{- A New Start -} [PV: Alheïri S. Fenyang]

L’information avait été vérifiée et revérifiée maintes, et maintes fois. Le doute n’était plus du tout de mise. Quelqu’un massacrait joyeusement les akumas qui pullulaient les recoins de l’empire du milieu. Les traqueurs apportèrent un petit plus aux informations déjà acquises, et apparemment, il s’agissait d’une certaine sibylle. Sybille qui avait conquis le cœur de ceux qu’elle avait pu sauver de l’assaut du contingent diabolique du compte. Partout où les traqueurs passaient, on leur racontait la même chose. Sa bonté, sa beauté et ses pouvoirs, étaient sans égaux. En ces temps féodaux, la population chinoise n’avait jamais vu tel exorcisme. Dans la basse pègre, l’adulation était totale. Et, sans le vouloir, cette dite prophétesse se faisait une renommée à n’en point douter. Renommée qui avait tout de suite intéressé l’ensemble de la congrégation. Une telle altruiste certainement dotée d’une innocence, ne pouvait qu’être aux côtés des exorcistes. Cela va de soi. De plus, il lui fallait assurer sa protection, sa formation. Etre ignorant dans une guerre, ne pouvait entraîner que la mort, et quand bien même vous étiez de bonne volonté. En gros, toutes les excuses étaient bonnes pour avoir cette femme aux côtés du Vatican. Et bien sur, il fallait forcement une personne aguerrie dans le milieu pour perpétrer recherche et recrutement. Qui de mieux que ces nobles maréchaux dans cette quête harassante ? Bien évidemment, lesdits maréchaux étaient toujours en déplacement constant. Partout, il fallait prêcher la bonne nouvelle. Partout, il fallait sauver les brebis égarées. Une tâche bien ardue.

Cependant, il existait parmi les maréchaux, un homme qui constituait à lui seul, l’exception à la règle. Et, c’est cet homme là qui fut désigné comme étant le meilleur investigateur pour cette mission. Glandeur de son état devant l’éternel, il avait catégoriquement refusé au tout début de la demande de ses supérieurs, avant d’apprendre qu’il s’agissait « d’une » compatible. A ce moment précis, soit à la seconde qui suivit les mots convaincants, il avait déjà fini de préparer ses affaires, et demandait déjà avec lui, plusieurs traqueurs. Le mieux pour la retrouver, était d’effectuer des petits groupes. Leur dévolu était donc jeté sur une région fatidique, où on l’avait aperçu pour la dernière fois dans un quelconque village. Elle ne devait sans doute pas avoir dépassée les limites du territoire, et la louper de ce fait, devenait presqu’improbable. Supposition pourtant hâtive. Réalité complètement différente. Car, si le prince du Sahara avait été prompt à vouloir rencontrer la prêtresse dont on vantait la force et « la beauté », il s’était tué pendant un bon moment à la chercher. Et, la journée d’aujourd’hui n’avait malheureusement pas fait exception. C’est dès lors qu’il comprit la profusion d’akumas dans le pays. Le comte et ses sbires cherchaient à la tuer, avant qu’un exorciste ne la retrouve…

Debout devant une boule volante au faciès des plus hideux, un homme d’une forte carrure faisait nonchalamment tournoyer un trident entre les doigts de sa main droite. Il avait le regard pesant de lassitude et un brin d’herbe entre ses lèvres. Tout d’un coup il commença à bailler grossièrement, pendant que la boule hérissée de canons, en braquait une sur lui. Au moment même où elle voulut charger, l’homme reprit contenance, et lança le trident dorée vers elle. L’arme la transperça avec une facilité déconcertante, et une explosion se fit entendre. S’en suivit la transcendance vers le ciel, de l’âme en peine, en plus d’une poussière quasi-effective dans le coin. Salem venait tout juste de buter le dernier akuma qui lui faisait face. Quoiqu’avant leur arrivée dans les environs, ces monstres diaboliques avaient déjà fait un sale boulot. La ville dans laquelle il était, ressemblait plus à une médina qu’autre chose maintenant. Les nombreux traqueurs qui accompagnaient le maréchal, avaient réussis à déplacer la population locale vers un cours d’eau un peu plus loin. L’accalmie était palpable. Il n’y avait plus rien à signaler pour le moment.

