuminer chaque parcelle de mon visage. Mais alors que je me délectais de cette vision tentante, mon corps fut pris d’un soubresaut lorsque je vis le Noah jeter l’objet convoité dans un des couloirs de l’édifice de cristal. Mon regard, qui avait suivi avec entrain le ‘sacrilège’, se reposa alors sur l’homme non sans montrer une profonde haine. En plus de me forcer à rentrer à l’intérieur, cette enflure avait repris mon propre mot…

Fermant les yeux en soupirant longuement, je commençai à me mettre en condition… De toute façon, je ne comptais pas récupérer l’innocence alors j’allais bouleverser ses plans. C’est donc d’une voix assassine que je fis le point avant de commettre la plus énorme des bêtises.

« D’accord. Je vais rentrer. Mais je te laisse l’innocence. Prends la, gagne la partie, je m’en contrefiche. Je préfère sauver les gamins. »

A ces mots, je fis quelques pas afin de me retrouver face au couloir resplendissant du bâtiment. L’enveloppe était là, par terre… Abandonnée… Prenant une bouffée d’air en priant le Divin de me guider, mes pieds passèrent l’entrée afin de se ruer sur la lettre de la vérité. Je ne savais pas ce qu’avait fait le Noah et cela m’importait peu… Tout ce qui comptait était ce bout de papier que je saisis d’une main tremblante….

C’est donc le cœur battant à tout rompre que j'ouvris enfin l'objet… Le faisant alors basculer afin de faire glisser ce qu’il contenait, je ne pus m’empêcher de lever un sourcil pour traduire mon incompréhension. Que venait faire un bouton de manchette ici ? Prête à le mettre dans ma poche, je sentis ma gorge se serrer et ma respiration se couper lorsque mes yeux croisèrent les mots qui étaient graver dessus…

# Wanda Greenwood #

Mes yeux, plus qu’écarquillés, se remplissaient de larmes… Le corps secoué de tremblements, mes jambes lâchèrent sous mon poids me faisant tomber lourdement sur les genoux… Ma tête tournait, je me sentais mal, très mal… J’avais envie de hurler mais le choc ne me permettait pas de sortir de moindre son. Le visage crispé d’horreur, je continuais de contempler le bouton de mon défunt maître… Ce fou était son meurtrier… Son meurtrier… Son meurtrier... Son... Meurtrier...

Ayant épuisé tout l’air que mes poumons contenaient, je fus forcée de prendre difficilement ma respiration… Et lorsque cela fut fait, un hurlement de douleur résonna en écho dans les couloirs de cristal… Me laissant abattre, je glissai alors la face contre le sol en un sanglot, bien trop touchée pour me relever, serrant toujours le bouton dans ma main droite. Je ne pourrais dire combien de temps je suis restée là, dans cette position, à rien faire hormis pleurer telle une coquille sans âme… Aucune expression ne venait étirer mon faciès… J’étais comme morte… On m’avait piégée… Je ne pouvais plus sortir de cet endroit car une porte de glace s’était refermée sur moi. Le Noah allait s’enfuir avec l’innocence…

Mais alors que j’attendais patiemment que le décor change suite à l'obtention du pouvoir divin… Je vis une silhouette familière se dessiner sur le mur à l’effet miroir que je n'avais cessé de regarder sans trop y faire attention. Bougeant difficilement la tête, j’attendais de voir les traits de la personne en question… Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je compris qu’il s’agissait de Wanda. Me relevant alors comme si on m'avait à nouveau insufflé la vie, je me mis à suivre lentement mon maître qui semblait fuir quelque chose…

« Maître ! Que se passe t-il ??? »

Aucune réponse ne suivit ma question…. Pourtant j’étais sûre qu’elle se trouvait là… Derrière cette paroi… Peut être existait-il un moyen de lui rendre la vie…? Oui cela devait être ça… C’est pour cette raison que je devais continuer de la suivre… Mais aussi pour savoir ce qui lui faisait aussi peur.

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Shattered Memories

La colère, la résignation, la haine, la frustration face à sa propre impuissance, tous ces sentiments défilaient et se mélangeait sur le visage de Swan Daviel, à la grande satisfaction de son adversaire. Un frisson de plaisir parcourut d'ailleurs immédiatement le corps de celui-ci à l'écoute de la voix féminine, chargée de poison.

« D’accord. Je vais rentrer. Mais je te laisse l’innocence. Prends la, gagne la partie, je m’en contrefiche. Je préfère sauver les gamins. »
Malkav jubilait. Le poisson avait mordu à l'appât, il n'y avait plus qu'à le remonter tranquillement. Quand à cette décision de sauver les enfants en le laissant gagner... Malkav se demandait avec félicité si une telle résolution survivrait à la découverte du contenu de l'enveloppe. Mais il ne fallait pas aller trop vite en besogne. Il n'est guère judicieux d'avoir les yeux fixés sur la suite d'un plan plutôt que d'assurer la bonne marche de l'étape présente. Aussi, lorsque Swan Daviel marcha jusqu'à l'entrée de l'édifice de cristal, Malkav s'avança en même et ils passèrent les portes ensembles.

Une plaque de cristal tomba derrière lui, coupant sa retraite. Cela ne le fit pas sourciller, il n'avait pas l'intention de faire demi-tour. Il vérifia une dernière fois que son pistolet était bien chargé, et que ses lames de jet étaient bien accessibles. Puis il avança dans le couloir, intrigué. Après tout, il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il allait trouver dans ces corridors. Les murs presque transparents furent se remplirent progressivement de couleurs, et des formes indistinctes se faisaient petit à petit plus précises. Des personnes apparaissaient, se déplaçaient, sans qu'aucune explication rationnelle n'apparaisse pour expliquer le phénomène. Ce qui, en soi, était totalement indifférent pour le Noah de la Démence.
L'apparition du Comte Millénaire sur un des murs le troubla, pourtant.

« Prince ? »
L'homme au chapeau haut-de-forme disparut dans un brouillard, laissant de nouvelles interrogations à Malkav. Quel était le pouvoir de cette damnée Innocence ? Tournant au hasard des couloirs, il déboucha dans un cul-de-sac où il put contempler une étrange scène... Une fillette aux cheveux noirs se noyait. Malkav, fasciné de reconnaître Swan en version miniature, s'approcha du mur, de plus en plus. Tout cela était tellement réaliste qu'on aurait su dire si vraiment il y avait un mur. Levant la main, fasciné, Malkav toucha le cristal... et fut immédiatement happé de l'autre côté.

La première chose qu'il remarqua fut qu'il se trouvait dans l'eau mais qu'il respirait comme si de rien n'était. Pas de quoi abasourdir la Démence, mais tout de même... il fronça un sourcil. La petite fille tendait la main vers un être diaphane relié à un morceau de cristal... La chose aurait paru splendide aux yeux de quiconque n'était pas un Noah. Pour Malkav, c'était comme un blasphème, une abomination qui lui retournait les tripes. La voilà donc, l'Innocence qu'il était venu détruire ? Il nagea en direction du cristal, posa sa main dessus et libéra la puissance de la Matière Noire avec un sourire triomphant.

Rien. Strictement rien. Pourtant, ce n'était pas la première Innocence sur son tableau de chasse. Pourquoi ses pouvoirs ses révélaient donc inopérants ?

« Swan… »
Cette voix... Elle venait de l'entité féminine qui émanait du cristal.

« Safaia… Iauiad AideOa... »
Sur ces mots dont Malkav n'avait pas saisi le sens, le morceau du Cube s'échappa de ses mains et vint se plonger dans l'œil de la fillette. Des flammes bleutées en jaillirent aussitôt, dans un déluge d'énergie divine. Ce fut à ce moment que Malkav comprit. C'était un souvenir. Un des souvenirs de la Maréchale. Celui du moment où elle avait acquis son Innocence. Voilà pourquoi il avait été impuissant à détruire ce cristal... il ne pouvait influencer ce qui c'était déjà passé. Swan s'éleva alors hors des flots. Sans avertissement, Malkav se retrouva sur la berge, non loin d'un groupe d'akumas, à contempler cette déesse furieuse dans un corps d'enfant. Le feu purificateur s'abattit sur les machines du Comte, les réduisant en miettes...
Mais alors qu'on aurait pu croire que les interactions entre le spectateur et le souvenir étaient nulles, il n'en était rien. Car le feu bleuté s'empara aussi de Malkav. Et la douleur incendia chaque fibre de sa peau, le faisant hurler à la mort.

Il reprit conscience dans le couloir où il se trouvait avant d'être happé dans le souvenir. Le mur qu'il avait touché avait disparut, comme par enchantement, libérant un nouveau passage. Portant une main devant ses yeux, Malkav vit qu'il était brulé à un large degré, sa chair étant carbonisée. Il sentait la régénération accélérée du clan Noah à l'œuvre, mais il lui faudrait sans doute plusieurs semaines pour récupérer totalement de cette attaque. L'avatar de la Démence grimaça, puis, ignorant la douleur, se remit en route, résolu à ne plus toucher ces murs sauf s'il s'y trouvait obligé.

Une seule perspective venait éclairait toute cette histoire et contrebalancer sa blessure. Si ses épreuves consistait à traverser les souvenirs de Swan... elle aurait à traverser les siens. Il n'avait prévu que le bouton pour faire sombrer la maréchale, mais l'Innocence allait lui fournir un coup de main, finalement. Et quel coup de main ! Malgré ses lèvres brulées, un rire insane résonna dans les coursives cristallines.

*~ Off With Their Heads!~*

Je continuais de courir à en perdre haleine dans ce labyrinthe de cristal tout en suivant la silhouette de Wanda. Bien trop perturbée par le bouton de manchette ainsi que par les différentes images que les murs renfermaient, j’en oubliais le duel, l’innocence et les enfants. A présent, je n’avais plus qu’une seule chose en tête… Comprendre ces différents tableaux. Tout était mélangé et mon défunt maître semblait courir à travers le temps, changeant d’époque à chaque virage. Mes yeux encore bouffis et humides ne se détachaient pas de son visage crispé par une peur dont j’ignorais la provenance jusqu’au moment où je la vis disparaitre dans une foule. Par réflexe, je tendis alors une main vers le mur afin de le toucher… C’est alors qu’un étrange phénomène se produisit.