Les déplacements des traqueurs se faisaient ici et là, dans la ville à moitié détruite. Si certains inspectaient minutieusement les dégâts causés dans l’agglomération, d’autres s’évertuaient à questionner la population à moitié terrorisée. Fallait les comprendre. Vivre cette expérience avait du être un enfer. Le temps que les choses s’arrangent, Salem, lui, s’était permit d’aller se prélasser près du cours d’eau. Bien qu’éloigné de la masse des réfugiés, le maréchal était couché sur son flanc, au bas d’un gigantesque chêne qui lui faisait une ombre assez notable. Il grignotait toujours son persil, ses yeux rivés vers l’eau. Alors qu’il rêvassait tranquillement dans son coin, en se demandant quand est-ce qu’enfin il allait rencontrer cette beauté, l’héritier des Fenyang eut l’ouïe d’une multitude de voix enfantines. De sa position sur une toute petite colline, il avait une vue panoramique sur presque tous les sinistrés. Entendre revivre les enfants, lui donnait baume au cœur. C’est alors que poussé par une inspiration soudaine, Salem redressa son torse, et déboutonna sa chemise d’exorciste-maréchal, ce qui donnait pleine vue sur son imposante poitrine velue. Alheïri récupéra sa flute d’une de ses poches, s’adossa au tronc de l’arbre qui le protégeait d’un soleil de plomb, et se mit à jouer d’un cantique, yeux fermés. Musicien aguerri, il espérait que sa mélodie religieuse atteigne le cœur tous ces endeuillés. Après tout, n’était ce pas un peu son rôle que d’apporter soulagement aux victimes du Comte ?

C’était d’une chiantise absolue. Parce que ouais, marcher n’était pas chose qui plaisait à Salem, alors qu’il s’était posé dans son coin, dans l’optique de se reposer. Pourquoi le Seigneur lui révélait sa présence maintenant ? Ne pouvait-il pas attendre, une heure ou deux, juste le temps d’un petit somme par la suite de son œuvre musicale ? Et puis zut. Qu’importe finalement. La finalité de sa mission devrait être pleinement complète. Plus vite elle s’achevait, mieux ce serait. Une situation qu’il désirait fortement pour pouvoir se reposer librement à la congrégation. Même s’il se doutait bien évidemment que l’éducation de la supposée exorciste allait s’en suivre. Là bas au moins, il y aurait hommes pour l’aider chaleureusement dans cette tâche, le temps qu’il se repose au moins pendant deux semaines. Pourtant, l’heure n’était malheureusement pas aux rêves. Plutôt aux espérances fortes et intenses. Intérieurement, et sur le moment de sa marche d’une lenteur digne d’un gastéropode, Salem priait subtilement, en récitant silencieusement certains versets hébraïques. Son cœur battait à la chamade. Il était un peu usé par tous les efforts fournis ces derniers temps. Loin d’arriver à la cheville de Nicholas, un de ses collègues du cercle fermé des maréchaux qui connaissait presque toute la sainte Bible par cœur ; le malabar psalmodiait l’essentiel conforme à la situation qu’il vivait. Soutien spirituel était de mise. Car seul, et quand bien même équipé d’une innocence, le prince du Sahara ne pouvait tout faire. Il s’agissait de confirmer cette croyance grandissante. Il s’agissait de convaincre une personne. Il s’agissait aussi d’initier et de guider cette personne. Encore fallait-il qu’elle soit la bonne et jusqu’ici, il n’y avait pas eut meilleure candidate que cette femme affublée d’un beau vêtement folklorique. L’air commença à souffler agréablement. Ses cheveux bruns s’ébouriffaient malencontreusement. Le trentenaire sentit un gros frisson lui parcourir l’échine. Ce jour serait peut être à marquer d’une pierre blanche. Mais entre temps, il lui fallait la rattraper. Et vite…