Une sensation de chaleur se propagea dans mes mains et dans tout mon corps… Puis… Je me sentis aspirer dans un flot de couleurs… J’avais beau hurler, d’activer mon innocence… Je ne pouvais strictement rien faire. C’est donc lorsque mes pieds touchèrent la terre ferme que je pris la peine d’ouvrir les yeux que j’avais fermés de peur… Le visage autant figé par la surprise que par la terreur, je n’arrivais pas à croire à ce qui se déroulait sous mes yeux… Tout d’abord, j’avais changé d’époque… Cela se voyait aux accoutrements des gens qui m’entouraient et qui ne semblaient pas me voir d’ailleurs… Tous étaient regroupés autour d’une estrade et chantonnaient de bon cœur une chanson qui ne m’était pas inconnue… D’un pas hésitant, j’avançai tout doucement vers la ‘scène’ en essayant de trouver Wanda… Mais rien, elle restait introuvable… Il ne devait donc n’y avoir aucun lien avec toute cette mascarade… Mais pourquoi diable je me trouvais ici ? J’avais juste touché le mur… L’innocence avait-elle le pouvoir de remonter le temps ? Non, c’était impossible puisque personne ne pouvait me voir…

Perplexe face à cette situation qui n’avait rien de banale, je pris la décision d’attendre patiemment… Je ne pouvais pas être coincée dans cette époque, il y avait bien une raison de ma venue sur cette place… Mais alors que mon regard balayait l’estrade sur laquelle était posée une guillotine, mon souffle se coupa net. L’homme, cet homme, ce Noah, ce Malkav, il se trouvait là ! C’était le bourreau ! M’élançant dans la foule afin de me rapprocher un peu plus, je tentais d’activer mon innocence mais rien ne se produisit ! A croire que je ne pouvais qu’observer et non agir ! C’était frustrant.

Cependant, cela ne m’empêcha pas de continuer d’avancer afin d’avoir une vue parfaite… Le Noah était jeune… Mais on pouvait lire la démence dans ses yeux… En même temps, être bourreau à cet âge signifiait la pure folie… L’homme avait toujours été atteint… De plus, il ne s’apprêtait pas à tuer n’importe qui… C’était sa mère… Sa mère qui le suppliait d’arrêter, sa mère qui lui demandait grâce, sa mère qui pleurait à toutes les larmes de son corps… Et lorsque je compris tout cela, je tendis une main vers la victime en hurlant mais il était trop tard… La lame lui avait tranché la tête… Un sourire dément sur les lèvres, le fils prit alors la partie qu’il avait tranchée afin de la montrer à la foule en délire. Tétanisé, horrifiée, la main devant ma bouche grande ouverte, je n’y croyais pas… Mais je n’eus pas le temps de reprendre mes esprits… Contre toute attente, je sentis à nouveau cette sensation de chaleur… Fermant les yeux, je fus une nouvelle fois aspirée afin d’être projeter dans le labyrinthe de cristal. Tombant lourdement sur le dos, je mis un moment avant de me remettre ce que je venais de voir.

La scène à laquelle j’avais assisté était sans doute issue du passé de mon adversaire… C’est donc ses souvenirs que contenaient les murs de mon côté… Est-ce que c’était la même chose pour lui ? Voyait-il mes souvenirs ?

Lâchant un soupir d’épuisement, je me demandais bien comment tout cela allait finir… Partiellement détruite à cause du bouton de manchette qui se trouvait caché dans mon uniforme, je doutais sortir en parfaite santé de ce piège bien orchestré. Sauf si bien sûr, je restais dans cette position jusqu’à la fin… C’était sans doute la meilleure solution… Mais lorsque je vis à nouveau le visage de Wanda, je fus hypnotisée… La suivre, il fallait que je la suive sans toucher les murs histoire de ne plus voir d’horreurs. Me levant lentement, je me mis à suivre cette femme rousse en faisant attention à ce qu’il se passait autour de moi… Les souvenirs continuaient de défiler sur les murs, suscitant ma curiosité… Des visages apparaissaient puis disparaissaient… Cela ne me disait rien de bon jusqu’au moment où je vis le Comte en personne… N’hésitant pas une seule seconde, je fis un mouvement rapide afin de toucher la paroi au bon moment… La sensation de chaleur envahissait encore une fois mon corps, mais je ne m’en voulais pas… Je voulais voir ce souvenir… Wanda pouvait bien attendre quelques minutes…

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Don't Promise Me Anything

Il n'était pas facile de résister à la tentation de toucher les murs et de voir l'intégralité des souvenirs de la Maréchale. Nombre de fois, Malkav ne s'était retenu d'entrer en contact avec le cristal qu'au dernier moment. Bien sûr, s'il avait pu tout contempler sans danger, la connaissance qu'il en aurait retiré lui aurait permis d'exploiter les plus petites failles de son adversaire. Mais d'une part, ces plongées dans le passé étaient loin d'être sans danger, comme sa récente et accidentelle tentative l'avait prouvé, et d'autre part, il n'avait aucun moyen de savoir si le temps passé dans les souvenirs était le parfait reflet du temps extérieur ou non. S'il visualisait tout cela en une seconde, même si cela paraissait durer des heures, ce n'était pas un problème... par contre, si une demi-heure de mémoire correspondait à une demi-heure effective (voire plus), il pouvait y perdre un temps précieux.

Car même si Swan avait clamé haut et fort qu'elle le laisserait gagner pour sauver les marmots... c'était avant qu'elle ne découvre la vérité. Le désir de vengeance l'aurait-elle fait changer d'avis ? C'était de l'ordre du possible, et il ne pouvait donc pas se payer le luxe de passer ces mémoires au peigne fin.
Oui, quoiqu'on puisse dire de Malkav, et Dieu sait qu'il y a matière à écrire pendant une vie entière, le Noah jouait vraiment le jeu. Il ne recherchait pas en particulier à gagner, pas plus qu'à perdre. Seule la réponse de Swan l'intéressait.