Si en l’espace d’un petit moment, ses prunelles de jade s’étaient perdues dans la contemplation d’un espace aussi désolé, que richissime en décors environnementaux, cela allait de soit qu’elles reviennent se planter rapidement sur la scène ludique que lui offraient les petits enfants. Pleins de vies, et mignons comme ce n’est pas possible, il se plaisait à les regarder. Rougissant soudainement comme une tomate par la suite, Salem remua sa tête dans tous les sens, en se surprenant de tomber dans une affection, a en faire rire plus d’un. Finalement, et d’un air maladroit, il porta une main à sa chevelure qui frisait le capharnaüm total. Et puis d’un seul coup, il s’arrêta. Le crépuscule faisait grossièrement son apparition. Tout compte fait, il n’aurait pas eu le loisir de se reposer. Il était dorénavant nécessaire d’assurer coute que coute la sécurisation du reste de la population locale. Car, il le savait, il le sentait cruellement. Ces machines démoniaques allaient revenir à la charge. En plus du temps qui se faisait lourd, annonçant l’arrivée d’une averse prochaine, ça promettait vraiment. Le tout était de se grouiller, mais pour ça, fallait-il encore qu’il se donne à fond. Salem vous avez dit ? Non non, laissez tomber. Un mec comme lui aimait prendre tout son temps, et quand bien même conscient d’un danger imminent. La paresse physique était tout aussi passible d’être considérée comme étant un péché au même titre que la paresse spirituelle. Un grand défaut à palier. Malheureusement, et quand le maréchal voulait y mettre du sien, ça partait toujours en cacahuètes. Au pressement d’un pas nouveau, l’herbe humidifiée ne lui fit point de cadeau. Les semelles de ses chaussures non adaptées à ce type de verdures, encore moins quand elles étaient humectées, précipitèrent un déséquilibre important. Aucun support notable n’était dans les parages pour rattraper l’erreur. C’était inévitable. Salem tomba. Comme un malheur ne venait jamais seul, il y avait aussi la pente qui s’avérait carrément descendante : La chute aux enfers…

C’est dans un grand cri, amalgame de détresse et de comédie, que Salem dévala la pente. S’il aurait rejoint le petit groupe en une bonne minute par une marche nonchalante, il le fit magistralement en quelques secondes par un roulement sur lui-même. La chevelure remplie de touffes d’herbes, et les yeux souffrant du tournis, l’héritier des Fenyang termina sa course folle à quelques mètres du groupe. La grande rigolade, je ne vous dit pas. Certains des enfants proches de la jeune femme, se ruaient sur son corps massif dans un fou rire, et s’amusaient par la suite à le tamponner gentiment. Tant bien que mal, Salem redressa son torse, et finit par s’asseoir en tailleur, sa veste légèrement enduite de gadoue, et ses cheveux un peu emmêlés à de l’herbe. Le tout donnait une image assez comique de sa personne. Sourire mi désolé, mi grossier, Alheïri se mit à caresser la tête d’un des petits qui le touchaient agréablement, et se mit à leur parler doucement, quoique sa maladresse était toujours autant vive…

• Moi fini par vous rattraper non ?

Débandade générale dans le lot des enfants, qui venaient tous à l’entourer, pendant qu’il était encore assis en tailleur, à même le sol. A croire que la langue maternelle du coin, devait être évidente à parler, pour ces petits chenapans. Durant leur évasion désopilante, Salem leva lentement la tête vers celle qui l’intéressait. Un sourire non pas malhabile, mais bel et bien gracieux et intéressé s’était formé sur ses lippes. Pendant un moment, le temps semblait figé sur eux deux seulement. Il n’y avait plus de bruissements aux alentours. Plus rien, si ce n’était les deux protagonistes. Les yeux du maréchal s’enquéraient de la beauté époustouflante de la jeune femme. Il aurait bien voulu continuer à jouer le pitre, mais le temps n’était peut être pas en sa faveur. Alors qu’il avait le sentiment qu’ils n’étaient que deux dans un endroit isolé, sentiment peut être partagé, Salem ouvrit lentement la bouche pour lui adresser paroles…

• « Femme... As-tu peur de moi… ? Bien que tu ne devrais pas… Je ne suis pas ici pour te faire du mal… Au contraire… »