Le visage — enfin, si on pouvait encore appeler ça un visage — de Goro, secoué d'un rire sadique, apparut sur un mur, légèrement flouté, comme si l'image avait été perçue à travers des yeux embués de larmes... ce qui avait sans doute été le cas. Même sans pénétrer dans le souvenir en lui-même, Malkav pouvait sentir la haine que la jeune femme ressentait envers son frère de clan. Un rictus mauvais apparut sur le visage encore à moitié calciné de la Démence. Pas mal, Goro, pas mal... Mais Malkav allait voler la vedette.

Marchant au hasard des corridors, sans vraiment chercher la sortie, Malkav regardait les visages et les corps évanescents aux fugitives apparitions qui animaient les murs de leurs reflets éphémères. Selon toute probabilité, à force d'errer sans logique dans un labyrinthe, on finit immanquablement perdu. Par conséquent, pour le Noah, c'était le meilleur moyen de ne pas se perdre. Bonheur d'être improbable aux yeux mêmes de la nature...
C'est pour cela que lorsqu'il arriva dans un cul de sac, il ne s'affola pas. Son chemin passait par là, il en était sûr. Et quand le visage souriant de Wanda Greenwood se dessina derrière le verre, il n'hésita pas un moment et toucha le cristal.

Une chambre aux murs de pierre. Du mobilier luxueux, mais la façon dont la pièce est agencée et sa décoration tout simple font oublier ce détail. Wanda, assise sur le matelas, porte une chemise à manches courtes, si négligemment boutonnée qu'on aperçoit légèrement son corsage. A côté, sa veste de Maréchale gît nonchalamment sur les couvertures, comme un vieux manteau dont on s'est lassé au fil du temps. La peau au teint de pêche est couverte d'ecchymoses et de coupures, et le bras droit de cette femme est pris dans une attelle. Mais malgré tout, elle conserve un sourire profond et sans fard. Le sourire des personnes simples qui n'ont pas besoin de grands mots pour aimer. Et qui n'avait pas besoin de mots tout court pour rassurer et consoler cette gamine de huit ans qui sanglotait dans ses bras. Son sourire aurait suffit.
Et pourtant.

« Tu sais quoi, Swan ? Quand la guerre sera finie, qu'il n'y aura plus d'akumas, je t'emmènerai avec moi, loin d'ici, et on voyagera ensemble dans le monde entier, d'accord ? C'est une promesse. »
Son sourire aurait suffit à réconforter la gamine. Mais comme tous ces gens qui ont un cœur tout sucre tout miel, elle n'avait pas pu s'empêcher, juste pour voir un rayon de soleil se graver sur le visage enfantin, de faire une promesse complètement idiote. Une promesse qu'elle savait avoir peu de chances de tenir.
Alors qu'elle croyait donner une bénédiction à la fillette, une volonté d'avancer toutes deux ensembles à travers les épreuves... elle n'avait réussi qu'à la maudire.

Car ce qui aurait pu rester une promesse brisée par le destin, un souvenir qu'on chérit comme le baiser volé d'un amour disparu, désormais, ce ne pourrait plus rien être de cela.
C'était dès à présent une arme entre les doigts experts du Noah de la Démence, et Swan ne s'en souviendrait que comme un mensonge et comme un deuil. Malkav y veillerait, ainsi qu'il se le promit en reprenant conscience sur le sol du labyrinthe, entre deux hoquets de rire.

Spoiler:

*~ The End ?~*

La pénombre et le silence régnaient en maître dans le souvenir que j’avais effleuré du bout des doigts… Cela changeait considérablement de l’autre scène bruyante et animée à laquelle j’avais assisté quelques instants plus tôt. Quitte à choisir, je préférais voir du monde même si cela ne changeait rien car je n’étais que spectatrice… C’est donc l’estomac quelque peu noué que j’avançais dans ce qui semblait être une maison d’antan aux allures bourgeoises… Commençant à connaitre mon ennemi, je redoutais de le voir surgir de derrière d’un rideau afin de poignarder violemment un homme que je n’avais pas encore vu… Mais à mon grand étonnement, ce n’est pas sa présence désagréable qui me fit sursauter mais des hurlements de douleur qui venaient de l’étage. Tiraillée par la curiosité, je fis tout possible pour rejoindre l’endroit le plus intéressant…

La porte de la belle chambre était ouverte et plusieurs personnes se trouvaient à l’intérieur, dont l’homme qui se nommait Malkav… La scène était assez incompréhensible… Le bourreau saignait abondamment du front et cela le rendait fou… Ne préférant pas me tenir en plein milieu de toute cette mascarade, je pris le soin de me mettre dans un coin afin de pouvoir observer tout ce qui allait se passer devant mes yeux encore humides et bouffis. Sabre en main, le blessé menaçait férocement les deux docteurs qui voulaient l’examiner… C’est alors que tout alla très vite… Les médecins se jetèrent littéralement sur celui qui voulait souffrir seul… Grave erreur car l’un de deux se fit embrocher comme un vulgaire animal. Insensible à cette image d’horreur qui ne m’étonna pas le moins du monde, je continuais de regarder la scène non sans avoir le souffle coupé. Je m’attendais franchement à voir le deuxième homme en blouse mourir mais jamais je n’aurais imaginé une mort aussi écœurante. Avec seulement une paire de ciseaux et une statuette, le Noah avait réduit le corps de son ennemi en bouillie… A la vue du corps qui ne ressemblait plus à grand-chose, je dus détourner les yeux afin de ne pas vomir… C’était horrible, les odeurs émises par la faucheuse commençaient à emplir la pièce…

Mon regard se porta alors sur le protagoniste principal de ce souvenir apocalyptique… Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je vis qu’il avait littéralement changé durant son affrontement… Sa peau était d’une couleur sombre parfaite et ses yeux, d’un or royal… Il tremblait… De tous ses membres… Et c’est avec difficulté qu’il se traina près de sa salle de bain… Ne préférant pas le suivre, je fus alors surprise de voir que deux Akumas se trouvaient dans l’encadrement de la porte… Qu’allait-il se passer ?

Toujours dans mon coin comme figée d’horreur, je vis alors l’ennemi juré de la Congrégation… Ce grand bonhomme difforme appelé Comte Millénaire. De peur qu’il puisse me distinguer alors que c’était impossible, je n’osai plus respirer… Je le vis alors s’adresser à celui qui avait tué sans remords les deux médecins… Et deux mots me firent trembler… « Noah » et « Démence »… Tétanisée, perdue, je ne me rendis même pas compte du retour dans le labyrinthe de cristal… Allongée par terre pour la énième fois depuis mon entrée, mes yeux contemplaient le vide afin de faire le point…

Ce que je venais de voir était une transformation en Noah… Un moment horrible et douloureux que tous avaient du endurer afin de rejoindre celui qui s’octroyait le titre de « Prince »… Puis, dans un second temps, j’avais aussi appris que ce Malkav représentait le sentiment de la Démence… Une démence parfaitement dissimulée par des paroles bien tournées...

Me relevant lentement, je pris le soin de ne plus toucher aucun mur… L’estomac encore retourné par ce que je venais de voir, j’hésitais à rester sur place… Mais une chose, ou du moins, une personne, me fit oublier ma décision. En effet, Wanda était là, devant moi, derrière la paroi… Elle me regardait avec des yeux emplis de larmes… C’était déroutant, d’autant plus qu’elle me fixait réellement. Son âme se trouvait-elle prisonnière de cet endroit faussement féerique ? A ce moment, oui, je pensais réellement qu’il existait un moyen de la ramener. C’est pourquoi je la suivis dans les couloirs étroits sans vraiment penser à ce qui allait se passer… Je ne pouvais dire combien de temps il s’était écoulé depuis mon entrée dans ce piège… D’ailleurs, je me demandais si les enfants étaient toujours en vie et si les traqueurs se trouvaient toujours à l’extérieur à surveiller le moindre agissement suspect…

Ainsi, je suivis la silhouette de Wanda afin d’arriver au centre de l’édifice… Les yeux écarquillés, je contemplais l’innocence qui flottait au milieu d’une mare emplie de souvenirs. Les murs étaient différents tant ils contenaient d’images de souffrances et d’horreurs… La pièce était sombre d’un côté et très pure de l’autre à la fois… Un réel casse tête auquel je ne voulais trouver aucune solution… Pourtant, le fait de voir mon défunt maître hurler mon prénom me déstabilisa encore plus que je ne l’étais… A croire que tout allait mal finir… Cependant, je ne devais pas craquer… Ni sous la colère, ni sous la tristesse, ni sous une quelconque envie de vengeance… Tout cela n’était que des images, des souvenirs ou non qui allaient sans doute me mener à ma perte.

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Guidé par ses seules impulsions, errant aux gré des souvenirs qui défilaient devant lui, Malkav se dirigeait lentement mais surement vers le centre névralgique du labyrinthe. Des rires, des larmes, de la colère se déversait à flots continus de la mémoire de Swan Daviel. Elle avait un tempérament en parfaite adéquation avec son Innocence : enflammé. Un rien suffisait pour qu'elle s'embrase, et justement, le Noah était très bon quand il s'agissait de provoquer des petits riens qui faisaient mal. Il en venait presque à ressentir une sincère pitié envers elle, eut égard aux souffrances qu'elle venait de subir et à celles qui l'attendait encore entre ses mains. Et cette pitié de se muer en regret... Oui, parfaitement, il regrettait d'abîmer un être aussi délicat et aussi sensible. Mais ce remords et cette sympathie ne vinrent que renforcer, dans les secondes qui suivirent, la délectation qu'il éprouvait à cette même idée. Et puis de toute manière... le mal était déjà fait. Il avait lancé son plan comme on amorce une mèche, comme on lance des dès : une fois que cela avait commencé, plus moyen de l'arrêter. Ce dont il n'avait d'ailleurs aucunement l'intention.

Et après tout... les graines avaient été plantées bien avant la conception même de ce plan. Et elles ne faisaient que commençait à germer.

Au bout d'un temps qu'il ne pouvait déterminer, ce qui, soit dit en passant, était bien le dernier de ses soucis, il atteignit enfin le centre de l'architecture de cristal. L'endroit était proprement fantasmagorique. Alors que du coté où il se trouvait, des souvenirs somme toute banals s'étalaient avec leurs cortèges de joies et de peines, de sueur et d'amour, en face s'y opposait tristesse, folie, sang et mort. Une extrémité étaient le domaine de l'idéal et du rêve, l'autre le repaire de la cruauté et de la froide réalité du monde. Et au beau milieu de cet oxymore mnémonique, l'Innocence trônait comme l'Arbre de Sagesse dans le Jardin d'Eden. La grande question était de savoir qui allait croquer la pomme.