A la suite de ses mots, une grosse bourrasque se fit sentir. Comme par enchantement, tout revient à la normale, et c’était sous un sourire comme à son habitude, que l’exorciste contemplait la jeune femme, parmi le groupe d’enfants qui tirait ses joues, ou le chatouillait. Il n’avait pas parlé chinois, oh que non. Mais si cette dernière était pourvue d’une innocence comme il le croyait, elle n’aurait certainement aucun mal à décoder ce qu’il avait soufflé silencieusement…

En l’espace de quelques secondes seulement, Salem put percevoir à travers les lignes, le sentiment d’inquiétude qui envahissait la jeune femme à qui il avait enfin adressé la parole. Il pensait se tromper. Il pensait revenir encore une fois à la case départ, malgré ses soupçons infondés, mais grâce au ciel, tel ne fut point le cas. Tout s’était passé trop vite, bien trop vite. Au point même où il ne savait pas s’il fallait crier ou pleurer de joie. Pour lui, et nonobstant sa carrure gargantuesque, c’était toujours un ère nouvelle lorsqu’il faisait la nouvelle rencontre d’un exorciste potentiel. Cette soirée ne faisait pas exception à la sensation éprouvée. Sa réponse était la confirmation de ce qu’il avait rapidement pensé sous une pression spirituelle assez mielleuse. Pourtant, l’homme ne put réprimer cette envie de rincer avidement ses belles mirettes, dans le décolleté plongeant de la bienveillante donzelle. L’image était un panachage de beauté et de pureté. Jamais, il n’avait vu tant de fermeté dans une poitrine délicieusement et délicatement enrobée. Ses masses de chairs avaient une teinte laiteuse, ainsi qu’une forme rebondie, coincés dans un linceul impeccable qui formait une partie de sa tenue. Une bouffé de chaleur vint à saisir le grand brun, qui commença à rougir sur le champ, complètement envouté par ce buste qui n’était ni minuscule, ni trop exubérant comme il les avaient vu dans des tenues affriolantes, que les filles de joie asiatiques adoraient arborer. Si son interlocutrice n’était point vulgaire, elle avait un charme certain, époustouflant, et complètement indéniable. Habituellement, Salem plongeait lubriquement sur les filles qui l’intéressaient. Il n’était point rare de voir qu’il avait ce qu’il voulait, même dans un élan parodique. Là, il était plutôt bluffé. Les manières et l'attention automatique de cette jeune fille, imposait en lui, ce respect de la vraie femme. Non pas cette bimbo qu’on pouvait croiser dans n’importe quel pays dans ces moments de révolutions industrielles. Ouaip, sur le coup… Il était comme tétanisé.

Sa mobilité revint très rapidement cependant, lorsqu’il suivit son geste de curiosité à l’égard de la croix de rosaire qui était accroché à son manteau de maréchal, preuve internationale qu’il était un exorciste. Il déglutit car il pouvait aisément comprendre l’impression qui l’avait animé auparavant. Comme une évidence et pourtant. Etait déjà tracée une providence solide. Celle de leur rencontre par exemple. Car, il n’arrivait toujours pas à croire qu’il avait enfin trouvé cette perle rare qu’il avait tant cherchée. Elle qui alliait, et grâce, et beauté, et force à n’en point douter. Véritablement, lui s’était attendu aux deux extrêmes. Soit, la mignonne petite fille qui aimait protéger ses pairs d’un assaut impensable, et ahurissant ; soit, la grosse cochonne bien en chairs, qui aimait se donner assez de mal, dans le but de se faire aduler par une population délaissée et perplexe. Se surprendre d’avoir en face de lui, un être qui aux premiers abords s’avérait être un ange, autant l’avouer, c’était véritablement chamboulant. Sa bouche, légèrement entrouverte, ne pouvait prononcer mot, tant il était toujours sous un choc indescriptible. Il restait comme ça, immobile, ébahi, tandis qu’elle aussi avait toujours gardée une certaine position, presque sur lui. Très franchement, il s’en languissait. Les senteurs fruitées qui émanaient de son être, obnubilaient totalement Salem. Si elle l’eît voulue en ce moment précis, elle aurait put faire du maréchal, son homme à tout faire. Non non, il n’était point comme ces hommes qui aimaient soumission, jusqu’au masochisme. Il aurait simplement été incapable de prononcer une simple phrase en totale contradiction avec n’importe laquelle de ses demandes. D’ailleurs, il sentait son souffle chaud sur une parcelle de peau de son visage. Souffle là même atténué d’intensité par la tiédeur effective de l’atmosphère courante et humide. Avec une certaine témérité, le trentenaire avait posé ses paumes sur chacune de ses hanches, et le beau tableau ressemblait très fortement à celui d’un couple épanoui. Il aurait pu rester comme ça pendant un moment, mais il eut malheureusement fallut que les enfants cassent cette ambiance sereine, et un brin spéciale…