Car en effet, Malkav n'était pas arrivé le premier. Swan Daviel, les yeux ravagés par le sel des pleurs, le souffle haletant, les gestes bien moins assurés qu'à leur entrée dans le labyrinthe, avait atteint ce sanctuaire avant lui. La haine avec laquelle elle le perça de ses yeux bleus était littéralement palpable. Mais elle n'avait pas encore atteint le niveau requis pour la bonne continuation du plan. Etait-elle plus finalement plus stoïque que ce qu'il avait présumé, que ce que Goro avait rapporté ? Hum... Un accroc auquel il allait falloir remédier...
Mais avant toute chose, déterminer qui allait être le vainqueur de cette petite rencontre.

« Hé bien... Il semblerait que contrairement à ce que vous m'aviez proclamé plus tôt, vous avez remporté la partie. Vous pouvez donc repartir avec votre précieux fragment de cube... et moi je garde les enfants comme pâture pour mes sbires mécaniques. Bien joué, Maréchale. »
Malkav leva la main en l'air, très théâtralement, prêt à claquer des doigts pour un ordre invisible.

« Quoique. Aucun de nous deux n'a encore mis la main sur ce foutu cristal. Alors voici ma proposition... Vous m'apportez vous-même l'Innocence, en main propre, et j'oublie que vous êtes arrivée avant moi. Qu'en dites-vous, maréchale Swan Daviel ? »

Spoiler:

*~ "Disturbia"~*

Rester seule dans cette pièce centrale avait de quoi rendre fou n’importe qui. Mais je devais me contrôler afin de ne pas craquer à la vue de ces images assez significatives. Ainsi, je n’avais cessé de regarder l’innocence en me demandant quel serait le pouvoir qu’elle pouvait octroyer. Voir les souvenirs d’un ennemi était utile dans certaines circonstances… Cependant, il était impossible de détruire les machines du Comte avec un pouvoir aussi vague. Il devait y avoir une faille dans ce labyrinthe mortel… Une faille qui allait peut être me permettre de retourner la situation si mes yeux perçants venaient à la déceler. Peut-être que tout ceci n’était qu’illusion et qu’il suffisait de se concentrer un minimum afin d’échapper à la mort… Beaucoup d’exorcistes possédaient ce genre de dons destructeurs…

De ce fait, dans un dernier espoir, mes yeux se fermèrent durant un moment afin que mon esprit fasse le vide. Le bouton de manchette, le duel, les souvenirs, Wanda… Aucun d’eux ne devait me perturber si je désirais me sortir vivante de ce piège idiot. Toutefois, dès lors que je fus calmée, mes efforts furent réduits à néant en quelques secondes. En effet, au moment où mes yeux se rouvrirent afin de contempler le pouvoir divin, je vis l’être aussi abject que dément qui m’avait enfermée ici. Lentement, la colère commençait à me faire frissonner. Ce salaud avait tué mon maître. Il allait le payer cher. Mais je n’eus pas le temps de cracher mes mots visqueux à la figure de cette enflure… Car lui-même venait de le faire d’une façon calme et posée.

En étant arrivée la première, j’avais donc condamné les pauvres gamins ? C’était une blague ! Je n’avais pas touché à l’innocence ! Le fait d’avoir atteint la pièce centrale n’entrait pas en compte ! Je bouillonnais ! Oui ! Je bouillonnais d’une colère noire. J’avais envie de hurler qu’il m’avait dupée, qu’il allait souffrir, qu’il allait tout bonnement crever comme un vulgaire cafard sous mes flammes. Et ce sentiment horrible s’intensifia lorsqu’il leva la main vers le ciel. A ce moment précis, je voulus crier de toutes mes forces afin de l’arrêter… Mais le fourbe le fit lui-même. Quel acteur. Il me manipulait complètement et à chaque fois je tombais dans le piège. Mon visage cramoisi par la haine commença à redevenir on ne peut plus normal en dépit de la proposition qu’il me fit.

C’était à moi de récupérer l’innocence pour lui ? D’un air dégouté, je n’attendis pas une seconde avant de le faire profiter de mes pensées.

« Bien sûr, et après, tu vas tuer les gamins en disant que j’ai gagné ? Tu te fous d’moi c’est ça ? »

Certes, cela aurait été idiot de me piéger de la sorte… Surtout qu’après quelques secondes de réflexion, un détail me sauta aux yeux. Ce type était un Noah, ennemi du Divin, des exorcistes, mais aussi de l’innocence. Il devait être impossible pour lui de détacher le cristal de son socle. Seuls les élus devaient pouvoir le faire… Surtout pour celle-ci qui semblait puissante…

Voilà qui allait m’aider… La puissance. En prenant le pouvoir moi-même, j’avais la possibilité de m’en servir afin d’éradiquer à jamais l’homme qui se trouvait devant moi. Les bambins seraient saufs et tout finirait bien. Mon faciès tiré par la fatigue prit alors une toute nouvelle expression. J’étais sûre de mon coup et je ne me fis pas prier pour le faire remarquer.

« D’accord. Je prends cette foutue innocence. Je te la donne et tu dégages de là en laissant les gosses en vie. De toute façon, ce combat est loin d’être terminé et tu vas le payer très cher…. Oh oui… Très très cher. »

La main droite se referma sur le bouton de manchette qui m’avait fait pleurer durant de longues minutes. L’heure de la vengeance de Wanda avait sonné. Prenant une bouffée d’air, j’emboitai le pas afin de rejoindre le centre de toute cette mascarade à une vitesse folle. Je la voyais, l’innocence… Elle se rapprochait de plus en plus… Poussant ma concentration à l’extrême afin de pouvoir la manipuler à ma guise, je tendis mon bras gauche tout en fermant les yeux… Et voilà qu’à peine le cube dans le creux de ma main, je sentis cette sensation désagréable qui signifiait un retour dans le passé de mon adversaire.

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Un silence mortuaire régnait en maitre dans ce décor sombre et glauque que je n’arrivais pas à situer… Cela ne changeait pas des autres souvenirs que j’avais pu voir mais cela me faisait froid dans le dos… J’aurais aimé fuir cet endroit mais contrairement aux autres fragments de mémoire, je ne pouvais me déplacer librement. Ainsi, j’étais forcée de voir ce qui allait se passer… Même le fait de fermer les yeux ne pouvait me détacher. C’était donc l’ultime souvenir, la dernière étape obligatoire afin d’acquérir le pouvoir tant convoité. De ce fait, mon esprit se baladait, allait, venait afin de tomber sur l’acteur principal de cette scène… Pencher sur une personne que je connaissais bien, il jouait à lui infliger des horreurs alors qu’elle semblait… morte. Mon cœur se mit à battre violemment à la vue des blessures qui parsemaient le corps de mon maître. Je commençai à hurler, pleurer, sans arrêt, sans interruption… La torture venait de commencer et je ne pouvais en voir plus…

Mais impossible de fuir, impossible de jouer un rôle dans cette scène. De ce fait, mes sanglots ainsi que mes hurlements redoublèrent d’intensité… Ma voix se brisait, je voulais arrêter, partir, fuir… Le souffle me manquait. Je n’arrivais plus à respirer et cela ne s’arrangea pas lorsque le bourreau coupa les lèvres de la belle Maréchale en signe d’un autre être immonde que je connaissais bien. A cet instant, la haine aurait pu m’envahir… Mais je n’étais plus moi-même. Si tout cela continuait, j’allais finir par mourir d’horreur… Le corps secoué de tremblements, j’étais prises de nausées. Il fallait que tout s’arrête maintenant… Quel espoir de fou. Malkav Ishari devait être le pire de Noah… La fin de ce souvenir allait être des plus traumatisantes. Et pour l’être, elle le fut réellement. A l’instant où je le vis commettre le premier acte barbare, je ne pourrais dire ce qu’il s’est passé. C’en était fini de moi. De mes pensées, de mon esprit, de tout. Le deuxième et ultime acte barbare m’acheva alors, me réduisant à l’état de coquille vide tant la violence et l’horreur avaient dominé.

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Le labyrinthe de cristal s’estompe… Mon corps est au sol, mes yeux sont ouverts. Ma main droite renferme le bouton de manchette de Wanda et ma main gauche l’innocence… Je ne réagis plus... Des larmes coulent encore le long de mes joues mais je ne les sens pas… D’ailleurs, je ne sens plus rien, je n’entends plus rien, je ne vois plus rien. Toujours secouée par de légers tremblements, j’attends… Je n’y pense pas encore mais je sais que je ne serais plus la même. Une partie de moi est morte et je ne peux rien faire… La descente aux enfers a commencé.

Octopus King Age : 33 Messages : 14 Humeur : Démentielle

Falling Down The Pit Of Madness

Asylum Aria

Alice Madness Returns - Main Theme

« Bien sûr, et après, tu vas tuer les gamins en disant que j’ai gagné ? Tu te fous d’moi c’est ça ? »
Le mépris se peignit sur les lèvres et dans les iris étincelants du Noah de la Démence. Franchement... Elle avait eu l'occasion d'en apprendre tellement sur lui-même et sur un passé s'étendant sur presque un siècle, un passé dont même le Comte Millénaire ne connaissait que des fragments, et elle était toujours incapable de saisir, au pire dans les traits les plus grossiers, les détours de sa personnalité ? Certes, il était imprévisible et lunatique, mais sa parole était une chose que Malkav tenait. Du moins dans la plupart des cas.
Etait-il si difficile de comprendre qu'il ne pouvait la trahir s'il cherchait à saper toute trace de sanité de ce cerveau qu'il avait imaginé plus performant ? Diantre ! Une intelligence aussi élevée que la sienne était parfois un désavantage : on est trop souvent déçu de celle des autres.

« D’accord. Je prends cette foutue innocence. Je te la donne et tu dégages de là en laissant les gosses en vie. De toute façon, ce combat est loin d’être terminé et tu vas le payer très cher…. Oh oui… Très très cher. » »
Tiens donc ? Pensait-elle vraiment avoir élaboré un plan en quelques secondes d'improvisation, ou tout du moins un plan auquel il n'aurait pas pensé ? Croyait-elle qu'elle avait eu un quelconque choix ? Le coup qu'il allait porter à présent était le coup final, et contrairement à tout ce qu'elle pouvait s'imaginer, il n'avait nul besoin d'armes ou de pouvoirs pour l'asséner. En fait, il n'avait même pas besoin de faire quoique ce soit... Swan était l'instrument de sa propre destruction. Elle était tellement prévisible que même un novice en manipulation n'aurait rencontré aucune difficulté. Un parfait cas de manuel.

Elle était si impulsive que contrairement à lui, elle n'avait à coup sûr pas pris le temps d'analyser ce qui se déroulait autour d'elle. Les souvenirs s'étaient fait de plus en plus intenses au fur et à mesure de sa progression. Et l'Innocence ne resterait pas là à attendre qu'on la saisisse sans lâcher une dernière salve, plus fulgurante et plus dévastatrice que toutes celles qui avaient pu précéder. Si Swan sous-estimait le pouvoir d'un souvenir, ce n'était pas son cas. Et elle allait s'en mordre les doigts.