• Tu comptes me protéger de ces sombres créatures… ?

C’est suite aux actions précédant le départ des enfants vers le camp improvisé de leurs parents, que Salem avait enfin élevé la voix. Sourire aux lèvres, il avait adopté un ton légèrement joueur, histoire de la taquiner. Il se doutait bien qu’elle savait quelque chose sur lui, à propos de ses potentialités. Il le sentait. Légèrement donc, il accepta la main gracile de sa belle, mais ne prit vraiment appui que sur sa main de libre qui tâtonnait la terre. Elle n’aurait pu apprécier toute son poids assez massif. Lentement, mais dans un effort notable, son corps se détacha du sol, et c’était de tout son long qu’il était debout, quelques secondes plus tard. Le maréchal dépassait la femme de deux ou trois têtes, et la regarda d’un air doux. Soudain, et sans avoir pour autant lâché la charmante jouvencelle, il se courba un peu, et lui appliqua un délicat baisemain. En se redressant, son sourire était toujours scotché à ses lèvres. L’héritier des Fenyang voulut oser une petite expression, mais se ravisa, en se perdant dans les derniers rayons de l’astre solaire descendant. Bientôt, la lune ferait son apparition, mais cette apparition marquait un peu l’ouverture d’autres hostilités. Un maréchal, et une exorciste. Des appâts bien alléchants vous ne trouvez pas ? Ses oreilles captèrent brusquement un bruissement mécanique assez lointain, mêlé à l’écho de plusieurs voix à la fois haineuses et agonisantes. Depuis le temps qu’il chassait de l’akuma, cela devenait une habitude que de les entendre arriver. Leur progression était lente, mais sure. Dans un quart d’heure, certaines armes du comte auraient atteints les lieux pour finir la sale besogne. Tseuh ! Ils se foutaient les doigts dans l’œil ceux là…

• Tu les entends tout comme moi non… ? Ils viennent par milliers… Non pas pour cette population, mais pour toi, et moi… Ne t’inquiète pas pour ces sinistrés. Mes pairs sauront bien les garder. Quand à nous, et si tu ne vois pas d‘inconvénients, j’aimerais qu’on parte à leur rencontre, histoire d’anticiper leur arrivée imminente… J’aimerais pendant le chemin, m’entretenir avec la prêtresse que tu es et dont on fait les éloges partout en Chine…

Salem avait ponctué sa dernière phrase. Une deuxième bourrasque vint faire voleter son manteau derrière son dos, et ce de manière charismatique. Son regard et son sourire n’étaient plus joyeux, plutôt intéressés. Et, c’est sur ces mots et mains en poches, qu’il emboita le pas vers la ville à moitié détruite. Le seul chemin pour arriver à la lisière de la forêt où se déroulerait le combat. Libre à la prêtresse de le suivre ou pas. De toute façon, elle était dorénavant l’une des leurs… L’arme du Seigneur Tout Puissant.

La réaction de « la deuxième elle » qu’il considérait comme la plus farouche, ne se fit point attendre alors qu’il s’était à peine posé sur le bois. Extrêmement furieuse, la prêtresse ne se fit pas du tout prier pour fulminer contre un Salem converti en bon maître-chanteur. Alors qu’il avait ses cols emprisonnés dans des poings improvisés, lui ne faisait que sourire comme pour la narguer et marquer le retournement de situation en sa faveur. Elle aurait le temps de comprendre. Non pas celle qui semblait vouloir le fustiger. Mais plutôt l’authentique elle qui représentait la douceur incarné. Bizarrement, elle ne lui manquait pas. Sans doute parce qu’elle était trop pur pour son être débauché. Il était surtout obnubilé par ce caractère nouveau, fougueux, qui lui donnait un air affreusement sexy et qu’il aurait croqué sans vergognes si les créatures monstrueuses du comte ne s’aventuraient pas vers eux. Il eut été un brin étonné par le mal qui l’avait soudainement parcouru pendant ses médisances. Un rappel à l’ordre de l’autre elle ? Probable. De toute façon, il aurait le temps de les connaitre tranquillement. Cela lui faisait aussi pensé qu’il ne connaissait aucun nom de cette femme qu’il avait tant cherché. Leur posture dans le même temps n’était pas des plus propices au loisir de la connaissance. Sans le savoir, cette jeune femme malgré sa violence, lui gratifiait de sa bonne odeur et de sa présence contre lui ; ce qui bien évidemment lui faisait tourner délicieusement la tête, d’autant plus que sa beauté n’en finissait pas de l’étonner. Alors qu’elle lui chuchotait des menaces une fois son malaise passée –Ce qui d’ailleurs confirmait son raisonnement précédent selon lequel, la vraie elle la remettait à sa place vu son abandon pour les expéditions solitaires- Salem n’avait pensé qu’à la bécoter fiévreusement...

Bien trop rapide pour l’homme qui ne faisait que bêtement fantasmer, la jeune femme reprit rapidement position en rééditant son geste de procuration d’une arme quelconque. Salem, toujours assis et quelques peu dans les vapes, avait néanmoins suivit la scène. Il venait à déduire après deuxième vision de la même scène, qu’elle était une symbiotique d’où ses possibilités actuelles. Ce dont il n’était pas encore sur, c’était l’organe dans lequel l’innocence avait pu se loger. Il était clair qu’il s’agissait de sa tête. Mais après, il n’était point scientifique pour déduire qu’il s’agissait du cerveau. Ca avait beau être évident, mais il ne voulait encore s’avancer dans une analyse profonde sachant pertinemment que l’important n’était pas là. On s’occuperait de ce détail plus tard. D’un mouvement las qui trahissait son entrain à aller se farcir quelques montres, le maréchal empoigna la hampe de son arme, et fit trainer les dents sur le sol qui se mirent à tracer des courbes sur le sable. Grossièrement, il émit un gros bâillement avant de porter enfin un regard larmoyant vers la scène qui présentait un amas d’akumas haut dans le ciel. Un sourire tranquille se dessina sur son faciès qui resplendit dans les ténèbres environnantes. Il faisait nuit. Le malabar pour sa part, n’aimait pas tellement ça. Pourtant, le ralliement de la chinoise aux forces qui constituait le bastion pour lequel il bossait, l’enchantait clairement. Une force de plus pour la lutte contre les forces du mal. Et non des plus anodines. Quand Alh’ pensait au fait que son harem de belles femmes s’agrandissait, l’africain ne put que sourire grossièrement à plusieurs canons qui se dirigeaient vers lui, avec une lenteur calculée. Maintenant positionné aux côtés de sa compagne d’infortune dont il ne connaissait pas encore le nom, l’exorciste fit tournoyer son arme dans ses doigts, et l’introduisit de manière véhémente dans le sol…

• Holy Light…

Comme à l’accoutumée, l’une de ses attaques les plus sommaires. Si la terre qu’ils foulaient trembla légèrement, il eut plusieurs rayons lumineux qui surgissent rapidement de la terre, avant d’offrir un spectacle de carnage aux deux… euh non… Trois protagonistes. Comme des feux d’artifices, les akumas explosèrent rapidement en répandant par la même occasion de gerbes lumineuses autour de la scène ce qui donnait un peu l’air d’avoir des lucioles propagées un peu partout dans la nouvelle poussière effective. Souriant face à un spectacle autant destructeur que beau, Salem posa l’une de ses mains sur l’épaule de ses deux compagnes, et éleva sa voix calme parmi tous ces bruits de pétarades de sortes à ce qu’elle l’entende. Il profita alors du moment de répit que leur offrait la troisième ligne d’antagonistes alors qu’elle semblait encore lointaine, pour lui briefer sur certaines choses. Notamment, ce qu’étaient les akumas, comment se créaient-ils, qui les avaient conçus et qui était celui qu’on communément le comte millénaire. Avec une conviction emplie dans le timbre de sa voix devenue rêveuse, le maréchal enchaina alors sur ce qu’était la congrégation de l’ombre, ainsi que les différents rôles des exorcistes…