La jeune femme se précipita jusqu'au cristal, comme Malkav l'avait prévu. Elle le débarrasserait des dernières protections, et lui céder le cristal serait une humiliation que ce caractère enflammé n'oublierait pas de sitôt. Et si elle espérait le combattre, elle serait reçue avec les honneurs. Contrairement à ce qu'on aurait pu croire, malgré sa peau à moitié carbonisée, le Noah n'était pas le plus désavantagé. Un combat contre lui se déroulait d'abord sur le plan mental, et là, Swan partait déjà avec un lourd handicap. La détermination qui brillait dans les yeux de la maréchale, au moment où ses doigts se refermaient sur l'Innocence, rencontra le sourire goguenard de son ennemi.

Il y eut un flash lumineux, Swan se figea, les yeux fermés, pendant une seconde, avant de s'effondrer, anéantie. Le rire insane de Malkav commença de résonner à travers les coursives avant d'être soudain atténué alors que le labyrinthe entier se dissipait. Le Noah réajusta sa cravate, sortit une cigarette et l'alluma. En s'approchant de la forme humaine affalée au sol, son sourire s'agrandit. D'un coup de pied, il força la main de Swan à lâcher l'Innocence. Il se pencha sur le petit morceau de cube, retira son gant et commis le sacrilège irréparable... anéantissant toute trace de cristal divin grâce au pouvoir de la Matière Noire.

Puis il se tourna vers la jeune femme tout en rhabillant sa main.

« Il semble que j'ai gagné, Maréchale. Ne vous en faites pas, je tiendrai parole, vous partirez d'ici avec trois bambins bien vivants. »
Il s'agenouilla près d'elle, un sourire de délectation pure sur son visage.

« Il serait si facile de vous tuer à présent... Si facile de vous faire subir la même chose que ce que notre chère Wanda a enduré. Je pourrais forcer ma voie en vous sans résistance et renvoyer un pantin désarticulé au Vatican. Regarde-toi, Swan Daviel. Ton esprit est à deux doigts de la mort. Mais crever comme ça, ça serait trop simple. Crois-en mon expérience, tu survivras... mais tout juste. Je ne te laisserais pas mourir, Swan. Pas maintenant.

Tu sais qu'elle y a cru jusqu'au bout ? Elle pensait vraiment que je ne pouvais pas être un tel monstre, qu'il était possible de me ramener. Elle y croyait dur comme fer. Tu vois à quoi ça l'a menée ? Pire encore, à quoi ça t'a menée ? Il n'y aura jamais de voyage autour du monde, Swan. Si elle s'était battu à fond, elle aurait pu me tuer. Mais non, sa pitié, sa bonté ont trahi la promesse qu'elle t'avait faite. Elle a préféré tout faire pour convertir un monstre plutôt que de vouloir la réaliser. En un sens, elle m'a préféré à toi...
Tu comprends qui était ta mentor, maintenant ?

Pauvre Wanda... Je l'ai aimée à ma façon, moi aussi, tu sais ? Mais je suis un monstre, je ne sais pas exprimer mon amour autrement que par la folie. Et je t'aime aussi, Swan... J'aime son reflet en toi. J'aime cette bonté sans partage qu'elle t'a léguée avant de partir. Cette chose ignoble qu'elle portait en elle n'était pas son enfant, tu es son enfant, Swan. »
Doucement, Malkav retourna le corps inerte de la maréchale afin de pouvoir lire l'absence dans les yeux vides. Doucement, il posa ses lèvres pour un chaste baiser sur celles de la jeune femme en catalepsie.

« Tu es en état de choc, Swan. Tout ceci ne t'atteint pas, mais tout reste gravé dans ta mémoire. N'oublie pas mes mots, Swan. N'oublie pas mes mots quand tu pleureras, tard le soir, dans ta chambre, et que tu te souviendras de ce baiser volé. Souviens toi de ce que je te dis.

Haïs-moi, déteste-moi de toutes les forces de ton être si fragile. Et quand cette vie de souffrance te sera devenue trop insupportable, quand tu te rendras compte que tu n'es plus nulle part chez toi, que ceux que tu croyais être des amis te verront comme une pestiférée, alors tu viendras me trouver et nous ouvrirons l'acte final.

Tu peux tout oublier, Swan, mais n'oublie pas ceci. Quand tu souhaiteras rencontrer ta fin, viens à moi. Tu me trouveras à Londres, dans mon domaine, dans les seuls hôtels où je sois chez moi. Je t'y attendrai. Le jour venu, tu comprendras ces mots. »
De sa main gantée de velours, le Noah sécha les larmes qui tâchaient les joues de Swan Daviel.

« Garde tes pleurs, petite fille. Tu en auras besoin dans les jours qui viennent.
Au revoir. »
Sur ce, il s'en fut, ordonnant sitôt sorti des murs du château que les trois enfants, traumatisés à vie par les horreurs qu'il avaient contemplées et les sévices qu'ils avaient subis, soit placés aux côtés de la perdante du jour, sans faire de mal ni aux uns, ni à l'autre. Puis il s'adressa, depuis la plus haute des tours, aux traqueurs, leur criant que leur Maréchale était en vie et qu'il feraient mieux d'aller la secourir au plus tôt.
Ceci fait, il disparut avec son escorte d'akumas à travers une porte de l'Arche, un sourire satisfait sur le visage.

Il venait de remporter la première manche.

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