• … Et voilà comment je suis arrivé ici, pour vous cherchez, toi et l’autre. Maintenant que vous m’avez écoutée et que vous savez l’essentiel, le choix est votre. Oubliez mes précédentes paroles… J’allais forcement vous aider d’un moment à l’autre. D’ailleurs, il est temps d’en finir avec les akumas. Plus la nuit avance et plus ils auront de l’avantage.

Son sourire se faisait gros. Sa part était achevée. Le maréchal avait recruté comme il le pouvait, n’étant pas du genre à forcer une telle personne à le suivre, comme le ferait les hautes instances. Elle était une élue. Une élue du Seigneur qui avait son indépendance comme tout le monde. Il ne tenait maintenant qu’à elle de le suivre. Alh’ lui avait aussi précisé que les akumas ne se contentaient pas seulement que de la Chine. Partout ailleurs, on avait besoin d’eux, d’elle. Le grand brun avait joué son ultime joker, amalgame de ses paroles franches et de sa puissance destructrice. C’est dès lors qu’il reprit son trident et l’agença sur l’une de ses épaules en s’avançant vers l’une des dernière lignes que le prince des noah avaient dépêchés contre eux. Cette petite bataille avait des senteurs nouvelles. Celles d’une victoire assurée. Celle d’une ère changeante…

• Ressemblerais-je à un aliéné, un prisonnier ?

Avait-il dit avec un sourire franc était sincère. Statique auparavant, il avait du tourner sa face vers la silhouette de sa voisine, pour lui faire part de ses pensées les plus immédiates, après sa désorientation ponctuée par des balbutiements dans sa dernière phrase. Légèrement souriant, le grand brun croisa ses bras sur son torse, avant de plonger délicatement son doux regard dans celui d’une femme à priori apeurée. Et il y avait de quoi. Il n’avait pas eut d’autres solutions que de lui vomir tout ceci, de sorte à pouvoir attirer son attention sur un sujet délicat. De quoi l’intéresser en somme. De plus, il ne s’agissait pas de n’importe quoi, puisqu’il y allait de son avenir et de celui du monde. S’il n’avait agit de cette manière, peut être bien qu’elle se serait enfuie, juste après les combats, après avoir été sure que cette population ne craindrait plus grand-chose. Intérieurement, il se consolait véritablement. Son but n’aura pas été de chambouler cette femme, non. Mais il aurait du s’y attendre, comme d’habitude et comme tous les exorcistes qu’il avait réussit à recruter brillamment. Un soupir vint à s’échapper de ses lèvres… Comment lui dire… Dans le même temps… N’était-ce pas évident ? Apparemment non. C’était un peu difficile. Pour sa deuxième elle sans aucun doute. Dire que lui avait tout de suite été charmé par la vie d’exorciste. A chacun ses réactions. Et puis le maréchal avait vu pire aussi… Entre les enfants compatibles qui pleuraient pendant tout le chemin du retour, ou des adultes qui pour ne pas le suivre, lui avaient flanqués des coups qu’il encaissait sans rien dire tout en ne renonçant pas à leur poursuite ; Salem pouvait réellement s’estimer heureux de voir que la chinoise, elle, s’avérait être compréhensive et un tantinet intéressée par les détails qu’il pourrait lui fournir, là, maintenant…

• Et bien heu… Par ou commencer correctement… ?

Complètement dans les vapes, Salem commença à caresser son semblant de barbe en levant les yeux vers la voute céleste. Il se faisait maintenant tard là. Combien de temps s’était-il passé pendant leurs combats respectifs ? Le protagoniste n’en savait trop rien. Nettement, il discernait toujours les points lumineux que son innocence avait produits, semblables à de petites étoiles qu’on croirait rapprochées de la terre. Un sourire s’en suivit alors. C’est en observant minutieusement mère nature que Salem comprenait à présent ce dont la jeune femme à la délicatesse inébranlable voulait faire allusion. Si ce n’était que ça et si bien évidemment ses pensées concordaient avec les siennes, elle n’avait pas à craindre grand-chose. On ne dirait pas comme ça, mais la congrégation de l’ombre en elle-même, n’était en aucun cas une geôle. Elle avait certes des restrictions, une hiérarchie sensiblement militaire, mais en aucun cas, l’on imposait telle ou telle chose à quiconque tant que les boulots étaient effectués avec le plus grand professionnalisme. Professionnalisme… C’est vite dit mais cela montrait parfaitement ce à quoi il cogitait depuis. Ce raisonnement était quelque peu contradictoires avec ses pensées d’avant-combat, mais en y réfléchissant véritablement, les traitements entre les exorcistes compréhensifs et ceux qui voulaient forcement fuir en conservant égoïstement leurs pouvoirs n’étaient certainement pas les mêmes. Ainsi, pour illustrer ses anciennes paroles, Salem sortit de sa poche la plus sure, un cristal divin qui étincelait joliment dans le creux de sa main. Il la plaça bien en évidence pour que la jeune femme puisse la voir clairement, et recommença cette fois ci depuis le début. La création du cube, le déluge terrestre qui dura trois jours, les desseins du comte –Le mode de fabrication des akumas- et ceux de la congrégation. Une répétition claire et minutieuse de leur fonctionnement, de la relation maréchal-exorciste ainsi que de l’existence d’une certaine famille qu’on appelait communément les Noah. Tout y passait. Pendant une bonne trentaine de minutes, avant qu’il aboutisse à…

•… Pour ta question enfin… Je ne pense pas qu’une personne te dira de ne pas aller te promener, ou te rendre dans un pays que tu veux visiter, du moment que tu fais bien ton boulot t’sais… Et même si tu le faisais mal, on te gronderait seulement comme une mère avec son enfant, avant de te faire comprendre que si la destruction des akumas est l’une de tes responsabilités, les recherches d’innocences et de compatibles comme nous sont assez prioritaires. La congrégation, c’est comme une seconde famille. Des gens d’origines autres que la tienne travaillent pour elle et sont dans le même cas que toi… Des épaules… Il est certain que tu n’en manqueras pas.

Souriant chaleureusement après ses dires mielleux, Salem se leva et s’étira grandement, exprimant sa petite fatigue. Son sourire lui, traduisait le sentiment du devoir accompli, puisqu’ils n’allaient pas revenir de sitôt dans ces régions ces fichus akumas. D’un geste précis, le malabar balança l’innocence dans sa poche et la referma d’un coup sec, avant de s’avancer vers la jeune femme de sorte à lui faire face. D’une attention délicate, il se pencha vers elle baiser son front, puis la souleva d’un tour de force dans ses bras. Lui tirant gaiement la langue, le grand brun la conserva alors dans ses bras vigoureux et se mit dès lors à s’enfoncer dans les décombres de la ville. Son intention était toute simple. Rejoindre de cette manière le camp qu’avaient formé les sinistrés de sortes à voir si tout allait bien. Vu l’absence de tintamarres, il ne doutait pas une seconde. En cas de situations extrêmes, il y avait aussi les traqueurs qui l’avaient aidé depuis avec des talismans potables. Et puis ce n’était comme s’ils avaient laissés des créatures leur échapper…

• Je te donne une semaine de réflexion… Je profiterais de ce temps pour sensibiliser ces personnes sur les procédés du comte… D’ici là, je ne te gênerais point soit en sur… Mademoiselle souhaiterait-elle continuer l’avancée à pieds ou dans mes bras sinon ?

Un petit ajout pour la forme, un sourire… Le débarquement vers le cœur de la ville qui offrait une certaine vue vers le cours d’eau agrémentés de petits camps de feu… Ils étaient saufs… Pour le plus grand soulagement du maréchal qui semblait-il, gagnait peut être des points à l’égard de la jeune femme…